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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Résultat pour “voyage inattendu

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Louise Gaucher travaille dans un service de réanimation. Dès qu'elle le peut, elle s'assoupit auprès de ses malades plongés dans le coma. Elle a le don de voyager dans le « monde des rêves » où les patients choisissent entre la vie et la mort.
Simon Larcher est flic. Il ne boit plus, ne baise plus et ne joue à rien. Il voudrait juste nettoyer le monde de son horreur et de sa tristesse.
Une nuit de janvier, un enfant de la DDASS disparu est retrouvé dans le parc du Chais, propriété de la puissante et riche famille de Louise...

 

Je ne connaissais pas Anne Fakhouri avant de la rencontrer lors d'un salon consacré au fantastique. Sa gouaille, son intelligence et son humour m'ayant plu, je me suis laissé tenter pas l'un de ses titres les plus populaires. Il s'agit d'une drôle d'histoire, parlant de secrets de famille, de peurs ancestrales et de monstres hantant les rêves, doublés bien sûr d'une enquête policière menée par des personnages originaux.

 

Anne Fakhouri prend le temps de poser ses personnages, de leur donner une épaisseur psychologique, un passé permettant de saisir leur dimension et de comprendre leur comportement. C'est très fin, et j'avoue que je m'y suis laissé prendre pour certains d'entre eux, et de me retrouver bien peiné lorsqu'ils ont quitté la scène. Quant à l'histoire elle-même, j'aurais peut-être aimé une incursion dans l'onirisme plus grande, avec ce Marchand de Sable mystérieux et tentateur. Il n'empêche que j'ai passé un très bon moment de lecture, et découvert un grand écrivain.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

http://fr.web.img2.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/169/21016980_20130702124135659.jpg

 

Ça faisait un moment que je n'avais pas parlé de Hobbits, par ici. Ça vous manquait ? Non ? Eh bien tant pis :)

 

La news la plus excitante du jour est peut-être l'annonce de développement d'un projet de biopic sur JRR Tolkien. Sobrement intitulé Tolkien, ce film, produit par Fox Searchlight (la branche "haute qualité" de la Fox) revient sur la vie du créateur de la Terre du Milieu, et notamment sur son oeuvre, dont la vivacité n'est plus à prouver... Il parlerait notamment de ses années d'étudiant au Pembroke College et de ses années en tant que soldat (rappelons qu'il a été gazé en France durant le premier conflit mondial). Le scénario est entre les mains de David Gleeson, dont on ne sait presque rien. Aucun réalisateur n'est attaché au projet pour l'heure.

 

On continue avec une initiative de la Warner, en collaboration avec Google Chrome, qui permet, par le biais d'une carte interactive, de voyager dans la Terre du Milieu sur les traces de Bilbo et ses amis. Bien qu'incomplète et frustrante, l'expérience est sympathique. Un petit film d'introduction ici, et la carte .

 

Et on termine avec de l'ambiance, et la bande-son du Hobbit : la Désolation de Smaug, en écoute gratuite et partielle, ici.

 

De quoi accompagner de belle façon le week-end, que je vous souhaite excellent.

 

Spooky

 

EDIT : en bonus, un nouveau spot TV pour Air New Zealand :)

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


QUE LA LUMIERE SOIT

Arthur C. Clarke, qui vient de s'éteindre, était l'un des survivants de l'âge d'or de la SF. Il a donné au genre certains de ses chefs d'œuvre (La Cité et les astres, la série des Odyssées de l'Espace, de Base Vénus, le cycle de Rama, Les Enfants d'Icare…) ; astrophysicien renommé, enseignant brillant, Stephen Baxter (lisez Voyage et Titan), né 40 ans plus tard, peut être considéré comme son fils spirituel. En 2000, ils écrivent ensemble Lumière des jours enfuis (J'ai Lu SF), une petite bombe de hard SF. Il existerait dans l'espace des "trous de ver", sorte de raccourci à la Star Trek permettant d'aller d'un point donné à un autre, distant, en temps réel. La société Our World, dirigée par Hiram Patterson, est en passe de mettre au point un procédé permettant de se servir de ces trous de ver comme d'une caméra, et ce, en temps réel, et quelle que soit, potentiellement, la distance entre les deux points. Mais s'il est possible de se déplacer dans l'espace, il doit donc être possible de se déplacer dans le temps, et en particulier dans le passé. Les implications d'une telle avancée scientifique et technologique sont proprement incalculables…



Et pourtant nos deux cracks se mettent à spéculer comme des super-calculateurs. Recherches historiques, investigations policières, religieuses, scientifiques, de la Joconde à la vie d'Abraham Lincoln ou celle de Moïse, rien n'est laissé au hasard. Un très bon thriller hard science, sur un élément d'astrophysique peu connu. Solidement documenté, mais tirant un peu sur la métaphysique (défaut clarkien), c'est une lecture édifiante et distrayante.


Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Partie seule dans un lieu reculé pour les vacances, Lina se perd dans un épais brouillard. Lorsque la brume se dissipe enfin, la jeune fille découvre au cœur de celle-ci un village incongru… peuplé de personnages mystérieux et hauts en couleur.

 

Ynnis Editions présente ce court roman (de 1975) comme étant la source d'inspiration d'Hayao Miyazaki pour Le Voyage de Chihiro. Il y a en effet quelques éléments communs : une préadolescente coupée de sa famille, qui se retrouve à travailler dans un endroit étrange, avec ses propres codes... Il y a aussi une sorcière, pas très aimable, qui prend tout de même Lina sous sa coupe. Une sorcière qui est en fait la tenancière de la pension Picotto, où l'enfant trouve une seconde famille, avec des personnages hauts en couleurs. Pour payer le gîte et le couvert, elle doit travailler auprès des autres résidents de l'Avenue extravagante, une libraire surprenante, un petit garçon qui ne voulait pas enlever son masque, un perroquet appelé Cornichon qui conserve un trésor dans sa cage, un tigre très sensible, un confiseur dont les bonbons ne font pas grossir (mais donnent mal au ventre)...

Une population bigarrée, donc, au sein de laquelle Lina va faire son trou, et va se révéler très douée pour mettre de l'huile dans les rouages... L'autrice, Sachiko Kashiwaba, fait ici preuve d'une belle inventivité, dans un genre que je qualifierais de "merveilleux", probablement inspiré par de nombreuses légendes japonaises. Sympathique, mais ne vous attendez pas à un récit proche du film de Miyazaki. ;)

 

Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #BD


parisiennes sans dessein ni envie, à part peut-être celle d’être désagréable. Il est peintre, en but aux exigences imbéciles des marchands d’art. Il n’y a qu’Armelle, sa compagne par intermittence, qui arrive parfois à le supporter
une journée entière, et encore...
Jean perd progressivement pied dans cette réalité abstraite qu’est l’univers autour de lui. "Pourquoi rester dans ce monde ?" Il ne s’y voit aucun avenir, incompris, et demeure au bord du néant. Jusqu’au jour où, sur les quais de la Seine, il croise un étrange savant, Dagerlöff. Le physique et la verve de ce vieil homme tirent un instant Jean de ses rêveries morbides mais très vite le personnage lui devient insupportable. Et pourtant il ne parvient à se détacher de ce Méphistophélès moderne.
Peu à peu Dagerlöff et lui en viennent à partager leur obsession de la mort et le génie lui explique alors sa théorie du voyage dans la "causalité". Et si l’homme parvenait à se projeter dans le temps par celle-ci. S’il était capable de voir le devenir de chaque chose au moment où l’on pose son regard dessus ? Poldonsky, involontairement, va se retrouver embarqué dans cet étrange voyage, au bord de la folie.

Ah ça c'est du vrai fantastique ma bonne dame !
Du solide, de l'approfondi, comme on en faisait dans le temps, du fantastique lentement mûri, façonné par des mains d'artisan rougies par le travail, avec des bouts d'angoisse, de mystère et de suspense dedans.



Adapté d'un classique oublié de Jacques Spitz, ce diptyque s'annonce comme très intéressant. Jean-Michel Ponzio a récemment été remarqué pour une autre série prometteuse, Le Complexe du chimpanzé, pour une histoire où le temps prend une place prépondérante. C'est le cas également ici, puis que le personnage principal peut, à la suite d'une injection non désirée, voir ce que vont devenir les denrées et les êtres périssables à court terme, puis à terme tout court, c'est à dire à leur disparition. Un sujet fort, très bien traité dans l'ouvrage de Spitz, et bien adapté par Ponzio, dans une version "moderne". Curieusement, j'ai pensé à un manga lorsque j'ai lu cet album ; il s'agit de Homunculus, où un SDF peut, à la suite d'une opération chirurgicale, voir les gens d'une autre façon, plus métaphorique.
Au départ je ne suis pas fan du style graphique de Ponzio. Ce réalisme photographique, légèrement retouché, qui s'intègre dans une bande dessinée, me gêne quelque peu. C'est d'ailleurs pour cela que je n'ai pu lire Zéro Absolu, Christophe Bec ayant un style assez proche. Mais je dois avouer que pour un récit de ce calibre, et surtout pour servir une histoire parlant de la distorsion de la réalité -et des sensations visuelles en particulier-, ce décalage en devient presque indispensable, et du coup entièrement légitime.
On s'embarque très vite sur les pas de ce pauvre Jean Poldensky, qui perd peu à peu pied avec la réalité...
Si vous aimez le fantastique, les univers légèrement décalés, je pense que vous ne serez pas déçu(e)(s).

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

En 1906 le major Percy Fawcett, instructeur dans l'armée de terre britannique, se voit proposer de rejoindre la Société de Géographie Royale, afin de participer à une expédition aux confins du Brésil et de la Bolivie, en bisbilles au sujet de leur frontière, et qui ont fait appel à la "neutralité" britannique. D'abord réticent en raison de la médiocrité de l'offre et de quitter sa famille (une femme, un premier enfant et un deuxième en route), Fawcett y voit l'occasion d'enfin évoluer au sein de l'armée britannique.
Au cours de son expédition il entend parler d'une cité recouverte d'or et d'argent, cachée par la jungle qui borde une rivière faisant la frontière. Malgré les animaux sauvages, l'accueil hostile des tribus locales, il persévère un temps, galvanisé par la trouvaille d'objets issus d'une civilisation inconnue. Il rentre cependant à Londres, et malgré les railleries initiales, parvient à retourner l'opinion et à se faire financer une nouvelle expédition, cette fois-ci accompagné par un membre de la RGS, Sir Murray. Lequel se révèle un véritable boulet, plus dangereux qu'utile. Fawcett l'envoie se faire soigner dans une colonie de mineurs avant de poursuivre le voyage. Il rentre en Angleterre au début de la première guerre mondiale, à laquelle il est contraint de participer. Gazé durant la bataille de la Somme, il est rapatrié et sa convalescence dure plusieurs années. Il commence à se faire à sa nouvelle vie de rentier, lorsque son fils aîné, Jack, le persuade de partir pour ce qui sera son dernier voyage à la recherche de la cité perdue de Z...


Relativement inconnu du grand public, Fawcett et sa quête obsessionnelle ont inspiré à divers degrés différents personnages de la culture populaire, comme Indiana Jones et Tintin, et un lieu qu'il a découvert, un haut plateau inaccessible, a inspiré le fameux roman de Sir Arthur Conan Doyle, Le Monde perdu. Son courage, ses valeurs, son parcours hors du commun (dont on ne connaît pas de manière certaine l'issue) méritaient un film grand public. James Gray, réalisateur de nombreux films acclamés (The Yards, la Nuit nous appartient, Two Lovers), sort de son confort et de New York pour filmer la jungle colombienne, magnifiée par la photographie de Darius Khondji, dans une biopic toute en sobriété, dont les enjeux sont clairs. Pour incarner son militaire-explorateur, il a fait appel à Charlie Hunnam après que Benedict Cumberbatch et Brad Pitt aient été approchés. Celui-ci se montre plutôt convaincant, malgré un physique moins remarquable que ses deux confrères ; à ses côtés Robert Pattinson expérimente une troisième expression sur son visage et Sienna Miller fait preuve de profondeur.

Bien réalisé, sans fioritures hormis deux plans rapides, interprété par une distribution plutôt solide, il s'agit là d'un film d'exploration très plaisant, que je vous recommande.


Spooky

 

 

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Publié le par Spooky

Si vous avez vu récemment le film Tolkien ou avez lu de rapides biographies au sujet de John Ronald Reuel Tolkien, la figure du Père Morgan n'a pas pu manquer de vous interpeller. Désigné tuteur de Ronald et de son petit frère Hilary à la mort de leur mère, en 1904, il s'est occupé de leur trouver un logement, avec plus ou moins de bonheur ; il apparaît également au premier plan lorsque le futur écrivain fréquente de trop près à son goût une jeune femme, Edith Bratt, qui vit dans la même pension de famille alors que le jeune homme n'est pas encore majeur. Le Père Morgan le fait changer d'hébergement, et lui interdit de revoir Edith jusqu'à sa majorité.

 

Une figure autoritaire donc, dont le portrait mérite d'être nuancé. C'est ce qu'a fait l'écrivain espagnol José Manuel Ferrandez Bru, lequel a axé son titre sur la connexion -inattendue- entre l'écrivain et l'Espagne. Car en effet le Père Morgan est issu d'une famille gallo-espagnole, liée à la fameuse dynastie Osborne, laquelle s'est illustrée dans le négoce des vins et des spiritueux (le Xérès, appelé Sherry outre-Manche). L'auteur s'est donc attaché à remonter la longue filiation du prêtre, jusqu'à 5 ou 6 générations, de son entreprise en Angleterre jusqu'à la naissance de Francisco Javier, en passant par l'établissement de la firme à El Puerto de Santa Maria, petite localité à proximité de Cadix, en Andalousie. Et le choix familial d'épouser la culture locale, jusque dans les prénoms des enfants, la double nationalité et le nom de la firme, plus facile à assimiler pour un public hispanophone, Un marché ignoré jusqu'à ce que le grand-père, Thomas Morgan Mann, décide de s'ouvrir au marché local. Pourtant le mariage de ses parents eut lieu au Royaume-Uni, près de Nottingham, en raison notamment de la célébration par Aaron Augustus, frère de l'époux. L'occasion pour l'auteur d'évoquer la situation tendue entre l'Eglise anglicane et le pouvoir papal, qui tenta alors de reprendre la main sur ce territoire perdu pour les Catholiques. Après un tiers de la longueur du livre (soit plus de 70 pages) à évoquer les parents et ancêtre, on en vient enfin à la naissance de Francis Xavier Morgan.

 

L'approche de ses années scolaires est l'occasion pour l'auteur de brosser un rapide portrait des écoles les plus prestigieuses d'Angleterre, appelées écoles publiques mais réservées non seulement à un public anglican mais également d'un certain niveau social. Jusqu'à la moitié du XIXème siècle environ les Catholiques évitaient de toute façon d'eux-mêmes ces écoles, orientant leurs enfants vers des établissements fondés et dirigés par leur propre obédience. Il faut savoir qu'en plus ils n'atteignaient pas 5% de la population britannique, et qu'il y avait trois "types" de Catholiques différents à l'époque dans le pays. Les "vieux Catholiques", qui le sont depuis des générations et ont su supporter la mise à l'écart de la société anglaise d'alors, et qui se trouvaient essentiellement dans les zones rurales ; les "convertis", qui comme leur surnom l'indique sont des déçus de l'anglicanisme et qui ont changé de crèmerie ; et pour finir les Irlandais, venus dans les villes anglaises pour constituer de la main d'oeuvre : ils sont parmi les plus humbles et les plus nombreux des papistes locaux. C'est le deuxième groupe, socialement et économiquement le plus influent, qui poussa le projet de créer des écoles et universités purement catholiques, afin que leurs enfants puissent avoir la même qualité d'enseignement qu'ils ont pu avoir à l'étranger ou au sein des écoles publiques lorsqu'ils étaient "de l'autre côté". John Henry Newman servit de figure de proue à ce mouvement et l'Oratoire de Birmingham, qu'il a fondé, fut en quelque sorte l'établissement pionnier en la matière. Le Duc de Norfolk, bien que faisant partie des "vieux Catholiques", donna une belle aide au mouvement en y envoyant ses fils, tout comme des avocats pleinement engagés dans la politique. L'établissement dut faire face à de nombreux obstacles, mais Newman, son équipe et ses bienfaiteurs tinrent bon et lorsque le jeune Francis Morgan y entra en 1868, l'Oratoire avait une bonne réputation au sein de l'aristocratie catholique britannique.

 

Le cycle d'études de Francis Morgan sur place dura six ans, et correspondit, de manière curieuse, à une crise politique majeure en Espagne, lorsque la reine Isabel II fut plus ou moins déchue pour l'instauration d'une monarchie démocratique. Le régent élu tint quelques mois puis abdiqua, ce qui donna lieu à la première République espagnole, qui dura elle-même quelques mois, puis au retour de la famille royale par l'installation sur le trône d'Alfonso XII, fils de la reine déchue. Pour en revenir aux études de Francis Morgan, il faut savoir que l'excellence de l'enseignement reçu à l'Oratoire allait de pair avec l'étude approfondie de la religion catholique : les étudiants devaient connaître par coeur les oraisons, le catéchisme, et les matières les plus exigeantes étaient l'anglais, le latin ou le grec. Les cours étaient complétés par des retraites et des processions lors de la Semaine Sainte, par exemple. Mais il ne s'agissait pas d'un Séminaire destiné à former des membres du clergé, mais seulement des Catholiques avec une grande culture classique. C'est là que Francis trouva sa vocation. Dès lors il n'eut de cesse d'accroître ses connaissances liturgiques et intégra entre autres l'université catholique de Louvain, en Belgique, avant de revenir en tant que novice à l'Oratoire de Birmingham, et d'être ordonné prêtre en mars 1883, à 26 ans.

 

Sous la direction d'un prêtre prévôt, la congrégation se compose de prêtres séculiers, qui encadraient des novices dont l'apprentissage durait trois ans. Les prêtres décéniaux  c'est à dire qui comptait dix ans ou plus de présence au sein de la communauté, participaient aux grandes décisions qui régissaient l'Oratoire au cours d'assemblées plénières. Saint Philippe Néri préconisait une grande place de la prédication, des confessions et d'une attitude aimable plutôt que la sévérité dans la gestion des fautes et autre péchés, des préceptes que Newman a installés au sein de a congrégation. Morgan fut en quelque sorte le secrétaire de Newman pendant quelques temps, bien qu'il ne fût pas le meilleur orateur, ni le meilleur copiste ; il était apprécié pour ses actions de charité, son enthousiasme et ses bons conseils auprès des ouailles mais aussi au sein de la congrégation.

 

Ferrandez Bru passe également en revue le fonctionnement directorial de la société de producteurs et négociants qui s'appela pendant un temps Morgan Brothers, et eut son siège au Portugal, le Porto étant le produit-phare de la compagnie à une époque. Il s'attarde aussi quelque peu sur la localisation des maisons des deux familles unies (Morgan et Osborne), proches du couvent des Carmélites où sont enterrés nombre de leurs membres, à Puerto de Santa Maria.

 

Un gros chapitre est consacré à la façon dont le Père Francis rencontra la famille Tolkien, puis prit soin des deux orphelins Ronald et Hilary après que leur mère mourut des suites du diabète, en 1904. C'est lui qui leur trouva leurs hébergements successifs, leur permit de poursuivre un cursus de qualité à la King Edward's School de Birmingham, et encouragea ensuite Tolkien à persévérer pour entrer à l'Université d'Oxford. Lui également qui interdit, en tant que tuteur, à Ronald de fréquenter Edith jusqu'à sa majorité afin de privilégier ses études. Par la suite l'aîné, engagé dans ses études, et le cadet, parti travailler dans une ferme du Sussex, permirent à leur tuteur de voir ses obligations allégées, entre les années 1911 et 1914. A la suite de la guerre le Père Francis continua à être présent auprès de ses anciens protégés, se comportant tout à fait comme un papy gâteau, à la fois source de réconfort, copain de jeux et figure d'autorité morale. Pendant ses dernières années Francis vit disparaître tous ses frères et soeur, lesquels n'avaient pas d'enfants. Gardant des contacts avec ses cousins, il vit d'un oeil lointain mais véritablement anxieux la dégradation du climat social en Espagne, qui allait amener à la guerre civile.

 

En fin de parcours Ferrandez Bru propose de passer en revue l'influence qu'a eue Francis sur ses pupilles, en particulier Ronald, qui fut fortement inspiré par ses valeurs, sa philosophie mêlant foi profonde et romantisme historique (hérités de ses antécédents familiaux). En guise de conclusion l'auteur propose de montrer les points communs entre Tolkien et... John Henry Newman, fondateur de l'Oratoire de Birmingham et mentor du Père Francis. Fils d'un banquier anglais dont la femme était protestante, il a connu une scolarité fervente dans une école privée avant d'intégrer le Trinity College d'Oxford, avant d'être ordonné prêtre. Il fut enseignant à l'église de l'Université, toujours à Oxford, où il devint auteur de traités théologiques. Il fut l'un des fondateurs du Mouvement d'Oxford, dont les préconisations théologiques étaient de trouver une voie médiane entre protestantisme et papisme. Il se convertit plus tard au catholicisme, et fondit l'Oratoire au sein duquel il enseigna les préceptes de saint Philippe Néri et sa propre philosophie. Tous deux ont passé l'essentiel de leur vie dans deux grandes villes : Birmingham et Oxford, sans être toutefois contemporains, Ronald Tolkien étant né 17 mois après la disparition de Newman.

 

Ecrit dans un castillan élégant (langue que votre serviteur lit et comprend), la biographie écrite par Ferrandez Bru, vous l'aurez compris, va bien au-delà de la simple vie du Père Francis, qui fut somme toute assez tranquille, l'épisode de tutorat des enfants Tolkien mis à part. Il permet cependant de mettre en lumière un personnage (trop) rarement ignoré ou mal résumé dans les récits concernant le Professeur, en entrant parfois dans son esprit lors de moments cruciaux.. De par son caractère enjoué, sa perspicacité, sa dévotion et son érudition, celui-ci eut une véritable influence sociale et spirituelle sur le futur créateur du Seigneur des Anneaux. Le voici enfin montré tel qu'il fut. Un grand merci à José Manuel Ferrandez Bru.

 

Spooky

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres



Christopher Tolkien n’en finit pas de trouver  des brouillons épars, écrits inédits de son père. La Route perdue et autres textes est le cinquième volume de la somme intitulée L’Histoire de la Terre du Milieu. Il présente le monde créé par JRR Tolkien en 1937, au moment où il commence la rédaction du Seigneur des Anneaux. Le lecteur découvrira non seulement le mythe « atlante » décrit dans La Chute de Númenor et dans l’étonnante Route Perdue, mais aussi la Quenta Silmarillion (une nouvelle version du livre repris par Tolkien tout au long de sa vie, accompagnée d’une nouvelle carte), plusieurs poèmes inédits, ainsi que des Annales du Valinor et Annales du Beleriand. Surtout, il pourra comprendre le sens de nombreux noms et mots elfiques grâce aux Etymologies, qui brossent un tableau complet de la création linguistique de Tolkien au moment d'écrire son œuvre maîtresse.

 

Autant vous le dire tout de suite, l’ensemble est un fourre-tout protéiforme, et bien courageux celui qui en lira toutes les lignes. L’ouvrage compte plus de 500 pages, mais ce n’est pas sa longueur qui risque de rebuter le lecteur lambda, ni même le fan que je pense être. Non, c’est la complexité sans nom de tout cela. La pièce maîtresse est la Quenta Silmarillion, une version aussi complète que possible de la partie principale du Silmarillion paru en 1977, première édition posthume réalisée par Christopher.

C'est en fait l'histoire des Silmarils et le récit des événements avant et pendant le Premier Âge, qui forme la plus grande part de l'ouvrage et qui concerne principalement les Elfes, même si les Hommes et les Nains sont aussi présents et jouent un rôle important. Cela se passe entre l'emprisonnement de Morgoth et la chute d'Angband. Après l'emprisonnement de Morgoth, à Aman (Valinor), Fëanor, fils de Finwë, devint le plus grand des orfèvres. Il œuvrait en secret mais finit par montrer son oeuvre, qui finirait par apporter le malheur sur le monde : Les Silmarils. Ces joyaux contenaient la lumière des arbres et consumaient ceux qui les touchaient tant ils étaient puissants. Ils étaient au nombre de trois. Morgoth, voyant les joyaux, se laissa de nouveau envahir d'envie et de haine envers les Elfes et surtout Fëanor. Un jour, aidé de son alliée Ungoliant, il tua les arbres de Valinor, s'empara des Silmarils en tuant Finwë, le père de Fëanor.


Comme à son habitude, Christopher Tolkien annote abondamment son édition, à tel point que parfois sa glose dépasse en volume et en complexité celle de son père, notamment quand il fait part de couches successives de ratures, de biffures et d’ajouts sur les manuscrits du Professeur. Ca en devient un peu fastidieux par moments. Imaginez donc, vous avez une portion de texte, découpée en strophes, avec des astérisques renvoyant à des notes de bas de page, puis, après le gros chapitre, des annotations strophe par strophe, lesquelles se font référence entre elles parfois. Et bien sûr, si vous avez un doute sur un nom, il y a l’Index en fin de volume. Lequel Index fait lui aussi référence à toutes les strates évolutives des noms propres présents dans l’œuvre de Tolkien. La lecture de cette Quenta Silmarillion est du coup assez chaotique, elle demande beaucoup d’attention et d’investissement de la part du lecteur. Le travail de Christopher est celui d’un historien, on pourrait même parfois le taxer d’archéologue tant la tâche semble compliquée, même si le résultat impose le respect. Mais je trouve dommage tout de même que la lecture soit tellement hachée par ce hors texte. Le Silmarillion est un texte qui fourmille de points d’intérêt, mais ce fourmillement même est la source d’une certaine difficulté pour le lecteur. Cet ouvrage, que l’on considère comme central dans l’œuvre de Tolkien, devrait d’ailleurs ressortir prochainement, fort de ces révisions récentes. Mais il faudrait épurer le corps de toutes ces annotations, ou du moins les reléguer en fin de volume, et n’en garder que les principales afin d’éviter que l’on doive de référer aux annexes tous les trois mots. Christopher Tolkien, grâce à ces révisions, a pu établir une nouvelle carte du Beleriand, une région de la Terre du Milieu, qui sombra à la fin du Premier âge à la suite de terribles batailles. Malgré ses recherches, certains éléments présents sur cette carte restent inexpliqués à ce jour.


Mais il n’y a pas que la Quenta silmarillion dans ce volume. Les deux premiers récits, La Chute de Numenor et La Route perdue, raccrochent le monde d’Arda au mythe de l’Atlantide ; La Route perdue nous met dans la peau d’un père et de son fils, en train de développer une nouvelle langue, ou plutôt le vocabulaire d’une langue qui se construit par strates grâce à ce vocabulaire. D’une poésie inattendue, ce texte est en quelque sorte un testament de Tolkien, une manière romancée de la façon dont il a commencé à construire son monde. Certains passages sont très émouvants. D’autres récits, tels que Les Annales du Valinor et Les Annales du Beleriand, reviennent également sur des évènements qui secouèrent la Terre du Milieu au cours du Premier âge.

S’inspirant toujours des notes éparses (et parfois à la limite du lisible) de son père, Christopher livre en fin d’ouvrage des écrits d’une importance différente : d’une part les Etymologies, qui comme leur nom l’indique, contiennent des centaines d’entrées reprenant les racines et terminaisons des différentes langues elfiques. Oui, vous avez bien lu, différentes langues elfiques… Tolkien ne s’est pas contenté d’en élaborer une, mais plusieurs, et même de prévoir leurs évolutions, leurs disparitions, leurs fusions ! Seul un philologue aussi acharné que le propre fils de l’original aurait pu démêler une telle pelote… Enfin, en annexes, on trouve la Généalogie, un court manuscrit dont Christopher n’extrait que des personnages qui n’apparaissent nulle part ailleurs. Il est probable que si le Professeur avait pu reprendre ses écrits, il leur aurait prêté vie dans l’un ou l’autre de ses récits inachevés. Ensuite vient la Liste de noms, une ébauche de l’ensemble des noms propres apparaissant dans toute l’œuvre, avec les sources de chaque nom. Un travail titanesque, vite abandonné apparemment, et dont son fils ne reproduit qu’une partie de « morceaux choisis ». La seconde carte du Silmarillion suit ces extraits. Enfin, et c’est, me semble-t-il, le seul écrit entièrement de Christopher Tolkien lui-même, un Index indique toutes les occurrences des nom propres dans le présent volume.

Si vous avez eu le courage de lire ma note jusqu’ici, je vous offre enfin la récompense : mon avis sur cet ouvrage.

Globalement je me suis plus ennuyé qu’à la lecture des Enfants de Hurin, pour prendre une lecture récente. J’aurais aimé lire des épopées, des récits fluides, notamment concernant l’histoire de Morgoth. Hélas, comme je l’ai indiqué, le parti pris de placer les annotations explicatives hache complètement le rythme de lecture. Et sur des récits de 150 pages, comme la Quenta Silmarillion, c’est dommageable. Mais il n’est pas certain que débarrassé de ce hors texte, le récit fût réellement fluide. Rappelons que tous ces récits ont été composés avant Le Seigneur des Anneaux, qui est un modèle de fluidité (toutes proportions gardées, cependant), et que par conséquent ces histoires (inachevées, je le rappelle aussi) souffriraient de la comparaison. Sur l’ensemble du volume, La Route perdue m’a interpellé par son côté autobiographique masqué, et certains passages des différents récits sont plutôt intéressants (notamment ceux où Sauron apparaît). Après, les différents « à côtés », tels que les Etymologies, la Liste de noms, sont des tables à consulter en cas de besoin, pour connaître l’origine de tel ou tel nom d’essence elfique. C’est un volume destiné aux complétistes, qui pourra peut-être ravir ceux qui s’intéressent à l’histoire des langues, qu’elles soient elfiques ou pas. Les autres pousseront des ronflements dès la troisième page de commentaires de ce bon vieux Christopher. J’espère pour lui qu’il verra de son vivant la publication des inédits de son père, car il est né en 1924…

 

Spooky.


 

EDIT : On ne peut pas parler des oeuvres de Tolkien sans se faire rattraper par la Patrouille ;) Je ne modifie pas - ou si peu que ça ne se verra pas - ma note initiale par respect pour ceux qui l'auraient lue jusqu'au bout, mais je précise qu'aucune nouvelle édition du Silmarillion n'est à l'ordre du jour. Pour ceux que cela intéresserait, Vincent Ferré, éditeur en charge de tout ce qui touche Tolkien chez Christian Bourgois, précise les priorités dans ce domaine ici.

Merci à Zelphalya ;)

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

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Oui, vous avez bien lu, les super-héros ont subi la censure... en France. Ce documentaire, acheté en librairie BD, retrace l'une de ces actions de censure. Après la seconde guerre mondiale, l'emprise politique et culturelle des Etats-Unis sur l'Hexagone était très forte. A tel point que les bandes dessinées américaines ont déferlé sur le pays. Afin de protéger nos chères têtes blondes (ok, ce sont nos parents maintenant), une loi fut votée en juillet 1949, assujetissant les publications destinées à la jeunesse à un certain nombre d'exigences. Une commission fut mise sur pied quelques mois plus tard. Ces deux instances sont toujours actives à l'heure actuelle, même si leur action est plus symbolique que dans les années 1950 et 1960.

 

Il faut savoir qu'à l'époque les associations d'obédience catholique, au premier rang desquelles l'UNAF (Union nationale des associations familiales) étaient plus influentes sur la vie politique. Et qu'elles en ont abusé, essayant de limiter l'arrivée de titres transatlantiques pour des motifs parfois farfelus. Ainsi Mandrake a-t-il été censuré car imprimé en Italie, et non pas en France. Ainsi Zorro et Flash Gordon se sont-ils vus retirer leurs masques dans les éditions françaises, car le masque, c'est le mensonge, et le mensonge, c'est pas bien. Ainsi certains épisodes de Tarzan n'ont pu être publiés à l'époque dans notre beau pays car on y montrait -par exemple- des gorilles trop proches de l'homme sauvage... Les robots, également, avaient mauvaise presse...

 

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Ainsi les Editions Lug, qui dans les années 1960 ont commencé à publier certaines histoires réalisées par les Editions Marvel, en ont fortement pâti. La revue Fantask a ainsi été menacée d'interdiction de publication en 1969, pour, je cite, "ses couleurs violentes, ses monstres impressionnants...". Lug a pris note de ces restrictions, a arrêté la revue qui s'est scindée en deux nouveaux titres, Strange et Marvel, pour lesquelles tout un atelier a été monté à l'époque. Traductrices, lettreurs, dessinateurs ont ainsi travaillé à rendre les comics de super-héros plus acceptables aux yeux de messieurs les censeurs. Jean-Yves Mitton et Reed Man, deux anciens de la maison Lug, témoignent en expliquant qu'il leur arrivait fréquemment de "gommer" des détails des planches (des armes, des perforations, du sang, les onomatopées, les expressions grimaçantes de certains personnages...). Les règles de publication pour la jeunesse obligeaient également les éditeurs à encarter des "reportages" n'ayant rien à voir avec le magazine (sur les trains, comment changer une roue...) ; bref, ça devenait un peu n'importe quoi, même si le talent des retoucheurs était réel et que leur travail n'empêchera pas plusieurs générations de jeunes lecteurs -dont votre serviteur- à parcourir émerveillé ces pages. Les équipes de Lug en étaient même arrivées à s'auto-censurer, à devancer les demandes de la commission de censure... Le documentaire montre d'ailleurs plusieurs exemples "avant/après" assez révélateurs...

 

Mais que voulez-vous, quand on reçoit un courrier avec en-tête du Ministère de la Justice menaçant d'une action en justice contre soi, ça fait peur, même si comme le souligne Bernard Joubert, qui a écrit un livre sur la censure envers les livres en France, il y avait peu de chances pour que cette menace aboutisse. A cette époque une seule maison d'édition, Artima, a été réellement interdite de publier.

 

Mais la commission de censure tenait à faire des soucis à Lug, car en février 1971, la revue Marvel se voit obligée de publier, dans son numéro 13, la lettre dont elle fait l'objet, toujours par rapport à son contenu, trop violent. Elle est ainsi interdite de publication aux mineurs... Essentiellement lue par les adolescents, elle va donc disparaître à terme. Les responsables éditoriaux, la mort dans l'âme, se résolvent à arrêter la publication, rendant le numéro 14 de la revue, pourtant annoncé, impossible à imprimer. Mais d'après Claude Vistel, responsable éditoriale (oui, c'est une femme) de Lug, il existait des épreuves de ce numéro 14, et peut-être même des deux suivants, car son équipe travaillait sur trois mois à l'avance. Lors de la vente du catalogue Lug à Semic, en 1998, les équipes et le matériel sont transférés de Lyon à Paris ; cela ne s'est pas fait sans remous, les anciens de Lug s'étant quelque peu révoltés contre leur nouvel employeur, et dans la confusion, il se pourrait que des documents aient été perdus ou même détruits. Ce qui explique que ce Marvel 14 ait acquis un statut de Graal pour les initiés... Des petits malins se sont d'ailleurs amusés à réaliser des faux Marvel 14...

 

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Anecdote amusante, dans ce n°13 de Marvel, la rubrique du courrier des lecteurs accueille un intervenant inattendu, Stan Lee lui-même. Le créateur de Spider-Man, des 4 Fantastiques, du Surfer d'Argent et des X-Men (entre autres) y exprime sa peine de voir la publication des comics US ainsi contrariée. Car les publications françaises étaient de grande qualité -malgré les caviardages dont je parlais précédemment- par rapport aux américaines, en termes de technique : aux petits points se substituaient alors des aplats de couleur. Là encore l'exemple d'un "avant/après" dans le docu est édifiant.

 

Un petit mot tout de même des deux co-réalisateurs, puisqu'ils font l'objet d'une interview filmée par Sci-fi Universe disponible en bonus du DVD du documentaire. Philippe Roure tomba un jour sur un article qui évoquait cette légende urbaine du Marvel 14, et eut l'idée d'en faire un court-métrage mêlant documentaire et fiction, à la manière d'une enquête. Il alla voir Metaluna Productions, dirigées par Jean-Pierre Putters (fondateur de Mad Movies, pour les amateurs de films de genre) et Fabrice Lambot, qui le mit en relation avec un scénariste, Jean Depelley, passionné par les comics et fan en particulier de Jack Kirby (créateur graphique des 4 fantastiques, de Hulk, des X-Men...). Tous deux partirent donc sur un documentaire de 52 minutes, avec une version raccourcie à 26. Leur témoignage me permit d'ailleurs d'apprendre comment Stan Lee fonctionnait avec ses collaborateurs : il donnait un pitch général au dessinateur, qui faisait seul le découpage, le scénario, avec des phylactères blancs, que Lee remplissait après coup, le résultat final étant souvent d'une troublante efficacité. Et voilà comment, un peu par hasard, votre serviteur comprend un élément essentiel qui lui avait échappé à la lecture d'un ouvrage sur les comics.

 

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Parmi les intervenants du documentaire, on trouve également Jean-Pierre Dionnet, fondateur de la revue Métal Hurlant, lui aussi dans le collimateur des censeurs pendant longtemps, et Alain Carrazé, journaliste et fan des comics de super-héros. Le résultat de tout ça est un documentaire franchement intéressant, mais trop court, j'imagine qu'une bonne heure et demie aurait peut-être permis de parler plus précisément de ce phénomène de censure en France dans les années 50 et 60, alors que ce n'était pas du tout le cas chez nos voisins européens...

 

Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, vous pouvez voir la version courte du documentaire (26') sur Youtube.

 

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Films
LEGER COMME UNE ENCLUME



Tony Stark est un homme comblé. Il est encore jeune (je dirais entre 30 et 40 ans), assez bien fait de sa personne, c’est un homme très intelligent extrêmement riche (il a hérité du groupe d’armement de son père. Mais au cours d’un exercice de démonstration de son dernier missile en Afghanistan, sa vie bascule. Il est enlevé par les Talibans, qui lui intiment l’ordre de refabriquer son missile (surnommé Jericho pour ses effets dévastateurs et définitifs) sur le champ. Avec l’aide de Yinsen, un autre prisonnier, il va en fait fabriquer une autre arme, susceptible de l’aider à s’évader, une armure volante faite de bric et de broc. Mais Stark doit également jouer avec le fait que son cœur a été gravement éprouvé dans son enlèvement, et qu’il doit se balader en permanence avec une alimentation électrique (au début, une batterie automobile) accroché à sa poitrine. Stark finira par s’évader, et ce qu’il a vu en Afghanistan le décide à donner une toute autre orientation à ses productions, tournant le dos à l’armement. Et comme il aime bien s’amuser, il passe les deux mois suivants dans son labo, à développer une nouvelle version, plus aboutie, de son armure. Mais ses ennemis n’ont pas baissé les bras…

Au début du film, j’étais inquiet. Pourquoi donc faire une démonstration de ses missiles en Afghanistan, alors que le pays n’est pas pacifié ? De même, réussir à construire une armure avec un prisonnier sorti de nulle part me semble bien extravagant. Autre point gênant : le film se veut bien sûr un réquisitoire contre les armes. En gros, le riche héritier qui s’amusait à inventer des ogives de plus en plus perfectionnés se rend compte que ça fait des morts, qui plus est des boys américains. Et ça, ma bonne dame, c’est inacceptable. Bref, au terme de la première bobine, la morale et les bases scénaristiques ne sont pas exemptes de tout reproche.



Et puis paf ! Stark revient chez lui, toujours aussi oublieux des petites gens qui l’entourent (y compris Pepper Potts, son assistante, interprétée par la délicieuse Gwyneth Paltrow). Oublieux même des Conseils d’administration de son groupe, lesquels commencent à le croire pris de démence. A partir de ce moment, on bascule dans le film de divertissement de haut niveau. Le discours anti-armement passe au second plan (sur le sujet, je vous recommande Lord of War), on suit Stark aux prises avec ses ennemis de l’intérieur et de l’extérieur, mon aussi l’apprentissage de son armure volante. Place donc à des scènes aux effets spéciaux remarquables, que ce soient le vol ou la constitution de l’armure (avec un gag récurrent mais efficace concernant un robot-douche). A ce sujet, il faut remarquer que la séquence où Stark se fait « habiller » par son armure est intelligente. Là où d’autres réalisateurs auraient accroché 6 ou 7 morceaux (style Les Chevaliers du Zodiaque), Jon Favreau s’attache à nous montrer les différentes pièces (des milliers en réalité, mais habilement montrées) nous rappelant que c’est quand même complexe. Le film est alors très efficace, bien mené jusqu’à la fin, et finalement l’histoire on s’en fout un peu tellement on prend du plaisir.

Le plaisir, je l’ai dit, est du fait du réalisateur Jon Favreau (Zathura et Elf), à la fois appliqué et sobre, ce qui est souvent une qualité pour un film au sujet outré comme ceux des super-héros. Bien sûr il bénéficie de plusieurs atouts majeurs : des effets spéciaux impeccables et dont la présence se justifie totalement, un scénario qui arrive à marier introduction au personnage pour le grand public et séquences attendues par les fans (le syndrome X-Men a encore frappé – ceci est une remarque positive) et une musique fort réussie. Le film réserve pas mal de moments d’humour, mais suffisamment peu pour qu’on ne se sente pas dans une parodie réalisée par un fan-boy soucieux de s’amuser. J’ai déjà évoqué un gag récurrent, mais je citerai également l’aspect « enclume » de la première armure de Stark, très proche du design de la première armure du personnage de comics. Ah oui parce que je ne l’ai pas dit, ce film est la dernière adaptation en date (et certainement pas la dernière d’un comic de l’éditeur Marvel. Du coup, l’habituelle apparition de Stan Lee, créateur de nombreuses séries chez cet éditeur (et d’Iron Man en particulier), est assez savoureuse. Iron-Man est un film sérieux, appliqué.

Mais il y a, comme dans X-Men, la valeur ajoutée des acteurs, au premier rang desquels Robert Downey Junior, à mille lieues de ses rôles dans la série Ally Mc Beal et dans A Scanner darkly, ou encore Zodiac, pour moi les sommets de son interprétation (en attendant d’avoir vu Kiss kiss bang bang). Sa prestation est parfaite, à tous points de vue. A noter qu’en attendant Iron man 2, Downey Jr rejouera Stark dans le prochain Hulk, réalisé par le Français Louis Leterrier (qui sort le 23 juillet). L’acteur livre une composition parfaite, à la fois classieuse, joyeuse et intelligente, à l’image de son personnage. Juste à côté de lui se trouve Gwyneth Paltrow, dont la présence dans un film de ce genre ne doit rien au hasard, puisque le réalisateur a souhaité engager une actrice à mille lieues de l’imagerie bimbo pour incarner l’assistante attentive et secrètement amoureuse de Stark. Même si elle a des côtés un peu Mary-Jane de Spider-Man, Gwyneth Paltrow apporte toute sa retenue et son charme au rôle. Le troisième rôle du film est tenu par Jeff Bridges (Tron, Tucker, Fisher king), acteur éclectique lui aussi inattendu dans ce genre de production. Il apporte sa roublardise à sa place de conseiller spécial/mentor/meilleur ami du père de Stark.



Ce qui fait également le « plus » d’Iron Man par rapport à d’autres productions du même genre, c’est son côté profondément humain. Contrairement aux X-Men ou à Spider-Man, par exemple, il n’est pas un mutant, juste un homme qui bénéficie d’un équipement ultra-perfectionné. De plus il possède un problème de santé grave, puisque son cœur est criblé d’éclats d’obus et que sans un appareillage particulier il fait un arrêt cardiaque. Il fallait bien un acteur de la trempe de Downey Jr pour l’incarner, un acteur pouvant à la fois faire preuve d’élégance, d’humour et de failles, il n’en existe pas des masses… Ah, et dernier point qui ne gâche rien, le film, contrairement à un métrage comme I, Robot, par exemple, ne se présente pas comme une longue suite de publicités de grandes marques. Tout juste notera-t-on que les militaires de la surveillance aérienne utilisent des ordinateurs Dell, et que la superbe voiture de Stark est une Audi.

Bref, la vision de ce film a été fort plaisante. A vue de nez, Iron Man se classe parmi le trio de tête des meilleures adaptations de comics de super-héros, entre X-Men et Batman begins. Et que penser du fait d’aller voir les aventures d’une enclume volante en compagnie d’une personne qui se fait elle-même surnommer Enclume ?

Spooky.

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