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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

Résultat pour “communauté de l'anneau

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Christopher Tolkien, fils de l'auteur, a extrait le conte des amants Beren et Lúthien de L’Histoire de la Terre du Milieu, la série de 12 volumes qui réunit et analyse la fiction de J.R.R. Tolkien. L’histoire de Beren et Lúthien a évolué depuis sa première écriture en 1917 et a été retravaillée en diverses formes, y compris en poésie. Pour refléter cela, le nouvel ouvrage s’ouvre avec le texte originel de Tolkien, avant d’inclure des passages de textes plus tardifs qui retravaillent le conte. Présentés ensemble pour la première fois, ils révèlent des aspects de l'histoire jusqu'alors rejetés.

 

[SPOILERS] Seul rescapé d'une armée d'Hommes qui combattit le maléfique Morgoth, Beren pénétra dans le royaume elfique du Doriath. Là, il vit la jeune Lúthien, fille du roi elfe Thingol, danser dans une clairière, et en tomba instantanément amoureux. Pensant lui imposer un défi impossible à relever, Thingol lui demanda de récupérer un Silmaril, un joyau magique serti dans la couronne de Morgoth, s'il souhaitait épouser sa fille. Beren partit donc avec une dizaine de compagnons, dont le roi elfe Felagund (d'un royaume voisin), et fut fait prisonnier par Sauron, lieutenant de Morgoth. Pressentant le danger encouru par son fiancé, Lúthien entreprit de voler à son secours, mais fut retenue prisonnière par son père, puis en chemin par les maîtres d'un chien géant, Húan, avec lequel elle se lia d'amitié.

Avec l'aide de Húan, elle parvint à s'échapper, arriva chez Sauron, le défit sans le tuer, puis abattit la forteresse et libéra les prisonniers. Après une bagarre avec les maîtres de Húan, le couple reprit la quête du Silmaril et se rendit chez Morgoth, revêtu des peaux de deux serviteurs du malfaisant seigneur, un loup-garou pour Beren et une vampire pour Lúthien. Démasquée, la princesse elfe réussit néanmoins à envoûter Morgoth en dansant et chantant pour lui. Le couple put récupérer le joyau, mais à la sortie fut attaqué par Carcharoth, un loup géant serviteur de Morgoth. Beren y perdit la main tenant le Silmaril après que le loup l'ait prise entre ses crocs. Le couple se rendit devant Thingol pour lui prouver qu'ils avaient tenu parole ; Thingol exigea de voir le joyau, et Beren lui dit qu'il était dans sa main, laquelle n'était plus rattachée à son bras. Carcharoth, lui, était en train de ravager les terres de Thingol, lequel partit avec Beren, Húan et quelques autres le tuer. Mais Beren et Húan ne survécurent pas à la bataille.

Inconsolable, Lúthien partit dans les chambres de Mandos, l'équivalent du monde des morts, et réussit à le convaincre de ressusciter son fiancé. En échange, la princesse elfe devint mortelle. Beren et sa fiancée partirent vivre cachés sur une île, où ils eurent un fils, Dior, futur grand-père d'Elrond, que les lecteurs du Seigneur des Anneaux connaissent bien. Thingol fut plus tard tué, le Silmaril volé par des Nains, avant d'être repris par Beren avec l'aide d'Elfes verts et d'Ents. Après sa mort, il revint à Dior, qui régna à son tour sur le Doriath. Sa fille Elwing put ensuite plaider auprès des Valar pour qu'ils attaquent Morgoth. Mais ceci est une autre histoire... [FIN SPOILERS]

 

Alors qu'on pensait que Christopher en avait terminé avec les ouvrages relatifs à la Terre du Milieu, il nous offre ce dernier joyau, qui tient une place tout à fait particulière dans l'oeuvre de son père, puisqu'elle contient en creux bon nombre d'éléments qui vont déterminer la suite de l'Histoire de la Terre du Milieu, comme la future guerre faite à Morgoth, prédécesseur et maître de Sauron, que les Hommes et les Elfes reviennent en odeur de sainteté auprès des Valar (de puissants êtres qui ont presque tout créé en Terre du Milieu), et qu'un Silmaril, un bijou intimement lié à ce monde, a pu être recouvré par les forces du bien, si on peut les appeler ainsi. Les lecteurs du Seigneur des Anneaux en ont connaissance par le récit qu'en fait Aragorn auprès de la Communauté de l'Anneau lors de leur périple, mais aussi par sa propre histoire d'amour avec Arwen, qui présente des coïncidences troublantes avec celle de leurs aïeux (humain/elfe...).

 

 

Mais l'intertexte de ce conte, qui a connu de nombreuses réécritures, renvoie également à l'histoire intime de Tolkien, puisque le personnage de Lúthien lui a été inspiré par son épouse Edith. Lors d'une période de convalescence qu'il passe près du village de Roos pendant la première guerre mondiale, en Angleterre, Tolkien voit son épouse Edith le rejoindre, et au cours d'une promenade dans le bois voisin, assiste à une danse pleine de grâce de celle-ci au milieu des ciguës. La scène sera directement retransposée par l'écrivain dans son conte, et à la mort d'Edith, il fit apposer le nom de Lúthien sur sa pierre tombale. A sa disparition, en 1973, leurs enfants firent écrire celui de Beren sur sa tombe. Difficile de faire plus romantique, n'est-ce pas ?

 

Le conte contient également de nombreuses références aux différentes influences (en général nordiques ou anglo-saxonnes) de Tolkien. Christopher le dit dans sa longue préface : il n'y a aucun matériau inédit -pour les anglophones, s'entend- dans cet ouvrage. Les différentes versions du conte, en vers ou en prose, sont présentes qui dans Le Silmarillon, qui dans L'Histoire de la Terre du Milieu (dans des tomes non encore traduits en français). Si vous ne connaissez de l'auteur que ses deux romans principaux, vous découvrirez un autre pan incroyable de son imaginaire dans le monde d'Arda, servi par une écriture magnifique. Les passages en vers sont de très haut niveau, et les traducteurs successifs, Daniel Lauzon, Elen Riot et Adam Tolkien (dans le désordre), ont su rendre justice à cette qualité sans la dénaturer. Le matériau, d'un point de vue éditorial, sent donc un peu le réchauffé. Mais il offre l'avantage de regrouper en un seul ouvrage toutes les versions du conte, dans une version aussi expurgée que possible de notes de bas de page ou d'annexes, une caractéristique des Tolkien père et fils. Seule une liste des noms (très nombreux), avec une petite explication, vient compléter l'ouvrage. Pour l'occasion, l'illustrateur Alan Lee a réalisé une dizaine de peintures magnifiques, marquant certains épisodes du conte. Un ouvrage précieux, donc.

 

Le voilà, peut-être, le testament littéraire véritable de JRR Tolkien, mais aussi celui de son fils Christopher, qui devrait arrêter sur cet ouvrage son activité d'éditeur sur les oeuvre de son illustre père. A 93 ans, il est temps, me direz-vous... Beren et Lúthien est, pour moi, la quatrième pierre angluaire de l'histoire de la Terre du Milieu, avec Le Seigneur des Anneaux, le Hobbit et Les Enfants de Húrin. Excellente lecture.

 

Spooky

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Pour conclure cette année 2014 riche en tolkienneries, rien de tel -en attendant le visionnage de la Bataille des Cinq Armées- que de lire un bon bouquin analysant l'oeuvre de son écrivain préféré. Treize ans après Tolkien : Sur les rivages de la Terre du Milieu et dix ans après Tolkien : trente ans après, qu'il a dirigé, l'universitaire Vincent Ferré propose un nouvel ouvrage rassemblant les différents articles qu'il a pu rédiger au sujet du professeur et que l'on trouve également sur son site dédié.

 

Vincent Ferré est l'un des plus éminents spécialistes du sujet en France, et son analyse, qui se veut autant critique que comparative, permet de replacer de nombreux éléments dans leur contexte, lui qui aborde de nombreux motifs relatifs à l'Oeuvre tolkienien, certains inédits à ma connaissance.

 

Dans un premier temps Vincent Ferré rappelle la genèse de l'oeuvre de Tolkien, ce goût immodéré pour certaines langues anciennes qui l'a amené à créer les siennes, puis à écrire des histoires pour les mettre en scène, lesquelles histoires ont fini, pour une grande partie par faire aprtie d'un vaste ensemble fictionnel dont la toile de fond n'a jamais pu être achevée de son vivant, et dont le Seigneur des Anneaux et le Hobbit ne sont que des détails. Il s'attache ensuite à décortiquer la part de fictionnel intentionnellement introduite par Tolkien dans ses oeuvres majeures : rappelons que dans ses préfaces celui-ci indique que le Hobbit et le SdA sont issus d'un manuscrit écrit par Bilbo, continué par Frodo et Sam en particulier, appelé le Livre Rouge. Mais ces allégations sont démenties -semble-t-il à dessein, montrant l'humour du Professeur- au fil du texte.

 

Par la suite Vincent Ferré pointe le doigt sur un fait qui m'a toujours frappé depuis que je lis les oeuvres posthumes, éditées par Christopher Tolkien*, sans pouvoir mettre les mots sur les faits : après que son père ait réalisé une oeuvre fictionnelle largement inspirée d'un corpus de contes et légendes, certains très connus, d'autres oubliés, une oeuvre qui marie les deux talents de son auteur, à savoir la philologie et l'écriture, Christopher Tolkien a dû, après avoir récolté des tonnes de papiers après le décès de son père, examiner, essayer de trier, assembler de manière raisonnée (et en faisant des choix entre les différentes versions, car oui, Tolkien a fait plusisuers versions de certains de ses textes, tous aussi valables à ses yeux), combler certains trous et enfin éditer le fruit d'un demi-siècle de travaux divers. Soit, toutes proportions gardées puisque tout le contenu était tout de même sous sa main, le même travail que son père.

 

Dans la deuxième partie de sa riche analyse, Vincent Ferré passe en revue l'héritage artistique, la postérité de Tolkien. D'abord au travers des différentes adaptations cinématographiques du Seigneur des Anneaux, qu'elles fussent achevées, comme celle de Peter Jackson, on inachevées (celle de Bakshi) ou encore simplement restées à l'état de script (Z). Des adaptations qui toutes dénaturent le propos de Tolkien, à l'exception de la Communauté de l'Anneau. Ferré aborde également une polémique régulièrement remise sur le devant de la scène depuis... près de 80 ans : est-il un auteur pour la jeunesse ? La réponse est : pas vraiment, même s'il ne faut pas négliger et minimiser l'impact de ses oeuvres jeunesse, telles Le Hobbit, Les lettres du Père Noël, Roverandom, ou même Monsieur Merveille, que Vincent Ferré ne cite pas. Il poursuit en analysant a réception en France de l'oeuvre de Tolkien, en parlant aussi des traductions tardives de son oeuvre. Un retard qui est en train de se combler ces dernières années, puisqu'il ne manque plus qu'à traduire que les 7 derniers volumes de l'Histoire de la Terre du Milieu, ou encore Beowulf (pour ne citer que les textes de grande longueur) sachant qu'une nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux est en cours.

 

Dans sa troisième et dernière partie Vincent Ferré certaines des influences médiévales de Tolkien, d'abord au sujet du motif de l'amour (et les personnages de Beren, Túrin et Aragorn, qui ont tous vécu des romances contrariées). Ensuite avec la figure du roi, qu'elle soit canonique ou "révolutionnaire" (c'est à dire attribuée au mérite), et la Ferré convoque le personnage d'Arthur, pour parler d'Aragorn, puis du fermier Gilles de Ham.

 

Au final, malgré sa brièveté (360 pages au format Pocket), ce petit recueil d'articles m'a permis d'apprendre -encore- quelques petites choses sur les influences et l'importance de l'oeuvre de Tolkien, notamment en ce qui concerne le jeu de la fiction et sa mise en abyme dans l'oeuvre considérée. Il permet en outre de faire le point sur les oeuvres publiées, et celles restant à traduire en français, une liste qui m'intéresse beaucoup. A posséder par tout tolkienophile qui se respecte.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Personne ne sait exactement quand et où tout a commencé. Sur le corps des individus contaminés apparaissent des tatouages mordorés qui s’embrasent, causant la mort par combustion. Boston, Detroit, Seattle ont déjà basculé dans le chaos. Il n’existe aucun antidote. Lorsque Harper, infirmière dévouée et bienveillante, découvre les premières marques sombres sur sa peau, elle vient d’apprendre qu’elle est enceinte. Paniqué, son mari fuit.
Dans un monde en ruine, où de petites communautés se forment et des milices traquent les malades pour les exterminer, Harper est secourue par un homme capable de contrôler ce feu intérieur. Mais l’infirmière ne dispose que de peu de temps pour percer le secret de l’homme-feu, avant qu’elle et son enfant ne soient réduits en cendres...

 

Je suis un grand fan de Stephen King, et je suis également la carrière de son fils aîné, lui aussi auteur de romans fantastiques. Après Le Costume du Mort et Cornes, l'Homme-feu est son troisième roman en solo, un roman déjà remarquable par sa pagination : près de 1 000 pages en édition de poche...

 

Si l'on regarde le roman dans son ensemble, l'argument fantastique est assez ténu : dans un monde en pleine déliquescence, pour ne pas dire apocalypse, Harper croit trouver un refuge au sein d'une micro-société aux règles bienveillantes. Mais de la bienveillance à la dictature, la distance est courte, et elle sera vite franchie lorsque le patriarche de la communauté se retrouve dans l'impossibilité d'assumer ses prérogatives. Et l'infirmière va se retrouver au coeur des dissensions au sein du camp Wyndham. Seul John, un pompier un peu bravache, peut peut-être la sortir de là, lui qui semble être le seul -ou l'un des rares- à pouvoir maîtriser l'Ecaille, cette étrange maladie qui ronge puis consume -littéralement- celles et ceux qui en sont atteint(e)s...

 

Comme je l'ai déjà constaté dans ses romans précédents, Hill a un style d'écriture beaucoup plus conventionnel que son père, moins aguicheur. Mais il sait cependant faire preuve de pas mal d'imagination, lui permettant de mener à bien des pitchs intrigants. Par contre il semble avoir hérité de la fibre paternelle en ce qui concerne les longueurs, des longueurs qui au final me semblent ici justifiées. Il n'y a au final pas trop de scories, de bla-bla ou de passages inutiles. Le récit s'étire sur 9 à 10 mois, et il se passe beaucoup de choses. Hill m'a surpris : certains passages sont très bien écrits, plutôt émouvants. Ce fut une oeuvre de longue haleine ; 4 années pour réaliser ces 1000 pages. Il y fait preuve également d'une belle érudition : j'ai relevé, parmi beaucoup de références, Sur la route, de Cormac Mc Carthy, Le Seigneur des Anneaux, Harper Lee, Les Garennes de Watership Down ou encore La Servante écarlate.

 

Avec l'Homme-Feu, Joe Hill est devenu un grand écrivain.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

Voici un dessin retraçant le destin cinématographique de Bilbo le Hobbit, premier roman de JRR Tolkien, et plus ou moins considéré comme une préquelle au Seigneur des Anneaux...  Merci au site elbakin.net qui a diffusé cette image.

 

Spooky.



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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

 

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On avait laissé Bilbo et ses compagnons nains en vue du Mont Solitaire, après avoir déjà essuyé maintes difficultés sur le chemin de la planque de Smaug. Dans ce deuxième volet notre Compagnie doit traverser la forêt de Mirkwood, habitée par les Elfes sylvestres et d'autres créatures, bien moins recommandables, avant d'arriver en vue du lac qui est au pied d'Erebor. Mais le chemin est encore long...

 

Comme dans le précédent segment, Peter Jackson a fait le choix de nous livrer un blockbuster spectaculaire, drôle et enlevé. Et de le faire, à sa façon, quitte à s'éloigner encore un peu de l'oeuvre de Tolkien.

 

Ici les trahisons sont un poil différentes de celles du premier opus. Azog est toujours là, à la poursuite de nos héros, et Radagast aussi, même s'il est plus sobre (pour revenir sur la façon dont ses personnages sont traité, merci de vous référer à ma chronique du premier épisode). Il y a d'autres ajouts notables dans cet épisode : l'Elfe Legolas est "de retour", flanqué d'une capitaine des gardes qui n'est pas dans l'oeuvre de Tolkien, Tauriel. Celle-ci va nouer un semblant de romance avec le Nain Kili (là, c'est un poil too much) pendant la captivité de ceux-ci dans leur cité arboricole elfique. Si l'on veut être intégriste, on râlera tout le long du film, tant Jackson a émaillé celui-ci d'aménagements plus ou moins visibles. 

 

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Le récit est partagé entre deux intrigues principales, puisque Gandalf, comme dans Le Seigneur des Anneaux (mais cette fois-ci de son plein gré) laisse ses compagnons à l'orée de Mirkwood pour aller enquêter sur la menace qui grandit à Dol Guldur, et qui trouvera son apogée dans le Seigneur des Anneaux. Une évidence qui vient de me sauter aux yeux : ce procédé a permis à Tolkien de faire évoluer des personnages "naturels", sans pouvoirs, dans des quêtes a priori trrop grandes pour eux, Gandalf étant appelé à mener des combats autrement plus élevés en termes de puissance magique, mais non moins en termes d'importance stratégique. Refermons la parenthèse pour revenir à nos Ouargues.

 

Jackson tisse de plus en plus de passerelles entre les deux oeuvres, car outre Sauron et Legolas, Gimli, le fils de Gloïn et futur membre de la Communauté de l'Anneau, est mentionné. Une partie du récit est concentrée sur Gandalf, qui enquête sur la montée en puissance de celui que l'on appelle encore le Nécromancien, des passages qui n'apparaissent pas dans le Hobbit, mais bel et bien dans les appendix du Seigneur des Anneaux. Le ton de ce deuxième film est dans la lignée du premier, entre passages épiques et coups d'oeil humoristiques, à la limite du burlesque. Mais -et c'est pour moi une bonne idée-, PJ a concentré l'essentiel de ce côté burlesque à une séquence, certes un peu longue, celle de l'évasion de la cité elfe par les Nains à bord de tonneaux de vins évidés dans une rivière mugissante. Le burlesque tient plus à une sorte d'acrobatie aussi aérienne qu'aquatique qu'à du n'importe quoi sans véritable sens. En bref, je me suis bien marré et ça ne m'a pas choqué, même si c'est un ajout. Car les autres scènes de bravoure du film (la lutte contre les araignées, brrrrr, ou bien la rencontre avec le dragon Smaug) sont vraiment réussies. Il est toujours difficile de représenter un dragon à la fois réaliste et effrayant (comme en témoigne la litanie des essais précédents dans le genre), et ma foi, Smaug a une vraie présence, une puissance et un charisme redoutables dans les salles gigantesques de l'ancien royaume nain. 

 

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J'ai parlé des petits arrangements de Peter Jackson avec l'oeuvre de Tolkien ; il en est un qui va faire grincer des dents, dans la lignée de la disparition de Tom Bombadil dans le Seigneur des Anneaux. Il s'agit de Beorn, le Changepeau. Il est bien présent dans le film, mais curieusement presque furtif. Un autre témoignage de l'attachement de Tolkien à la nature qui disparaît, au profit d'une présence accrue des orcs à l'écran... Dommage, car il y aurait eu à dire sur son compte, même si à l'instar de Bombadil, son personnage ne compte pas tant que ça dans l'intrigue. Un autre arrangement est l'intrusion des Nains dans les salles d'Erebor afin d'aider Bilbo à venir à bout du dragon, alors qu'en principe il s'en "sort" tout seul... Cette séquence m'a inspiré cette réflexion immortelle : "il voit des Nains partout"... Cela nous permet de les voir en action, même si entre-temps le groupe s'est séparé en deux à cause de la blessure de Kili, resté à Bourg-du-Lac. L'occasion là aussi -et c'est encore un écart- de voir plus longuement Bard, le batelier héritier des anciens rois de son pays, qui va jouer un rôle déterminant dans le destin de Smaug... dans le troisième épisode. Dans un an. Grrrr.

 

On ne voit pas passer les trois heures de métrage, tellement ça virevolte dans tous les sens. Grâce à la réalisation, bien sûr, très inspirée, aux décors, somptueux notamment dans la cité des Elfes, la musique toujours aussi merveilleuse, ou encore le jeu des acteurs. Car, oui, certains sortent leur épingle du jeu. En premier lieu, Martin Freeman, dans le rôle-titre. Comme me l'a fait remarquer une amie tolkienophile, il est juste parfait. Plus Hobbit que ceux du Seigneur des Anneaux peut-être, ce qui n'est pas une mince affaire. Avec ce mélange de distinction et d'humour à froid so british, qui fonctionne parfaitement. Vive l'école shakespearienne ; rappelons que Freeman est la co-star de la série Sherlock, dont l'autre interprète principal n'est autre que Benedict Cumberbatch, qui, le monde de l'entertainment est petit, joue justement Smaug ; enfin, disons qu'il lui prête sa voix délicieusement amplifiée et qu'il a joué certaines scènes en motion-capture, passant la plupart du temps du tournage à ramper dans la salle du trésor du dragon, bardé de capteurs de mouvements. Ian Mc Kellen, malgré son âge, est toujours présent. je ne vois désormais plus Gandalf que sous ses trait. Les Nains, enfin certains, ont des places un peu plus grandes que d'autres dans ce segment, mais on notera les prestations des nouveaux venus, comme Lee Pace dans le rôle de Thranduil, le roi des Elfes de Mirkwood, Evangeline Lilly dans celui de Tauriel (bon, elle est belle, on ne critique pas, ok ?) et Luke Evans dans celui de Bard. Orlando Bloom, lui, a pris 10 ans, quelques cours de comédie et quelques petits kilos (ça se voit sur son visage notamment).

 

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En tant que cinéphile, j'ai eu droit à un spectacle total, bien foutu et prenant presque de bout en bout. En tant que tolkienophile plus ou moins patenté, il y a de quoi tordre le nez, mais je dois avouer que la plupart des choix narratifs de Peter Jackson, sans être totalement justifiés ou indispensables, ne me semblent pas entraver la bonne tenue du film. Enfin de ce film. Par contre pas mal d'intants poétiques inhérents à l'oeuvre de Tolkien ont disparu. Bref, un bon moment de cinéma, même s'il ménage peu de plages de calme...

 

Que nous réserve Le Hobbit, histoire d'un aller et retour, qui sortira le 17 décembre prochain ? Sans préjuger de l'ensemble, vu que Jackson et ses scénaristes sortent régulièrement du récit original pour rajouter des choses de leur cru, on peut déjà dire, ou du moins espérer, que ce troisième volet sera plus sombre que les deux premiers. Car sans vouloir spoiler, il y a l'épisode de l'attaque d'Esgaroth par Smaug, la destruction partielle de celle-ci, l'arrivée sur site de plusieurs troupes, le siège d'Erebor, la Bataille des Cinq Armées (et ses conséquences sur certains membres de thorin et Compagnie, même si là encore, des libertés prises dans le deuxième épisode vont biaiser ces conséquences), le sort de Gandalf à Dol Guldur, la poursuite par Legolas de l'orc Azog (vers Dol Guldur ?), un épisode qui est totalement absent du roman de Tolkien...

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

Eh oui, encore un bouquin sur l'univers de Tolkien... Celui-ci commence à dater un peu, puisque sorti en VO en 2002, et en France au début de l'année 2004.

 

David Colbert, spécialiste en mythologie et anthropologie, tente de répondre à une série de questions simples relatives au Seigneur des Anneaux, tout en y apportant des précisions, pouvant intéresser le néophyte dans l'univers tolkienien, mais aussi le lecteur plus chevronné à la recherche de nouvelles informations.

 

Avec les dizaines de bouquins déjà lus à ce sujet, j'arrive encore à apprendre des choses. Sur l'origine de certains noms. Sur la présence accrue des souterrains dans l'oeuvre de Tolkien. Sur le nombre de langues inventées par le Professeur... Colbert répond ainsi à une trentaine de questions, sur les inspirations de Tolkien, sur le symbolisme du Seigneur des Anneaux, etc. Un ouvrage plutôt intéressant, donc, bien écrit, mais qui souffre de son périmètre : en effet le Seigneur des Anneaux n'est qu'une infime partie du Légendaire inventé par Tolkien, et il est un peu dommage, dans les années 2000, de se cantonner à cette seule partie, certes remarquable...

 

Notons toutefois que l'auteur s'est arrangé pour ne pas spoiler la fin du Seigneur des Anneaux au cas où son lecteur n'y serait pas (encore) arrivé, et qu'il réserve la conclusion de son ouvrage à celles et ceux qui l'ont lue.

 

Sympathique, mais sans plus.

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

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Terry Pratchett est un auteur britannique qui a marqué la fantasy. Ses Annales du Disque-Monde ont plu (et plaisent encore) par leur inventivité et leur humour débridé. Il est surprenant que le cinéma ne se soit pas emparé d'un tel succès ; peut-être parce que l'humour anglais n'est pas universel ? En tous les cas, après le Timbré que j'ai vu il y a quelques temps (et dont je n'ai pas parlé, curieux), la télévision britannique continue à exploiter le filon.

 

Voici donc un téléfilm de plus de trois heures, qui reprend grosso modo la trame du Huitième Sortilège et de La Huitième Couleur, les deux premiers romans du cycle. On y trouve Rincevent, futur pilier de Pratchett, un Mage totalement incompétent, de l'âme duquel un sortilège majeur (le huitième des huit contenus dans un grimoire magique, l'In-Octavo) s'est emparé. Viré de l'Académie Invisible, il est mis au pied du mur par le Patricien (l'équivalent du maire, ou du gouverneur) de la ville d'Ankh-Morpok, la capitale, qui l'oblige à servir de guide à Deuxfleurs, un touriste venu de l'autre côté de la mer. Parallèlement à cela, le Mage Trymon intrigue pour prendre la place de l'Archichancellier de l'Académie Invisible. Un peu plus loin, une communauté scientifique met sur pied une expédition pour savoir... quel est le sexe d'Atuin, la tortue géante qui porte sur son dos les quatre éléphants qui portent le Disque-Monde.

 

C'est dense comme introduction, n'est-ce pas ? L'essentiel du téléfilm nous raconte donc le voyage de Rincevent et de Deuxfleurs, qui vont renconrer -entre autres- la Mort (lui aussi -parce que c'est un homme- un personnage récurrent chez Pratchett), la légende vivante Cohen le Barbare, le Bagage... Tous des personnages pittoresques. Mais curieusement, et ce malgré les efforts de certains des acteurs, la magie n'opère pas vraiment. L'humour de Pratchett fonctionne mieux sur le papier. Les effets spéciaux sont assez médiocres, j'ai été déçu par la Tortue, moins par le Troll.

 

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Il y avait un casting intéressant dans cet épisode ; Sean Astin, le Sam Gamegie du Seigneur des Anneaux, campe plutôt bien Deuxfleurs, avec son perpétuel air niais ; ici encore, il chevauche un ongulé de petite taille, en l'occurrence un âne. Ca doit être le destin. La Mort a la stature et la voix de Christopher Lee, pour le coup un excellent casting. Tim Curry, le clown de Ca, ne semble avoir que deux expressions à son répertoire : une moue dubitative et un rictus diabolique, sans doute pour amortir son dentier tout neuf. Dommage, le personnage de Trymon méritait mieux. Jeremy Irons cachetonne également avec ses deux scènes. 

 

Bonus sur le DVD, une introduction par Pratchett lui-même de son univers, en expliquant quelle était sa démarche au début de l'écriture de cette saga.

 

Un téléfilm sans panache, sans relief, sans génie. Dommage.

 

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Jeux
En hommage à l'anniversaire de Mobutu Sese Tolkien qui aurait eu très précisément 116 ans et 7 mois ces jours-ci s'il n'était pas mort il y a 35 ans, voici le deuxième jeu inspiré de son oeuvre en deux jours sur ce blog, parce qu'après tout il n'y a pas que Gary Gygax qui mérite tous les honneurs pour avoir inventé les dragons et les elfes.

A la différence de LucasArts qui a décliné la saga Star Wars à toutes les sauces possibles et imaginables, avec des jeux de courses, l'atelier de droïdes, Jabba Passion Cuisine ou
Sim Jar Jar, Electronic Arts a exceptionnellement su faire preuve d'une certaine retenue avec la licence Seigneur des Anneaux, en se limitant à des jeux de stratégie et d'action ne déviant pas trop des films dont ils sont tirés. Fait relativement rare dans l'histoire des jeux "tirés de...", les divers titres sortis se sont révélé d'honnête qualité pour autant que j'aie pu en juger (j'avoue ne pas les avoir tous testés) et on les apprécie d'autant mieux aujourd'hui qu'ils se trouvent tous à bas prix.

La bonne affaire du jour, donc, c'est Le Retour du Roi qui se déniche n'importe où pour 5 €. Comme son nom l'indique, il s'agit de l'adaptation du dernier volet de la série. On y contrôle les principaux personnages dans un bon vieux beat'em all à l'ancienne, ou du moins une sympathique transposition 3D de ce à quoi ressemblaient les bons vieux beat'em all à l'ancienne. Pour les plus abrutis ignorants jeunes d'entre vous
qui ne savent pas ce que c'est que d'avoir eu une Megadrive étant ado, le beat'em all consiste à démolir à la chaîne des centaines de clones en utilisant toujours la même demi-douzaine d'attaques, et dit comme ça je sais que ça a l'air con, mais c'était vraiment le meilleur genre du monde à la belle époque, parce que c'était bien défoulant et que ça pouvait se jouer avec un pote, et c'est dommage qu'à l'arrivée de la première PlayStation et du tout-3D, on ait oublié comment faire de bons beat'em all. Mais je suis prêt à parier qu'avec un bon Streets of Rage 4 ou un bon Golden Axe 4, la Dreamcast aurait survécu plus longtemps !

Tant qu'on est dans les parenthèses destinées à nos amis les jeunes, qui n'ont rien connu, je précise également que le chiffre "4" était le chiffre que l'on pouvait autrefois accoler au titre d'un film ou d'un jeu quand il s'agissait du 4ème épisode d'une série de films ou jeux. Evidemment aujourd'hui on ne fait plus ça, ça donnerait trop l'impression qu'on a perdu toute créativité et qu'on se contente d'exploiter des filons jusqu'à la nausée, alors pour que les gens ne se disent pas "ouah putain déjà le 12ème Need for Speed, faut qu'ils arrêtent, là"
, à la place du chiffre on ajoute un sous-titre ou un sur-titre bidon, voire le prénom du héros. Comme quand Rambo 4 devient John Rambo. Il y a encore quelques années, un nouveau Streets of Rage baptisé Streets of R4ge n'aurait peut-être pas été trop ringard, mais aujourd'hui on l'appellerait plus vraisemblablement Streets of Rage: Back on the Streets, Bare Knuckles: The Chronicles of Streets of Rage, ou John Streets of Rage Balboa. Tenez, d'ailleurs le nouveau Golden Axe s'appelle Golden Axe: Beast Rider, c'est dire si j'ai raison.


Graphiquement, ça fait un peu "jeu PS2 d'il y a 5 ans",
il y a d'ailleurs une version PS2 strictement identique disponible pour 20 €.

Bref, trêve de couillonnades, revenons-en à nos hobbits. Le Retour du Roi est donc un beat'em all à l'arme blanche, ou un Hack & Slash si vous préférez, qui vous permet de revivre les moments-clés du film de Peter Jackson sur une dizaine de niveaux répartis sur 3 "chemins" suivant les parcours parallèles des membres de la défunte Communauté de l'Anneau désormais séparée. L'action consiste principalement à découper des nuées d'orcs et de gobelins à l'épée, à la hache ou à la dague, mais les héros sont également munis d'armes de jets et peuvent même, de temps en temps, faire appel à des machines de siège. La palette de coups n'est au départ pas très étoffée mais en accumulant des points d'expérience, on peut "acheter" de nouvelles attaques. Malgré cette possibilité de varier les combos et la présence de 5 personnages jouables (et d'autres à débloquer par la suite), ça reste évidemment très bourrin et répétitif même si les niveaux offrent généralement une petite particularité permettant de casser un peu la monotonie. Par exemple, le niveau de Minas Tirith avec Gandalf se déroule sur des espaces limités, dans lesquels le magicien doit repousser l'invasion de la citadelle en renversant les échelles qui permettent aux soldats ennemis d'escalader la muraille, et en protégeant un maximum de civils une fois que les orcs ont pénétré dans l'enceinte. Le niveau d'Osgiliath où l'on dirige Sam est conçu comme une longue fuite en avant sur les traces de Gollum, au cours de laquelle il faudra régulièrement trouver des cachettes pour empêcher un  Nazgûl de capturer Frodon.


Dans le 1er niveau avec Sam, il faut surveiller la jauge en haut à droite
et se mettre à couvert chaque fois que possible pour la vider.
Si elle se remplit entièrement, Elijah Wood finit en casse-croûte pour lézard volant.

Les niveaux les plus classiques sont ceux où l'on peut contrôler au choix Aragorn, Legolas ou Gimli, mais ils sont également ceux qui permettent de jouer à deux en coop. Une possibilité qui a de quoi mettre la larme à l'oeil des nostalgiques de l'Age d'Or de la baston dont je parlais plus haut. Dommage que l'action devienne alors un poil trop confuse, et n'apporte donc finalement pas autant de satisfaction qu'on le souhaiterait. C'est pas qu'on ne s'amuse pas, mais on ne retrouve pas vraiment les sensations qu'on a pu avoir il y a 16 ans sur borne d'arcade ou console 16-bit.


Ici, vos alliés les Ents s'attaquent aux orcs qui vous barrent la route,
mais sans regarder où ils mettent les pieds (les racines ?),
ce qui les rend dangereux pour vous également.

L'une des réussites du jeu en revanche est une retranscription assez fidèle de l'ambiance furieuse des batailles du film. Les niveaux dans lesquels vous évoluez sont "vivants", autour de vous ça s'anime, ça explose, des "figurants" se battent entre eux sans nécessairement s'en prendre à vous... Et malgré un level-design en couloir et de nombreux recours à des scripts déclenchés par l'intervention du joueur, l'impression d'immersion en plein coeur de grands combats dont vous n'êtes qu'un pion se frayant un chemin au milieu des autres est souvent assez bonne.


Chaque ennemi tué rapporte un nombre de points d'expérience plus ou moins grand
selon votre habileté. Enchaîner les coups réussis sans être touché vous-même
vous fera monter de niveau plus vite, mais ce n'est pas toujours facile au milieu d'un champ de bataille.

Le jeu n'est pas très long et malgré la possibilité de recommencer avec de nouveaux héros (Faramir, Merry & Pippin...) la durée de vie reste limitée dans la mesure où on ne peut pas dire que rejouer les mêmes niveaux dans la peau de Frodon plutôt que Sam change radicalement l'expérience. Cela dit, Le Retour du Roi reste bien défoulant et franchement sympa. Dans un genre aussi sous-représenté sur PC, si vous êtes amateur de baston et pas allergique au Seigneur des Anneaux, à 5 € ce serait bête de s'en priver.


Toxic.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Ressources et amis

 

Une nouvelle série de news et d'infos insolites autour de l'univers de Tolkien.

 

On commence par cette équipe d'universitaires qui s'est amusée à calculer la quantité de lembas (pain elfique) nécessaire pour traverser le Mordor...

 

Le Telegraph a sorti de ses archives une interview de 1968 du Professeur...

 

Vous pouvez désormais vivre dans un trou de Hobbit.

 

Pour les acharnés, l'excellent site Elrond's Library propose une recension de TOUTES les traductions du Seigneur des Anneaux. Je dois avoir 7 ou 8 versions (dont 5 en français), et vous ?

 

On croyait la chose impossible, mais des poèmes "inédits" du professeur ont été trouvés dans un journal de 1936...

 

Et si les Hobbits avaient vraiment existé ?

 

Enfin, pour ceux qui n'y comprendraient pas grand-chose, voici la mythologie du Seigneur des Anneaux expliquée en quelques minutes...

 

A bientôt pour de nouveaux mathoms...

 

Spooky

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

La floraison des études consacrées à Tolkien et son œuvre, dont votre serviteur s’efforce modestement de se faire l’écho, aboutit actuellement à une quantité d’ouvrages assez intéressante. Seulement le sérieux et le niveau d’érudition de ceux-ci varie énormément, phénomène fréquent dans la critique littéraire. Et cette quantité amène un autre corollaire, les clichés qui subsistent, et ceux qui sont créés par cette littérature grise. Professeur à l’Ecole Normale supérieure, Isabelle Pantin s’efforce, dans cet ouvrage, de remettre les pendules à l’heure, en revenant le plus possible aux racines de la création tolkienienne. Elle s’applique donc à analyser certains motifs (dans le sens d’éléments de décor, de création, comme dans une tapisserie) qui ont présidé à sa création. Au long de dix chapitres, Isabelle Pantin s’efforce de replacer l’auteur et son œuvre dans leur temps, dans leur entourage. Sont ainsi traités la jeunesse créative de Tolkien, notamment au travers de son appartenance à des clubs d’érudits, mais aussi la place de la mémoire, le regard critique au travers de la réception des oeuvres d’un autre auteur, très proche, Clive Staple Lewis, auteur du cycle de Narnia, composé à peu près à la même époque. La dimension mythologique du Silmarillion, la dimension tragique du Seigneur des Anneaux, ou encore la place de la topographie dans ce dernier sont également passés en revue. Il est vrai que sans ses cartes, le roman du Professeur n’aurait pas la même saveur. L’ensemble est un ouvrage d’une grande érudition, qui confine par moment à un certain hermétisme, et du coup le lecteur un peu en déficit face à certaines notions peut être perdu. Une lecture ardue, touffue, mais j’ai choisi de vous parler en particulier de l’une de ses parties, pour vous éviter des redites ou des relectures compliquées.

 

Dans son chapitre consacré à la gestion du temps, ou plutôt au voyage dans le temps, Isabelle Pantin évoque deux romans inachevés du Professeur : The Lost Road et The Notion Club Papers. Le premier a été traduit et publié récemment en France ; il s’agit du récit de la perception d’un père et d’un fils, à travers des rêves, d’un même évènement : une vague géante qui s’apprête à engloutir une île. On peut lire cette histoire de deux façons ; d’une part une relecture/témoignage de la vocation philologique (étude des langues) et littéraire de Tolkien, mais aussi une sorte d’exercice/défi qu’il s’était lancé avec son ami CS Lewis sur le voyage dans le temps (alors que Lewis, lui, s’essayait au voyage dans l’espace). A noter que cet évènement, la submersion d’une île, sera en quelque sorte le point de départ de la création d’Arda du point de vue littéraire, le raz-de-marée recouvrant Nùmenor étant le premier évènement, ou peu s’en faut, qui sera écrit dans cet univers. The Notion Paper Club est, lui, toujours indisponible en français ; gageons qu’un jour Christian Bourgois et Vincent Ferré lanceront le processus, car cette œuvre, racontant les discussions d’un groupe d’érudit, semble directement inspiré des réunions et travaux des Inklings, ce club oxfordien auquel Lewis et Tolkien appartenaient alors qu’ils étaient étudiants puis jeunes enseignants, mais aussi des réflexions de Tolkien sur son processus créatif.

 

Dans Le Seigneur des Anneaux ce thème du voyage dans le temps est peu exploité, présent uniquement dans une scène notable, celle de Cerin Amroth, lorsque la Communauté se repose en Lorien et que Frodo assiste, de façon partielle, au mariage d’Aragorn et Arwen. Mais il ne comprend pas ce qu’il se passe, ressortant de l’expérience avec un sentiment de malaise, et celui d’avoir assisté à une scène depuis une fenêtre sans pouvoir influer sur celle-ci. Ce motif du voyage dans le temps –par ces procédés « classiques »- est donc malheureusement raté, ou du moins tué dans l’œuf, comme le souligne l’auteure. Tolkien utilise donc une autre technique, une technique plus intuitive, plus naturelle chez lui, celle de la musique. Bien sûr, il n’a pas composé une symphonie pour accompagner son récit, mais cette musicalité s’exprime dans les sons, en particulier les noms de personnages et de lieux. L’un des plus beaux exemples est le passage de la Moria, une merveille d’ambiance qui peut rappeler les meilleurs moments de morceaux comme Pierre et le Loup ou La Flûte enchantée (ces exemples provenant de ma propre culture). La musicalité des noms, les chants entonnés par les personnages (dont Sam, sorte d’archétype des valeurs anciennes) convoque des évènements passés. Une autre musicalité, moins évidente, est l’utilisation des leitmotive wagnériens : par la répétition de certains éléments (sur les attitudes des personnages, des scènes de veille de nuit, etc.), mais aussi leurs variations (concernant Aragorn et Gandalf, par exemple, dont la vraie nature est « cachée » au début du récit). Tolkien place son récit sur un plan mythique, l’éloignant à dessein du simple récit d’aventure.

 

On trouve en fin d’ouvrage des bonus et des appendices très intéressants, comme un résumé du Silmarillion, que personnellement je n’ai pas réussi à lire malgré deux tentatives, ou encore l’histoire de deux œuvres ayant fortement inspiré Tolkien, La Völsunga Saga et l’histoire de Kullervo (présente dans le Kalevala). Les nombreux éléments présents dans l’étude renvoient à de multiples notes (une trentaine de pages !). La bibliographie – impressionnante- présente à la fin témoigne d’une érudition de tout premier plan, mais aussi de la littérature (essentiellement en anglais) grise autour de l’œuvre de Tolkien. L’immense majorité n’a pas encore été traduite en français, ce qui nous promet encore de riches heures de lecture…

 

Tolkien et ses légendes est donc un essai magistral dans son ensemble, peut-être le plus complet à l’heure actuelle (il est en effet soti en septembre 2009) mais qui n’échappe pas non plus au trait qu’il fustige en premier lieu, à savoir une dispersion sur le plan des thèmes. Et puis, il faut aussi laisser une part de mystère à la création artistique, ne pensez-vous pas ?

 

Spooky

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