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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

Black Panther est le 18ème long métrage de l'écurie Marvel, et s'il n'est pas le plus attendu, il est loin d'être le plus inintéressant.

 

Il est le premier à proposer comme personnage principal un héros de couleur. Il montre des femmes fortes. Il se déroule dans un pays où l'on pourrait avoir envie de vivre. Il pose, en creux, beaucoup de questions sur le patriotisme, l'accueil des réfugiés et l'ingérence. Il parle de communautarisme sans en faire. C'est un film avec comme (super-)héros un adulte, le premier depuis Ant-Man. Il est bien joué et pas trop mal réalisé. Voilà, pêle-mêle, certains de ses atouts. Je vous ai donné envie d'en savoir plus ? Alors allons-y pour les développements.

L'intrigue principale commence peu de temps après celle de Captain America: Civil War. T'challa, prince du Wakanda, rentre au pays après la mort de son père au cours d'un attentat à Vienne. Il doit devenir roi de son pays, mais auparavant affronter au cours d'une cérémonie rituelle, celles et ceux que les différentes tribus composant son pays ont décidé de présenter contre lui. Un seul se présente, et T'challa, momentanément privé de ses pouvoirs, sort vainqueur. Mais bientôt un nouveau gros problème se pose face à lui : un criminel, Ulysses Klaue, réussit à dérober un artefact wakandien dans un musée et s'apprête à le vendre au plus offrant, dans un casino en Corée du Sud. T'Challa, qui possède de super-pouvoirs grâce notamment à une combinaison qui le change en Panthère noire, décide d'aller sur place, accompagné de sa générale Okoye et de son ex-petite amie Nakia, sous la supervision de sa petite sœur Shuri, scientifique qui travaille sans cesse à l'amélioration de sa combinaison. Ouais, trois nanas. La garde rapprochée du roi du Wakanda est exclusivement féminine, et il fait donc appel aux ressources intellectuelles de son pays. Première fois que les personnages féminins sont autant représentées (oui, je décide qu'en l'occurrence, le pluriel est féminin) dans un Marvel, si l'on exclut Captain America: Civil War, qui se résumait tout de même à un concours de zizis. Et ne me sortez pas Wonder Woman, je vous rappelle que c'est une héroïne du rival historique, DC.



T'challa est donc un roi, qui doit gérer un pays resté invisible aux yeux du monde pendant des millénaires, grâce à l'exploitation du vibranium, un matériau qu'une comète est venue déposer au cœur du pays aux premiers âges de l'Homme. Le Wakanda a ainsi échappé au colonialisme britannique (qui, je vous le rappelle, a envahi la totalité des pays actuels du globe, à l'exception de trois ou quatre), aux guerres qui ont ensanglanté le continent africain (même si l'une des tribus constituant le pays se la joue un peu rebelle). Il a d'énormes responsabilités, dont l'une est de préserver son pays de toutes attaques extérieures. C'est aussi un jeune homme, qui ne rechigne pas à échanger quelques vannes avec sa petite sœur, tout en respectant le chagrin de sa mère, devenue veuve récemment. A ce tableau nous pouvons ajouter Zuri, conseiller du roi défunt et du nouveau souverain, qui connaît tous les rouages du pouvoir, mais aussi ses recoins sombres, et Erik Killmonger, ancien Navy Seal, qui semble avoir un intérêt tout particulier pour le trône du Wakanda. Des personnages très divers, qui ont des avis très tranchés -et parfois antagonistes- sur le positionnement de leur pays. Au détour d'une conversation se pose d'ailleurs la question de l'accueil des réfugiés, ainsi que l'intervention dans les conflits qui meurtrissent de nombreux pays. Sans forcément trancher, même si la fin du film marque un changement de paradigme majeur pour le Wakanda. Une fin un peu décevante, tout de même. Le conflit entre T'challa et Killmonger est transparent : c'est celui qui opposa dans les années 1960 Malcolm X à Martin Luther King.

Le film ne comporte que deux rôles aux acteurs "non-colorés", pour reprendre une expression des suprémacistes blancs américains. L'un est un gros méchant qui a comme seule motivation l'argent et une dent particulière contre le Wakanda, incarné par Andy Serkis, surtout connu pour ses interprétations "invisibles" du gollum du Seigneur des Anneaux et du rôle-titre de King Kong. Ici il montre une véritable épaisseur, malgré une durée de vie à l'écran un peu réduite. L'autre est un agent de la CIA, Everett Ross, incarné avec brio et un brin d'humour par Martin Freeman, ci-devant Bilbo Baggins et actuel Dr Watson de la série Sherlock. Ce qui permet d'apprécier les performances du casting black, parmi lesquels émergent Chadwick Boseman, sobre et absolument parfait en T'challa, Lupita Nyong'o radieuse en espionne pour laquelle le souverain a des tendres sentiments, ou encore Forest Whitaker, qui se la joue également assez sobre en Zuri. Mention spéciale à Letitia Wight, pour sa fraîcheur dans le rôle de la petite sœur Shuri experte en nouvelles technologies. Un personnage qui permet d'ailleurs de rapprocher une partie du decorum de ce film de celle d'un James Bond. Petite déception, en revanche, pour Michael B. Jordan, que j'ai trouvé physiquement convaincant mais insuffisant dans le jeu en tant que Killmonger.

 

Artistiquement, c'est du beau boulot : les décors, les paysages et les costumes sont magnifiques. On en prend plein les yeux, mais on n'a pas forcément mal auxdits yeux. Il faut d'ailleurs voir cette magnificence comme un hommage à la richesse culturelle de plusieurs pays d'Afrique centrale et australe, très loin des canons hollywoodiens qui ont tendance à considérer le continent comme un seul pays, uniforme. A la réalisation se trouve Ryan Coogler, également crédité en tant que coscanériste, dont la noirceur de peau est l'un des arguments marketing du film. Il tourne sans esbroufe, même si l'on sent que les combats ne sont pas vraiment sa tasse de thé. Certaines séquences faisant appel aux effets spéciaux ne sont pas non plus optimisées, mais l'essentiel du film est plutôt dans ses personnages, plutôt réussis. Et n'oublions pas le cameo de Stan Lee, en joueur de roulette cupide.

L'humour est présent, un humour un peu plus fin que les blagues de collégiens des films Marvel précédents, et ça fait du bien. Il y a des incohérences dans ce Black Panther, et on les décèle sans doute plus facilement au second visionnage. On ne sait pas, par exemple, comment les Wakandiens ont fait pour savoir que la transaction concernant leur artefact aurait lieu en Corée. Par ailleurs, la façon dont Klaue s'échappe est assez ridicule. Toute la séquence concernant certains animaux sauvages transformés en montures de combat est pitoyable, mais heureusement plutôt réduite.

 

Bref, ce Black Panther n'est pas parfait, mais c'est peut-être le Marvel le plus intéressant jusqu'ici. Et rien que pour ça, il vaut le détour.

 

Spooky

 

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