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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


CHUTE DES ROIS

Les vieux héros se sont retirés. Superman a disparu. Green Lantern flotte en orbite dans sa cité d’émeraude. Hawkman préserve sa mère la terre. Une nouvelle génération de « justiciers », sans idéal, égoïstes, font régner une nouvelle « justice » en Amérique. Une justice violente, aveugle, revancharde. Le célèbre Magog rassemble autour de lui une cohorte de « vigilants » agressifs dont les combats menacent la vie des gens de la rue. Seul dans sa tour d’ivoire, Superman devant ses écrans vidéos, regard le monde sombrer dans un raz-de-marée de haine et de violence… Puis un jour, tout explose.

(Petite parenthèse sur la comparaison qui semble être faite par certains de Watchmen et Kingdom Come. Les deux ont en commun une certaine thématique (l’intégration des super héros parmi l’humanité, avec tous les problèmes que cela comporte, aux niveaux personnel et politique), mais là où le premier présente une véritable richesse littéraire dans sa forme, rare même parmi les meilleurs romans, et profitant bien de la spécificité du médium bande dessinée, là où on sent l’esprit d’horloger d’Alan Moore avec un regard d’une profondeur fascinante, critique, cynique, décortiquant notre monde pour le retranscrire, le second — bien qu’à mon avis excellent — est très nettement plus terre à terre, plus premier degré...)

Kingdom Come, c’est bourré à craquer de super héros. Ca regorge de Superman, de Green Lantern, Batman, Wonder Woman pour les plus connus, mais aussi de toutes les centaines d’autres inventés depuis. Evidemment c’est un peu embêtant quand on ne connaît quasiment pas ce panthéon, on loupe quelques références...

Le scénario est pour le moins intéressant. Il traite des super héros en tant que problème, un peu comme pour X-Men (le film). La vision est très globale. Politique : comment régler un problème à grande échelle, la multiplication des super héros parmi la population, avec tous les désagréments que cela comporte (en particulier batailles rangées entre factions, “dommages collatéraux”, etc.). Les notions évoquées sont intéressantes, et épineuses. Entre autres cohabitation, suprématie d’un genre (humain ou super héros) sur l’autre, droits, devoirs, responsabilités, attentes des gens envers les super héros, etc. Les principaux personnages (Superman, Batman, Wonder Woman et dans une moindre mesure Magog et d’autres encore) sont torturés, déstabilisés, en plein questionnement et remise en cause. Superman en particulier est l’image même de l’indécision, ce qui lui jouera des tours. Les rôles qu’ils jouent sont à la fois taillés sur mesure pour eux et trop grands. On sent qu’ils agissent selon leur caractère, mais sont perdus.

Si les thèmes abordés sont nombreux et tout de même assez profonds, leur traitement est toutefois un peu confus. A la lecture, on s’aperçoit très vite de la densité de l’histoire... Et en 200 planches, on ressentira encore beaucoup cette impression (même si certaines scènes paraissent finalement assez dispensables, diluant un peu le sujet principal). Le spectateur omniscient incarné par Norman, s’il est nécessaire pour la fin, alourdit quelque peu la narration, et rend la compréhension de l’ensemble plus difficile, ce qui n’était probablement pas nécessaire. La fin en elle-même avec ce qu’elle comporte, on la voit venir d’assez loin, et c’est peut-être là une “faiblesse” de cette série : les hauts et les bas alternent un peu trop... Certains passages sont absolument fascinants, d’autres plus ternes. Et la fin laisse une impression inférieure à celle éprouvée lors de la lecture.

Le dessin d’Alex Ross me laisserait presque sans voix. Moi qui n’aime habituellement pas les dessins trop réalistes, j’ai tout simplement adoré. Il parvient à être vivant malgré son aspect un peu statique, et les visages sont souvent très expressifs. Certaines cases font même ressentir une intensité tout simplement poignante.



Malgré une narration un peu confuse qui dilue la force des thèmes abordés, j’ai dévoré Kingdom Come, en ayant immédiatement après l’envie de le relire. Avec Watchmen et Batman Dark Knight, il donne une vision véritablement intéressante du renouveau intelligent de ce genre souvent mal perçu.

CoeurdePat.
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