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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Il y a quelques temps je vous parlais du film éponyme réalisé par Christopher Nolan, sans tarir d'éloges à son sujet. Ca m'a donné envie de lire le roman dont il était adapté, écrit par Christopher Priest.

 

Première constatation : comme très souvent (pour ne pas dire toujours), le film est clairement une adaptation, au sens le plus simple du terme, c'est à dire une transformation. Cela se vérifie donc encore une fois, puisqu'il y a une couche narrative supplémentaire par rapport au film, à savoir la rencontre, de nos jours, de deux descendants des protagonistes principaux du film. Mais l'essentiel est là : la rivalité presque à la mort de deux prestidigi... prestigitati... deux illusionnistes des années 1870 à 1900 dans l'Angleterre victorienne. Leur relation des faits grâce à leurs journaux intimes respectifs, leur vie, leurs progrès dans l'art de l'illusion, et c'est tout. L'intrigue ne mérite pas un plus long résumé, sauf que... Sauf qu'elle s'avère riche, très riche, beaucoup plus que ce qu'il y a dans le film.

Il vous suffit de savoir que la rivalité entre Borden et Angier va bien au-delà de la mort, de la vie telle qu'on la conçoit classiquement, que le thème du double (et même du double je -non non, il ne manque pas une lettre à ce dernier mot) y tient une large place. Ce roman nous permet de nous immerger un peu dans la société victorienne, déjà largement exposée dans de nombreuses oeuvres -c'est d'ailleurs un réservoir incroyable pour les conteurs un peu en mal d'idées de départ. Je suis content d'y retrouver le personnage de Nikola Tesla, dont je vous ai déjà parlé, de retrouver certains passages importants -mais il y en a bien plus dans ce roman de 500 pages. Et, ô surprise, l'origine de l'inimitié des deux prestigita... magiciens est nettement plus dramatique que dans le film.  Et puis, le Prestige du titre n'est plus du tout le même... De là à traiter Christopher et Jonathan Nolan de tâcherons, il y a un pas que je ne franchirai certainement pas, la version cinématographique ayant réussi à garder sa propre cohérence.

 

C'est donc un roman assez touffu, à tiroirs mais aussi un peu long. Je l'avoue, certains passages du journal d'Angier, où il décrit ses tournées, m'ont un peu lassé. Bien sûr, la plupart des passages contiennent une évolution plus ou moins importante de l'intrigue, et cela aide à approfondir la personnalité du personnage, chose qui n'est pas toujours soignée dans la littérature de genre. Mais quel genre ? Difficile de déterminer. Je l'ai lu dans la collection Folio SF, l'utilisation de machines électriques ayant un rôle prépondérant dans l'histoire, l'appartenance de Christopher Priest au genre SF (il a écrit, rappelons-le, Le Monde inverti et La Fontaine pétrifiante, considérés comme des classiques du genre), me font dire qu'il s'agit là d'un récit steampunk, puisque nous sommes à l'ère victorienne et qu'aucun autre élément que ces machines ne fait entrer l'histoire dans un genre. Pour le reste, il s'agit de deux journaux intimes encapsulés par un récit à la première personne. 

 

Un roman étonnant, mais dont les longueurs ne plairont pas forcément à tout le monde...

 

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #BD

 

Il était une fois, Alphonse Tabouret. Il est né dans une forêt, avec le Monsieur, qui s’est un peu occupé de lui, mais pas très longtemps.


Un jour le Monsieur se fâche, pour une broutille de rien du tout, et laisse Alphonse tout seul. C’est là que son périple commence. Au fil des rencontres, il découvre des gens, bestioles, bidules, qui le font grandir un peu et lui font vivre des aventures chouettes et sans trop le vouloir vraiment. Le T.G.V. d’Alphonse Tabouret, c’est une promenade un peu naïve et tendre, avec parfois des trucs rigolos.

 

Quand j’ai eu le bouquin dans les mains, et que j’ai vu cette couverture, j’ai eu peur. Peur de quitter cette image magnifique, ce petit être tout simple en creux et en relief à la fois, entouré par un grand vide (celui du titre ?) et ces créatures étranges qui semblent l’attendre dans la forêt alentour. Et puis j’avais trop envie de voir ce qu’était cette petite fille aux longs bras, ce reflet seul dans une mare, à qui appartenaient ces pieds géants derrière la futaie… Embarqué dans le TGV d’Alphonse Tabouret, je me suis retrouvé à suivre les aventures de ce personnage naïf, mais si attachant, intelligent mais si seul… Car c’est là le vide d’Alphonse. Il se sent seul, il s’ennuie, il sait à peine qui il est… alors il se promène, il rencontre des gens, qui lui apprennent des choses… ou pas. Il y a des jeux de mots, des situations qui sont vraiment bien trouvés ; j’ai bien aimé par exemple l’histoire du saule pleureur, un fil narratif qui ne se dévoile qu’à sa toute fin ; ou encore un inventaire à la Prévert sur une certaine couleur, véritable trouvaille… Et puis cette langue si particulière à Sibylline, que vous ne pouvez connaître qu’en discutant avec elle, si unique, si déroutante et si jolie…

 

BD Le Trop Grand Vide d'Alphonse Tabouret


Le dessin de Jérôme d’Aviau, alias Poipoipanda, vaut à lui seul le détour. Son personnage tout simple, avec ses bras en fils, son visage lunaire et ses yeux minimalistes est d’une poésie rare, que l’on ne retrouve que dans certains albums de Lewis Trondheim, et les personnages qui l’entourent sont également d’une grande efficacité dans leur simplicité. Les décors, s’ils ne sont pas forcément fouillés, ont le mérite d’être aussi vivants que les personnages : l’omniprésence des arbres procure un sentiment de sécurité, mais aussi des possibilités narratives alléchantes. Il y a pas mal de pleines pages, où l’on trouve Alphonse en train de marcher dans la forêt, et il n’y a rien de plus universel.
Il faut aussi associer Capucine à cette belle réussite, puisque son lettrage délicat permet de suivre les dialogues tout à la fois absurdes et redoutables entre Alphonse et les gens qu’il rencontre. Ce livre est chatoyant.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Ressources et amis

 

On en parlait depuis presque aussi longtemps que les débuts de vampirisme.com. Mais ça y est, le rêve est devenu réalité, mon ami Vladkergan, créateur du susdit site consacré aux suceurs de sang (essayez de dire ça à voix haute pour voir ? ah vous faites moins les malins hein ?) lance le Salon du Vampire à Lyon. Que pourrais-je vous dire pour vous donner envie d'y aller ?

C'est un évènement de grande importance, qui est -à ma connaissance- une première en France, tout d'abord, et pour citer ce cher Vladounet, cette manifestation "se veut placée sous le signe de l’éclectisme, et où littérature, cinéma, musique et subculture tiennent une place de choix."

 

Après deux mini-conférences et deux débats sur le genre vampirique dans la librairie le bal des Ardents, c'est une péniche qui accueillera un ciné-concert. S'il y a un vampire parmi eux, gare aux autres ! Tout cela a lieu les 4 et 5 décembre, dans la capitale des Gaules ! Une occasion unique de rencontrer des amateurs, mais aussi des pointures du genre !


 

Et puis bon, j'espère bien en être, bon sang de bonsoir !

 

Pour en savoir plus, suivez ce lien vers le programme sur le site de l'association qui organise cet évènement à ne pas manquer...

 

Et toujours le site vampirisme.com pour tous les mordus ! (ahah des fois je m'étranglerais...)

 

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #BD

 

 Alfred est un auteur un peu à part dans la BD franco-belge. Voici le texte que j'avais écrit il y a quelques années pour son site officiel (aujourd'hui disparu). C'est le seul texte, dans la masse de tout ce que j'ai pu écrire, dont je sois intégralement fier.




Alfred est un drôle d'oiseau.

Dans la vie, l'appréciation de l'autre peut prendre de drôles de chemins. Il y a des coups de foudre, des revirements, mais aussi des relations qui se construisent au long cours. Au départ, je n'aimais pas le dessin d'Alfred. Mais à l'époque, je suivais de près la production du scénariste Eric Corbeyran, qui un jour m'a dit : "je connais un petit jeune, Alfred, qui a beaucoup de talent". Ensemble ils réaliseront trois albums, sans compter le collectif Paroles de taulards. Et puis, comme j'aime la BD en général, et que je suis assez curieux, je me suis plongé dans le cas Alfred. On se laisse très vite prendre par l'atmosphère très fantasy (au sens large) distillée par ses albums.

 

 
En lisant ces diverses BD, j'ai été frappé par plusieurs choses. D'abord le goût du jeune dessinateur pour les "gueules" impossibles de ses personnages, regardez la couverture de La Digue, remplie de faciès tous plus tourmentés les uns que les autres, digne d'une galerie d'outre-tombe et pourtant, inexplicablement, tellement vivants par la diversité de leurs expressions. Ensuite, parce que la plupart des récits illustrés par notre petit gars se déroule dans un univers que l'on taxerait facilement de fantastique, de prime abord, mais que j'appellerais décalé, car il n'y a pas forcément de place pour le surnaturel dans ces histoires. Plutôt un penchant pour l'absurde (La Digue), le conte (Octave), la dystopie (Le Chant du Coq) ou le torturé façon Tim Burton (Abraxas), au passage l'un des cinéastes préférés d'Alfred.

 

Serait-il donc un rêveur ? Au gré de quelques rencontres avec l'auteur, cette conviction a fini par se forger une consistance d'airain en moi. Pourquoi un rêveur ? Parce qu'il est un vrai poète de l'imaginaire, parce qu'un rêveur aime s'évader du quotidien (gris comme le rideau d'Abraxas) en planant, en voyageant, loin au-dessus de ses contemporains. Et quoi de mieux pour voyager qu'un oiseau ? L'oiseau, l'un des clins d'œil instaurés par Alfred dans ses albums... Vous ne comprenez pas ? Allons, ne me dites pas que vous n'avez jamais remarqué ce piaf en rebord de fenêtre (Le Chant du Coq), ces mouettes omniprésentes dans La Digue, au point d'en placer là où ils n'ont rien à faire (sur un chapeau dans La Digue), en seconde de couverture d'Abraxas... A croire qu'il ne peut se déplacer sans, comme en témoigne cet étourneau dessiné à la craie lors d'une mémorable photo pour le calendrier "Nu" des Editions Delcourt. On pourrait également relever ces corbeaux (plusieurs occurrences dans Abraxas), cet oiseau blanc (Abraxas encore, décidément une vraie volière), ce simulacre d'oiseau que l'on jette dans le feu dans cette même série...


Dans Un colt, qu'on en finisse !, l'oiseau (que nous avons appelé étourneau, faute de pouvoir l'identifier plus clairement) occupe une place privilégiée en tant que spectateur de la joute verbale à laquelle se livrent les deux protagonistes. On ne peut pas le louper, même s'il est au côté de deux charognards qui eux, ont tout à fait leur place dans cet album, attendant tranquillement la fin des deux personnages.
Dans un genre tout à fait différent, Alfred a dessiné un petit album d'humour, Monsieur Rouge entre en scène, aux Editions Petit à Petit ; pas d'oiseau dans cet album-là, et (peut-être est-ce lié, cet album me semble le moins intéressant dans cette bibliographie)...
La meilleure illustration étant selon moi cette petite mouette en (magnifique) couverture d'Octave et le Cachalot ; alors qu'il n'y a pas vraiment d'oiseau dans l'album, Alfred a quand même réussi à en placer un, et pas n'importe où !

Une autre constante chez Alfred, peut-être due à sa jeunesse : son intelligence éditoriale, sa soif d'évoluer. Nonobstant un style graphique complet qui n'appartient qu'à lui, il explore de nouvelles voies graphique en s'essayant au conte pour enfants (Octave) ou encore au strip humoristique (Monsieur Rouge), avec un bonheur me semble-t'il mitigé. Ce goût du semi-risque vient peut-être du passé d'Alfred qui, avant d'être auteur de BD, s'est lancé à l'âge de 18 ans dans l'expérience de la micro-édition avec la structure Ciel Ether. Une expérience qui, visiblement, lui a beaucoup servi. Ce jeune homme n'a peur de rien, et a décidé de se faire plaisir tout en faisant de la bande dessinée, ce qui est plutôt rare. La chanson dit qu'un oiseau vit d'air pur et d'eau fraîche... Alfred, lui, se nourrit du rêve des nuées, et son fluide nourricier est l'inspiration ; assurément, Alfred est un drôle d'oiseau.



Spooky.


 

Mise à jour : depuis l'écriture de cet article, Alfred a évolué vers un style plus adulte, avec des histoires parfois violentes sur le plan psychologique, et plus du tout ou presque d'osieaux. J'espère au moins que l'adolescent rêveur est devenu un homme épanoui, en même temps qu'un auteur accompli, avec cette évolution.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Jeux

 



Tiens, aujourd'hui on va parler d'un sujet totalement à part sur ce blog. Il s'agit du jeu de rôle Les Loups-garous de Thiercelieux. J'ai découvert ce truc en jouant avec un groupe de bdphiles le week-end dernier à Lyon.

Le village de Thiercelieux (curieux nom) est sous le coup d'une malédiction. Certains de ses habitants se changent en loups-garous la nuit tombée. Mais il est absolument impossible de les reconnaître en plein jour. Chaque nuit, ils se réveillent, et partent en quête de nouvelles victimes. Alors, chaque matin, les villageois s'efforcent de deviner qui est le loup-garou, quitte à tuer un innocent. Plusieurs personnages peuvent jouer un rôle important dans cette quête au loup-garou : le chasseur, qui s'efforce de le débusquer, et qui, s'il meurt, emporte quelqu'un avec lui dans la tombe. La sorcière, qui a le pouvoir de ressusciter une personne tuée pendant la nuit, ou encore la voyante, qui connaît peu à peu les vraies identités des villageois. Il y a aussi le voleur, qui a la possibilité, pendant la première nuit, d'échanger son identité (de voleur) contre l'un des personnages disponibles (en général, deux ou trois). Il peut ainsi devenir un loup-garou.


La partie est dirigée par un maître de jeu extérieur, qui ne joue pas d'autre rôle. Chaque participant voit son identité révélée individuellement durant la première nuit. Les loups-garous, qui peuvent agir en bande, peuvent donc ainsi se reconnaître. C'est au cours de la seconde nuit que les choses sérieuses commencent, et qu'un rituel se met en place. Après le tour de passe-passe du voleur, le maître de jeu appelle la voyante, qui désigne la personne dont elle veut connaître l'identité. Elle se rendort, et les loups-garous se réveillent, se mettent d'accord sur une victime, puis se rendorment. La sorcière est ensuite réveillée, on lui désigne la victime des loups-garous. Elle a la possibilité de ressusciter la victime, mais aussi d'en empoisonner une autre. c'est l'un ou l'autre. Puis elle se rendort à son tour...


Au matin, le maître de jeu désigne le nom de la/les victime(s) de la nuit. Sa carte est retournée, et son identité révélée. Cela peut, suivant les tractations de la nuit, être n'importe quel personnage. Les villageois survivants doivent alors discuter et désigner la personne qui, selon chacun, est la plus suspecte. Les loups-garous masqués participent bien sûr au débat, et ont tout intérêt à faire éliminer un bouc émissaire, de préférence un personnage susceptible de les éliminer (chasseur, voyante...). L'intérêt pour les villageois est bien sûr de démasquer un loup-garou. La personne éliminée est celle qui emporte le plus de suffrages. Le jeu s'arrête si tous les loups-garous ont été tués. C'est au cours de ces débats que se jouent la plupart des parties, car à l'intuition doit se mêler le bluff. Le joueur désigné voit sa carte retournée, et son identité révélée aux yeux de tous.


Le village se rendort, et le cérémonial reprend. Vous l'aurez compris, les possibilités sont multiples. Les relations peuvent complètement se détériorer au cours d'une partie. A coup de bluff, d'intuition, de manipulation, c'est une lutte qui reviendra au plus malin. Le risque est aussi, pour les plus chevronnés, de se faire éliminer très vite, car ils connaissent le jeu, et masquent parfois trop leur vraie nature, ce qui entraîne la méfiance des joueurs débutants. Il est parfois possible de retourner une tendance dans les votes, à coups de bluff, et d'hénaurmes affirmations parfois. Les joueurs peuvent aussi mentir éhontément "vous faites une grave erreur, je ne suis pas le loup-garou !"

Ce qui est bien dans "loups garous", c'est que le fait d'être mangé en pleine nuit (et donc d'être éliminé) ne vous met pas hors jeu : c'est très plaisant de découvrir la nuit suivante les identités de ses bourreaux et d'assister ensuite aux attaques et défenses verbales des uns et des autres ! on se délecte parfois du talent de menteur de certains

Et puis, ce jeu est plein de certitudes plus infondées les unes que les autres ! "je suis sûr que tu es un loup garou !" dit un villageois à un autre ; "ah je savais que c'était toi !" dit l'autre après avoir accusé et tué les 3/4 de ses amis villageois...


Notez que pendant la nuit, mis à part le maître de jeu, les bruits sont rares, puisque les loups-garous, la sorcière et les autres doivent désigner leurs victimes, et s'exprimer par gestes (ou par le regard, éventuellement). Les autres villageois ont donc tout intérêt à être attentifs aux bruits, cela peut les orienter dans leurs choix... Il ne faut pas s'endormir pour de vrai... Les loups-garous peuvent aussi jouer le bluff pendant ce temps-là, et faire du bruit tout le temps, histoire de brouiller les pistes... Le jeu peut être corsé par l'ajout d'autres personnages, comme le capitaine, dont la voix compte double au moment du vote, et qui doit désigner un successeur s'il vient à être éliminé, ou encore la petite fille, qui peut entrouvrir les yeux au moment où les loups-garous désignent leur victime... Position risquée, car si les méchants prédateurs la voient, c'est elle qui risque de se faire croquer !

Bref, comme vous le voyez, autour d'un concept très simple, c'est un jeu très intéressant, qui permet d'étudier la psychologie de chacun des joueurs. Et même des gens qui se connaissant intimement depuis plusieurs années, peuvent être déroutés par leurs proches... Le jeu peut se jouer à partir de 8 joueurs, jusqu'à 18 ou 20 je crois, mais ne devient vraiment intéressant qu'avec 12 à 15 joueurs.


Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille le site officiel du jeu.

Bonne partie !

 

Spooky.

 

Bonus : les bons conseils de Maître Ryle sur ce jeu et d'autres :

 

Pour l'avoir essayé, je confirme que ce jeu est effectivement très bien (pour ceux qui l'ont connu, le principe est un peu le même que ce jeu de killer où l'assassin devait faire un clin d'oeil à sa victime sans se faire repérer par les autres qui devaient le démasquer). Il a l'avantage d'être destiné à un grand nombre de joueurs (dans un sens c'est également un inconvénient, car il n'y a aucun intérêt d'y jouer à moins de 6), mais pour les grosses soirées entre copain où l'on ne sait pas quoi faire, c'est vraiment sympa

 

Le format également très pratique, puisque loin des encombrantes boites de monopoly et consorts, il s'agit simplement d'un jeu de cartes.

Il y a d'ailleurs pas mal de bons jeux qui sortent régulièrement sous ce format et qui passent totalement innaperçu du grand public. Certains font même appel à quelques noms célèbres de la bd pour illustrer ces cartes, je pense nottament à Florence Magnin (L'autre Monde, Mary la noire) qui a illustrer certains de ces jeux : Guildes, Pirates des Caraibes (aucun lien avec le film.. enfin si, c'est quand même une histoire de pirates dans les caraIbes, mais il doit avoir au moins 10 ans), Il était une fois, ...

 

En voici quelques uns à essayer également, ceux-ci ont l'avantage de pouvoir être joués par un nombre plus réduit de joueurs (3 min) :

- Il était une fois (Halloween Concept) : chaque joueur dispose de cartes représentant personnages (un roi, un méchant, des loups, ...), lieux (une tour, une forêt, un royaume, ...) objets (un couteau, une fenêtre, ...) et événements (une dispute, des retrouvailles, ...) et doit les utiliser pour composer une histoire. Il dispose également d'une carte "conclusion" (du style "et ils vécurent heureux", "il retrouva son frêre perdu", "et selon la légende ils dansent encore", ...) par laquelle il doivent achever lors histoire, chaque joueur essayant d'amener l'histoire vers sa conclusion à lui

 
- Citadelle (Multisim) : les joueurs doivent bâtir la cité la plus puissante. Ils incarnent à tour de role roi, marchand, voleur, clerc etc. chacun disposant d'un talent spécial (le marchand gagne plus d'argent pour construire sa ville, le voleur peut se servir dans la bourse d'un autre etc.)

- Wanted (de jesaisplusqui) : Bienvenue au far west. Les joueurs ici se divisent entre sherifs, adjoints, bandits, chasseurs de prime, ... chacun ayant un but précis (les adjoints doivent proteger le sherif qui doit arrêter hors la loi et renégats, qui veulent l'abattre lui et les chasseurs de primes, etc.). Tout cela se joue à coup de fusillade et de duel en fonction des cartes tirées (armes à longue ou courte portée, munitions, ...).
Comme pour les loups, les joueurs jouent ici leur carte face cachée, et en dehors du shérif qui porte une jolie étoile, il est difficile de savoir si le joueur à côté de vous est votre allié ou votre ennemi, voire juste quelqu'un qui a seulement besoin que vous surviviez un tour ou deux de plus

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

Mesdames, Messieurs, un peu de sérieux, je vous prie.

Si vous faites partie du monde occidental, vous savez que le 11 septembre 2001 a été une énorme conflagration, et probablement l'événement fondateur de l'entrée dans le XXIème siècle. Comme vous le savez, 4 avions avaient été détournés pour atteindre et détruire des objectifs majeurs, représentants symboliques de la puissance américaine. Les Etats-Unis, qui se pensaient invincible sur leur propre sol, ont subi de plein fouet ce traumatisme.


Près de 5 ans plus tard, après de nombreux reportages et documentaires, c'est le cinéma qui s'empare de l'événement. Premier de cordée, Vol 93, réalisé par Paul Greengrass (Bloody Sunday, La Mort dans la Peau), se pose d'ores et déjà comme un classique incontrournable.

Parce qu'il ne s'embarrasse pas d'effets inutiles. Parce qu'il n'y a aucune star dans son film, et même des amateurs, comme le responsable du contrôle aérien, qui est le Vrai. Parce qu'il s'est basé sur les archives nationales, les témoignages des familles de victimes, ou encore les données de la boîte noire de l'avion, Greengrass a probablement raconté une histoire à 90% vraie.


Vol 93 raconte le destin des 100 ou 200 passagers et membres de l'équipage de l'avion qui porte le même nom de code.  Le film raconte, en temps réel (sur 95% du métrage), ce qu'il est arrivé à cet avion, le seul à ne pas avoir atteint sa cible, à savoir la Maison Blanche. La préparation des derniers instants pour les 4 terroristes. L'attente fébrile dans l'avion, qui prend du retard au décollage. Le détournement effectif de l'avion. la révolte des passagers, qui comprennent qu'il s'agit d'une mission suicide. Si j'utilise des phrases courtes dans ma note, c'est que le film est comme ça. Des coups de poing assénés à la chaîne.


Pourtant, Greengrass ne sombre pas dans la facilité politique. Il filme son histoire caméra à l'épaule, l'avion tressaute à la moindre turbulence... Ses héros ne sont pas des foudres de guerre. Ses pirates kamikazes ne sont pas des monstres sanguinaires, juste des fous de dieu qui ont été manipulés. Son avion n'est pas une espèce de super-tank filmé comme une voiture. Non. les faits, rien que les faits. Résultat, on est scotché au siège quand la fin -inéluctable, brutale, définitive- survient sur le grand écran. On était dans l'avion avec eux, on avaie envie de tout faire pour que ce tombeau volant parvienne à être repris... On était aussi à New York, à Washington, à Boston, dans ces salles du contrôle aérien, à vouloir leur dire que c'est un détournement, et même une mission suicide... On y était, bordel...

 

Spooky.


 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres



Entre la rédaction de Bilbo Le Hobbit (commencée, selon la légende, dans les tranchées françaises pendant la guerre de 14-18) et Le Seigneur des Anneaux, sorti en 1954-55, JRR Tolkien n'a cessé de développer la toile de fond de sa somme romanesque. S'il est acquis que la version "définitive" du Silmarillion fut prête en 1930, la matière première qu'il représentait a tout de suite été développée et déclinée en divers récits. Parmi les histoires les plus typiques se trouve celle de Beren et Luthien, deux Elfes qui ont parcouru le Beleriand, dont Tolkien n'a cessé de réécrire l'histoire. Le présent volume, qui constitue le tome III de l'Histoire de la Terre du Milieu, comporte deux versions de ce récit en vers. Car oui, le Professeur écrivait aussi de la poésie à ses heures perdues... Cette édition et cette traduction sont un évènement, car très peu d'éditeurs de par le monde s'y sont risqués, malgré le nom de l'auteur. Le Lai de Leithian comporte 4200 vers et 13 chants, lisibles aussi bien en français qu'en anglais dans cette édition, et abondamment commenté par Christopher Tolkien, qui revient, en fonction des éléments dont il dispose, sur la genèse, la composition, et même la réécriture dans le cas de certains passages. Christopher nous livre également le commentaire parodique de CS Lewis, ami de l'auteur et écrivain, qui témoigne de l'importance de leur relation et de leurs échanges sur la littérature.  Le Lai des enfants de Hùrin raconte le destin tragique de Tùrin Turambar, lequel sera ensuite plus développé dans le récit Les Enfants de Hùrin (un de mes textes favoris de Tolkien, comme vous le constaterez en suivant le lien). Ce texte comporte quant à lui 2300 vers dans sa version poétique.

 

Beren et Luthien


 

Le commentaire de Christopher Tolkien témoigne d'une connaissance accrue de l'oeuvre de son père, mais aussi, parfois, des "trous" qu'elle peut comporter. De ses contradictions, aussi. Au fil des réécritures, des relectures, des révisions, les noms, les lieux, les évènements fluctuent, parfois beaucoup. Beleriand s'appelait au départ... Broseliand. Et ce n'est pas anodin puis l'ensemble du Cycle d'Arda est censé nous raconter les premiers âges du monde, de notre monde, avant l'histoire, voire la Préhistoire telles que nous les connaissons. Le Beleriand aurait donc été l'ancêtre de notre actuelle petite forêt bretonne, théâtre de tant de récits arthuriens entre autres...  Dans l'oeuvre tolkienienne, il fut le théâtre de nombreuses guerres entre les Elfes et Melkor (Morgoth), le mentor du redoutable Sauron du Seigneur des Anneaux (lequel s'appelait d'ailleurs Thû dans les premières versions de ces textes).

 

En quelques mots, voici l'histoire de Beren et Luthien. Beren, dernier survivant d'une lignée noble d'Hommes ayant lutté contre Melkor, erra quelques temps dans le Beleriand, luttant toujours de façon sporadique contre le tyran d'Angband (Melkor, donc). Il parvint un jour à pénétrer au royaume de Thingol, roi elfe, malgré la protection de Melian, grande magicienne elfe. Il tomba amoureux de Luthien, fille du roi, mais fut bientôt amené devant Thingol, furieux de cet amour clandestin. A la demande de Luthien, Thingol promit la main de sa fille contre un Silmaril, ces pierres précieuses dotées de grands pouvoirs et objets de tant de convoitises. Beren partit donc en quête de l'artefact, bientôt rejoint par sa bien-aimée, et tous deux parvinrent à dérober un Silmaril à Melkor. Mais un loup gigantesque, Carcharoth, lui dévora la main, et c'est mutilé que Beren revint réclamer la main de Luthien. 

L'autre récit est bien sûr largement commenté dans le lien ci-dessus.

 


 

Je vous avoue que je ne suis pas un grand amateur de poésie ; c'est même contraint et forcé par les programmes scolaires et universitaires que jen ai lu dans mes jeunes années. Il n'y a vraiment que Tolkien pour me faire sortir de ma tour de verre. Alors bien sûr, la majesté des mots, l'enchaînement parfois sublime des séquences ont de quoi forcer le respect. La longueur des poèmes ici présentés est quand même quelque chose d'impressionnant. Mais je n'aime toujours pas ça. La faute à un rythme qui ne me "parle" pas, à des fioritures, des licences poétiques qui me donnent l'impression de perdre mon temps de lecteur... Du coup je décroche et perds facilement le fil du récit. J'ai eu besoin de l'excellente notice de tolkiendil.com pour comprendre enfin ce que j'ai lu... Je préfère toujours, et de loin, les versions en prose. Malgré son côté fourre-tout et limite bordélique, Le Silmarillion (publié en 1977 par Christopher aidé de Guy Gavriel Kay) reste quand même une référence pour certains textes... Cependant je rends hommage, et ceci de façon appuyée, au travail de traduction et d'adaptation de Daniel Lauzon et Elen Riot. Car au-delà de la traduction littérale, il faut aussi respecter la métrique, la rime que l'on crée, et garder le sens général à l'intérieur d'une même phrase. Un boulot de titan, qui a permis au public francophone de découvrir ce texte sans doute admirable.

 

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Vie du blog

 

Depuis une bonne douzaine d'années à présent, Ansible sévit pour vous faire partager ma passion des mondes de l'imaginaire. SF, fantasy, fantastique, horreur, thriller, tout ça a été passé au crible sur papier (eh oui !), sur un site web, et déjà sur deux blogs. Au fil du temps, diverses personnes y ont collaboré, par le biais de chroniques, de réflexions, d'illustrations, de courrier des lecteurs aussi. Ils sont venus, ils sont partis, certains sont toujours là, à mes côtés. Je voulais déjà leur dire un énorme MERCI pour m'avoir aidé à faire ce fanzine sans aucune ambition autre que de vous divertir sur des thèmes qui nous sont tous chers.

 

Un petit coup de pouce d'ailleurs à quelques habitués/anciens collaborateurs :  Marv', pierig, Goldesch, GiZeus, Vladkergan, Erwelyn, Rill@o, Toxic et re-Toxic... Allez donc faire un tour sur leurs blogs, ça vaut le détour... Il faudra que je vous parle de tous ces copains, tiens...

 

Mais n'ayez crainte, le présent message n'a pas pour but de vous prévenir d'un quelconque arrêt du fanzine, je le voudrais que j'en serais bien incapable d'ailleurs. Non, simplement, si vous avez envie de parler d'une oeuvre, d'un auteur, d'un genre, si vous n'avez pas de moyens (site internet, magazine, blog, pigeon voyageur) pour le faire, Ansible vous tend les bras ! Et si vous hésitez, que vous êtes timides, parlez-m'en, je vous aiderai à vous déniaiser...

 

En espérant lire vos noms ou pseudos au bas des prochains articles,

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

Voici un dessin retraçant le destin cinématographique de Bilbo le Hobbit, premier roman de JRR Tolkien, et plus ou moins considéré comme une préquelle au Seigneur des Anneaux...  Merci au site elbakin.net qui a diffusé cette image.

 

Spooky.



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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Vingt ans après, me voilà à relire -et pour la première fois !- l'une des œuvres qui ont forgé mon imaginaire, donné envie de découvrir de nouvelles contrées et, à mon tour, modestement, de coucher sur le papier quelques petites histoires. Car si je n'ai rouvert Le Seigneur des Anneaux pendant deux décennies, l'univers fabuleux créé par Tolkien ne m'a quasiment jamais quitté. Depuis 1990, j'ai lu une partie de ses œuvres, toujours en cours de publication en France, prolongé mes visites en Terre du Milieu par des lectures analytiques (parfois en anglais), et si vous êtes un(e) fidèle lecteur/trice de ce blog, vous avez pu mesurer l'ampleur de cette passion. En gros je vous en rabats les oreilles et les mirettes :)

 

Il y a trois ans j'avais même pu évoluer virtuellement dans cet univers par le biais du jeu video en ligne qui porte le nom du roman. Il en est même résulté plusieurs dizaines de comptes-rendus de quêtes qui n'amusaient presque que moi. Mais je n'osais me remettre à cette lecture, pourtant si évidente. La peur d'être déçu, de ne pas trouver dans cette œuvre -pourtant élue "roman du siècle" par les universitaires anglais (oui bon)- toutes les vertus, toute la richesse qu'on lui prête, tout l'émerveillement que j'avais éprouvé à l'âge de 15 ans... Ce n'est qu'après quelques discussions avec des amis (qui se reconnaîtront) que je me suis finalement décidé. Cet article ne se veut pas une analyse complète, ni même esquissée du bouquin (il faudrait probablement rédiger une véritable encyclopédie pour cela !), mais une suite -ordonnée, je l'espère- de réflexions qui me sont venues au fil de ma lecture, enrichie par d'autres lectures exégétiques. L’occasion pour moi de relire certains de mes articles précédents et le cas échéant, de les corriger. Mais rassurez-vous, je n’ai pas cédé au syndrome Tolkien consistant à réécrire encore et toujours mes textes.

 

 

Après une lecture fade, frustrante et inutilement tarabiscotée, j'ai laissé en plan le roman de hard SF que j'avais emprunté à ma bibliothèque et me suis replongé dans La Communauté de l'Anneau, premier volet du triptyque. Pour les néophytes l'entame du roman pourrait constituer une barrière infranchissable. Tolkien y prend le temps de développer la société hobbite, du nom de ces petits êtres paisibles qui marchent pieds nus et vivent dans la Comté.

 

C'est à la faveur d'une fête d'anniversaire du plus fameux d'entre eux que l'histoire démarre véritablement. Car Bilbon Sacquet défraya en son temps la chronique en allant vivre des aventures échevelées hors de la Comté (ces aventures sont contées de fort belle manière dans le roman Bilbo le Hobbit, dont le ton est plus enfantin que dans Le Seigneur des Anneaux). Ce qui fit de lui un original, un fou et une légende. Lors de ses 111 ans, il disparut subitement, au propre comme au figuré, laissant son smial (un trou dans un tertre faisant office de maison hobbite) à son neveu Frodo. Mais l'héritage le plus précieux de ce dernier est plutôt un anneau en or, portant d'étranges inscriptions en runes elfiques, qui possède entre autres le pouvoir de rendre invisible celui qui le passe à son doigt. Conseillé par Gandalf, un sorcier en qui Bilbo avait toute confiance, Frodo décida de partir à son tour quelques années plus tard afin de détruire l'Anneau, dont le maléfique propriétaire vient de se réveiller au loin. Commence alors pour Frodo, accompagné de son jardinier Sam et de ses amis Merry et Pippin, la plus incroyable des aventures...


 

Je l'ai dit, cet univers ne m'a pas quitté depuis 20 ans. Mais en 20 ans, on oublie des choses. On oublie la traversée inquiétante de la Comté, avec de sombres cavaliers aux trousses. On oublie que les Hobbits ont failli périr dans les Hauts des Galgals, ce plateau glacial où des tertres funéraires sont hantés par des créatures aussi mystérieuses que fatales. On oublie (bien aidé par les films de Peter Jackson) tout l'épisode concernant Tom Bombadil, personnage mystérieux et champêtre que les commentateurs ont fini par ériger en parangon de la nature, de la paix et de la poésie intemporelles.  Un personnage littéralement adoré par les lecteurs du roman. On oublie l'importance du Conseil d'Elrond, qui contient en germe beaucoup d'éléments propres à la terre du Milieu. Bien que située en début de roman, cette séquence tient une place centrale, névralgique. On peut y voir les relations (et donc la méconnaissance) des différentes peuplades et races, l'importance des légendes, la noblesse, innée ou acquise, de certains protagonistes. Mais aussi la possibilité pour des personnages que l'on aurait pu penser mineurs, de s'affirmer.


Dans Le Seigneur des Anneaux on parle très peu des dieux, la prière des personnages se réduit souvent à des chants pour se donner du courage. Pourtant Tolkien était un chrétien très croyant, mais il ne souhaitait pas faire de prosélytisme. Les notions de Bien et de Mal sont très présentes en arrière-plan du roman, et une seule séquence, si l’on en croit les exégètes, nous montre une volonté supérieure qui tire les ficelles lors de l’affrontement entre Gandalf et le Balrog dans la Moria. Gandalf en sortira transfiguré, au sens propre du terme, et le parallèle avec une figure christique est facile.



 

L’élément central du roman est bien sûr l’Anneau que porte Frodo, un terrible fardeau puisque celui-ci, outre une puissance quasi infinie, est aussi une maladie qui ronge son porteur. Gollum, ancien porteur de l'Anneau, –qui a fait l’objet de nombreuses analyses- a irrémédiablement été transformé physiquement et psychologiquement, et Frodo n’en guérira jamais complètement. On a souvent reproché à Tolkien d’avoir fait de son roman une longue métaphore de la seconde guerre mondiale. Et surtout de faire l’apologie de la guerre, de la violence ; il est vrai que plusieurs batailles sont décrites au fil du roman. Il faut biaiser cette impression, sachant que Tolkien a participé à la première Guerre mondiale (dans les tranchées en France), et qu’il était un humaniste convaincu. Cependant des passages du roman peuvent entraîner la confusion, comme par exemple lorsque Pippin espère à haute voix la fin de la guerre et que l’instant d’après il admire la prestance guerrière d’un allié qu’il vient de croiser. La naïveté, ou plutôt l’ingénuité du Hobbit permet d’affranchir Tolkien de toute ambivalence à mon avis, les réflexions de celui-ci étant dictées par ses humeurs, un peu comme un jeune enfant.

Le Mal semble aussi avoir une origine géographique ; ainsi dans le roman, l’Est semble presque systématiquement être synonyme de malveillance, puisque c’est vers l’est de la Terre du Milieu que Sauron tient sa forteresse. Ce qui nous permet de glisser vers le thème du racisme, dont a été taxé pendant longtemps l’auteur, notamment en raison de la personnification ou la manière de s’exprimer de ses créatures maléfiques. Le rapprochement avec les Allemands (soyons clairs) est totalement idiot puisque l’auteur s’est déclaré très tôt opposé au nazisme, mais qu’il était de tout cœur avec le peuple teuton. Et puis soyons sérieux, la Communauté de l’Anneau comprend des êtres assez dissemblables dans leurs langues, leurs coutumes, leur aspect physique également. 

 


 

Le temps crée aussi des raccourcis. Comme les chamailleries incessantes du nain et de l’Elfe. Ou le rôle de Boromir réduit à celui de simple spectateur. Dans l’absolu aucun des membres de la Communauté n’est laissé de côté, traité comme un figurant. Mais dans le prologue, Tolkien parle largement des Hobbits, peut-être parce que ceux-ci sont une création de son fait, alors que Nains et Elfes existaient déjà dans les mythologies. A noter que les Hobbits ont un côté un peu « enfantin » ; ils sont capables de deviser de choses futiles au bord du gouffre…

 

Mais le temps a figé des expressions immortelles : « l’arc de Legolas chantait. » « Vous ne pouvez passer. » « Monsieur Frodon ! »...

 

A la relecture, on remarque des défauts de traduction, des éléments qui se contredisent. Mais aussi des unités de mesures typiquement britanniques qui auraient mérité soit une note, soit d’être réellement converties en système métrique. Vous savez, vous, à quoi correspond un furlong, un yard, un mile ? A la décharge de Francis Ledoux, le traducteur français, la somme de travail devait être gigantesque et il n’avait pas forcément le temps de tout réviser. Une révision de cette traduction est en cours, initiée par Vincent Ferré, chargé des œuvres de Tolkien chez son éditeur, Christian Bourgois.


 

Un élément dont je n’avais pas pris conscience lors de ma première lecture, c’est l’omniprésence, ou du moins la forte présence, des chants. Chacun des membres de la Communauté, à un moment ou à un autre, entonne un chant. Pour se rassurer, pour exprimer ses sentiments, comme la peur, la joie, la peine, pour évoquer des figures légendaires ou des temps lointains, pour se donner du courage, etc. La Terre du Milieu doit son existence à un chant ou une musique, celui ou celle des Ainur, avec l’aide d’Ilúvatar. Lorsque nos amis séjournent à la Lorien, ils entendent les chants des Elfes. Pendant la bataille, les Orques aussi chantent à leur façon. Même l’arc de Legolas chante !


 

Rapidement la Communauté se fragmente (avant de se retrouver) en duos. Frodo/Sam (j’y reviendrai d’ailleurs), Aragorn/Gandalf, Pippin/Merry, Gimli/Legolas. Seul Boromir est à part, encore que parfois on puisse le mettre aux côtés d’Aragorn, Gandalf étant un personnage très particulier. Après la séparation des membres, certains forment un duo avec un personnage secondaire. On a alors des duos tels que Pippin/Denethor, Merry/Theoden, Merry/Eowyn, Eomer/Aragorn, etc. Cette propension à la dualité ou à l’amitié virile à son revers : la forte présomption d’homosexualité de certains des personnages. Un passage ou deux concernant Frodo et Sam ne laisse d’ailleurs pas de doute, Sam se disant par exemple « je l’aime ». A plusieurs reprises, le jardinier se presse contre son maître, l’embrasse. Les mots ne vont pas plus loin, mais l’impression est forte. La remarque vaudrait aussi pour les « couples » Aragorn/Eomer et Legolas/Gimli, mais à des degrés moindres. Les théoriciens sur ce sujet arguent aussi de l’absence flagrante de personnages féminins dans le récit : aucune femme dans la Communauté, et la présence féminine se réduit à Arwen, Eowyn et Galadriel. Tolkien n’était pourtant pas misogyne, il aimait infiniment sa femme, qu’il a d’ailleurs un peu transposée dans Arwen, l’Elfe qu’aime Aragorn.

 

 

Sur l’ensemble du roman, on notera que le second volume, Les Deux Tours, est moins jouissif que le premier. Il y a beaucoup de batailles, moins de découverte du monde merveilleux (enfin, tout est relatif) créé par Tolkien et de ses créatures, même si sur le plan narratif il avance beaucoup. Pas mal de questions se font jour. C’est d’ailleurs là le principal défaut inhérent au SdA : tellement de choses sont suggérées, effleurées, que c’en est presque frustrant ; et seule une partie sera contée ou dévoilée dans le roman ou dans les autres volumes de l’Histoire de la Terre du Milieu…


 

Le Retour du Roi, volet conclusif, nous montre l’achèvement des différents fils narratifs, le destin de nombreux personnages, principaux ou secondaires, et s’étire en une longue conclusion. Il fallait bien ça pour la foule des héros heureux ou malheureux. Il lui manque cependant une touche finale, un épilogue se déroulant quinze ans plus tard, mais que Tolkien n’a pas jugé bon d’inclure dans la version originale, ni même dans les éditions ultérieures. La qualité d’écriture de ce chapitre est un cran en-dessous du reste, mais pour la cohérence de l’ensemble, il eût peut-être été intéressant de l’intégrer. A priori ce n’est pas prévu dans la révision de la traduction en cours chez Christian Bourgois, l’éditeur.

 

Le Seigneur des Anneaux est un voyage dans le temps, qui nous propose un decorum moyenageux, mais avec des personnages fantasmés, tels les Orques, le Balrog ou encore… les Hobbits. C’est donc de la fantasy ; on considère d’ailleurs que Tolkien, qui n’a pas « initié » le genre, en a pour longtemps figé les codes. C’est aussi un voyage dans l’espace, au travers bien sûr des déplacements de membres de la Communauté, dans une partie de la Terre du Milieu. Certains lieux sont seulement évoqués, mais permettent au lecteur de rêver, de fantasmer sur ce qu’ils pourraient être. La lecture du Seigneur des Anneaux sans de fréquents retours à la carte qui y est accolée n’aurait d’ailleurs pas la même saveur. Un voyage dans les mots, puisque la langue elfique en particulier y fait quelques incursions.


 

 

Mais si l’on ne s’attache pas trop à ces incohérences –mineures pour la plupart-, il n’en reste pas moins que le Seigneur des Anneaux est un formidable roman d’aventure, une épopée magnifique avec des personnages inoubliables. Ce n’est que la partie immergée de l’iceberg, une sorte de « porte-étendard » d’une œuvre touffue, un véritable univers complet dont je vous ai déjà largement parlé, et vous parlerai encore.

 

 

Spooky.

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