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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Ansible
Publié dans : #Films



A peu près à la même époque que Chambre 1408, une autre adaptation de l'oeuvre de Stephen King est arrivée sur nos écrans. Il s'agit de The Mist, adaptation de l'oeuvre éponyme de l'Horrorus Rex, publié en 1985. J'ai dû lire le texte entre 5 et 8 ans plus tard, et la novella m'avait fortement impressionné de par son atmosphère, mais aussi les éléments narratifs qu'elle recelait. Elle portait d'ailleurs le recueil sur ses épaules, servant de locomotive.

C'est Frank Darabont, réalisateur des acclamés Les Evadés et La Ligne verte (autres adaptations de King), qui s'est attelé à transposer à l'écran cette oeuvre symbole. Ces deux films étant plutôt des réussites, le pire semblait évité, King n'étant pas toujours heureux dans le sort donné à ses écrits sur petit ou grand écran.

La novella nous raconte l'étrange épisode que vit Castle Rock, localité -inventée par l'auteur- du Maine (nord-est des Etats-Unis), qu'une violente tempête a ravagée. Au matin, les habitants viennent se ravitailler à la supérette locale. Mais une étrange brume envahit bientôt les lieux, et un homme ensanglanté, délirant à propos de choses dans le brouillard, surgit dans le supermarché. Les clients, au nombre de plusieurs dizaines, décident d'attendre, et de tirer au clair cette drôle d'histoire. Mais bientôt des choses sortent du brouillard...

Je tuerai à moitié le suspense en vous disant que des monstres vont surgir, et que les véritables personnalités vont se révéler pendant les heures et les jours où ces gens vont rester cloîtrés. King a placé des éléments narratifs intéressants dans son histoire ; on y trouve pêle-mêle l'inconséquence de certains savants, plus empressés à faire joujou qu'à réfléchir aux conséquences de leurs actes ; la lâcheté des militaires, mais aussi des gens ordinaires ; mais aussi les ravages que peut provoquer l'intégrisme religieux. On retrouve également le thème du petit groupe de survivants, qu'il a déjà exploité dans des romans tels que Le Fléau, Ca ou Les Tommyknockers. Bien sûr, comme dans la plupart de ses romans, hormis ceux écrits sous le pseudonyme de Richard Bachman, le surnaturel tient une place énorme, mais comme souvent dans un oeuvre intéressante, ce thème permet de rebondir sur les travers de la société dans lequel nous vivons.
Au sein de la petite colonie qui se barricade dans le supermarché, plusieurs groupes se forment. L'un, autour de David Drayton (Thomas Jane, déjà présent dans l'adaptation kingienne Dreamcatcher), illustrateur spécialisé dans les affiches de cinéma, intelligent et pragmatique ; un autre autour de Mme Carmody, une bigote persuadée que Dieu les soumet à leur jugement. C'est Marcia Gay Harden, actrice fétiche de Clint Eastwood et prodige de Mystic River et Into the Wild, qui prête son visage au personnage. Et au milieu, Brent Norton (Andre Breugher, acteur de télévision surtout), un juge que l'on essaie de convaincre. La micro-société selon Stephen King.

Le film se déroule dans une atmosphère de terreur croissante, les apparitions montrueuses alternant avec les découvertes macabres. La première scène d'horreur est un peu ratée, les effets spéciaux faisant un peu "cheap", et les postures des personnages sonnant faux. Mais elle a le mérite de placer les reclus devant la réalité qui les encercle : des monstres ont profité de la brume pour s'approcher, et souhaitent pénétrer dans le bâtiment. Interrogations, attentes dans la peur, discussions animées, voire violentes rythment le récit. Jusqu'à un final dramatique, très noir quant à l'attitude d'une partie des personnages. Je disais que la première scène-clé était un peu décevante, mais Darabont se rattrape très vite, installant une atmosphère réellement inquiétante, au choix artistique audacieux mais payant. En effet il y a très peu de musique d'ambiance pendant le film, et lors d'une incursion à l'extérieur ce silence est palpable et renforce encore ce climat d'angoisse. De plus les effets spéciaux sont par la suite assez réussis, masquant leur éventuel bas coûts dans la brume, bien pratique dans ces cas-là.



Dit comme ça, on a l'impression que le film est vraiment excellent sur presque toute sa longueur. Ce n'est pas tout à fait vrai, car il y a quelques invraisemblances dans le récit. Etrange que les gens restent cloîtrés dans le supermarché, seul l'un d'entre eux tentera de s'échapper au moment de l'arrivée de la brume. Etrange que lors de la première apparition des "monstres", personne ne songe à fermer le rideau de fer sur leurs tentacules pendant que ceux-ci emportent un jeune commis. Etrange aussi l'embrigadement de l'ensemble des reclus, alors que la prédicatrice est visiblement givrée... Mais comme le souligne l'un des personnages "sensés", l'espèce humaine est par nature givrée. Mettez deux gars dans une pièce avec l'impossibilité de sortir, ils finiront par s'entretuer. Tous ces thèmes sont bien présents, mais traités un peu au tracto-pelle par moments. Et c'est là, à mon avis le gros (et peut-être le seul) défaut de The Mist : Frank Darabont, en voulant respecter à la lettre près ou presque l'oeuvre de King, en a transposé également les défauts, les incohérences. Dommage, car avec une écriture plus maîtrisée, on aurait pu avoir un sommet du cinéma d'horreur.

Mais ne boudons pas notre plaisir, pour une fois l'adaptation est plutôt réussie, ce qui rend The Mist largement recommandable. A noter quelques clins d'oeil dans le film, comme l'affiche que réalise David Drayton au début, qui fait fortement penser à La Tour sombre, une série de fantasy horrifique de King, avec sur le mur l'affiche de The Thing, de John Carpenter... Façon de se placer sous les meilleurs auspices ?


Nota : Ne pas confondre The Mist avec (The) Fog, un autre film sur une brume qui recèle de terribles secrets, réalisé par John Carpenter en 1980 et remaké en 2006 par Rupert Wainwright. Je vous recommande le premier, n'ayant pas vu le second.


Spooky.

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S
Bon ben ça y est, j'ai fini par le voir hier soir.Je suis assez d'accord avec ta chronique sur à peu près tous les points. Le film est plutôt réussi, Tom Jane y est crédible et les petites bêbêtes foutent les jetons.On va pas crier au chef-d'oeuvre, mais on passe un bon moment devant ce film.
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S
Les 6 premiers mois de 2008 ont été des mois de disette en ce qui concerne les sorties au cinéma pour moi, ce qui fait que j'ai raté énormément de films que j'avais envie de voir pourtant, The Mist en fait partie.Alors j'ai essayé de combler un peu mon retard avec les sorties dvd mais pour l'instant je suis un peu refroidi par 2-3 films que j'ai achetés sans les avoir vus au préalable en salle et qui m'ont énormément déçu (dont le fameux Dante 01 sur lequel tu as fait un article récemment). Du coup maintenant j'hésite à me lancer avec The Mist et quelques autres... mais bon, c'est quand même Franck Darabont aux manettes... nan vraiment j'hésite... bon ce sera de ta faute Spooky !! ;o)
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P
Ah ben les films d'horreur, c'est pas mon truc mais j'en prends bonne note :)
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