En même temps que The Mist, dont je vous parlerai dès que je l'aurai vu, une autre adaptation d'une nouvelle de King est sortie sur nos écrans il y a quelques mois. Il s'agit de Chambre 1408, réalisé par Mikael Hafstrom et interprété par John Cusack et Samuel L. Jackson principalement.
L'histoire est celle de Mike Enslin, un écrivain qui éprouve un malin plaisir à visiter des tas de lieux hantés pour en faire la matière de sa production littéraire. Malgré son peu de succès et son incroyance presque hargneuse envers les phénomènes paranormaux, il persiste dans cette voie et s'apprête à séjourner dans une chambre d'hôtel qui aurait vu de nombreuses atrocités et morts dramatiques au fil de son siècle d'existence. malgré le refus catégorique du directeur de l'hôtel, il parvient à obtenir la réservation pour une nuit de la chambre. Au début il ne se passe absolument rien, Enslin raillant même dans son dictaphone l'affligeante banalité du décor. Et puis petit à petit, les choses se dérèglent. il fait très chaud, puis très froid. les murs suintent d'une substance liquide rougeâtre qui rappele du sang, les éléments du décor semblent lui en vouloir particulièrement... De plus la disparition récente de sa petite fille, emportée par un cancer, ressurgit du néant...
Le thème de la maison hantée, je vous l'accorde, existe depuis très longtemps. King n'apporte pas grand chose de neuf au genre, il en a même fait l'un des thèmes centraux de l'un de ses bouquins les plus connus, Shining. Ce qu'il y apporte, en revanche, c'est la dimension intime des personnages. Mike Enslin est un connard, un écrivain -certes doué- qui considère ses lecteurs comme des brebis écervelées. Il traite le petit personnel comme de la merde. Cette dimension n'est pas présente dans le film. Par manque de place essentiellement, car il faut quand même pouvoir caser les séquences horrifiques dans l'heure et demie requise.
J'ai évoqué l'hôtel Overlook de Shining, mais la comparaison s'arrête là, dans la mesure où cette fois seule une chambre d'hôtel est hantée (et non tout le bâtiment), et l'hôtel en question se trouve au beau milieu de New York (et non plus en haut d'un col bloqué par la neige en hiver).Enslin se retrouve donc dans une chambre d'hôtel a priori pas isolée du tout, mais les fantômes ont bien des ressources...
Mikael Hafstrom, qui avait commencé avec Dérapage en 2008, propose un film de commande, certes réalisé de façon correcte, sans esbroufe mais également sans imagination. Il s'appuie sur un interprète principal qui, s'il n'est pas acclamé pour ses performances exceptionnelles, n'en reste pas moins un acteur de "genre" plus qu'apprécié, comme en témoignent Minuit dans le jardin du bien et du mal, Identity, Dans la peau de John Malkovich... Avec l'apport de Samuel L Jackson en directeur d'hôtel alarmiste, ce quasi- huis clos se révèle au final assez plaisant à voir, même si la violence est estompée, la production ayant sans doute souhaité voir le film classé en tous publics. Les séquences s'enchaînent sans véritable temps mort, et la fin comporte un retournement de situation différent de celui de l'oeuvre originale.
Bref, il s'agit là d'une adaptation certes tronquée mais correcte d'un texte mineur du maître de l'épouvante. Un agréable moment à passer si vous aimez les frissons. N'en attendez pas monts et merveilles.