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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

films

Publié le par Wali
Publié dans : #Films

 

C'est vrai, c'est vrai... je vous l'accorde : à moi aussi le second volet de la saga Matrix m'a laissé un soupçon d'amertume, pas vraiment à la façon d'une bonne bière bien fraîche mais plutôt comme lorsque vous rendez une copie que vous pensez parfaite et que vous n'obtenez pas la note escomptée. Différents échos (notamment ceux parus dans l'Enslip1) me font dire que je suis loin d'être le seul. Alors ? Que s'est-il passé ? Séquence explications...
Tout d'abord, et je pense qu'il s'agit de la principale raison de la désillusion de la plupart des détracteurs du film, c'est que nous attendions tous le retour de la claque que nous avions pris avec le premier... Et ce retour n'est pas tout à fait venu. Reloaded n'est ni plus ni moins que du "Matrix" en plus... en plus long, en plus nombreux, en plus rapide, en plus mystique, en plus tout ce que vous voulez (et vous pouvez accoler ces adjectifs à tous les éléments du film : combats, effets spéciaux, personnages....) mais surtout en plus compliqué... Et c'est là que le bât blesse, il faut bien reconnaître que l'histoire n'est pas d'un abord facile et qui plus est, les explications sont éparpillées sur différents supports : Animatrix, Enter the Matrix, les comics pour ne citer que les plus connus. Alors, sommes-nous sacrifiés sur l'autel de la société de consommation ou s'agit-il du "prix" à payer pour profiter d'un univers riche et étendu ? Je voudrais juste mentionner au passage que les quatre court-métrages clefs de la série des Animatrix sont accessibles en libre téléchargement ainsi que de nombreuses planches des différents comics publiés. (Site officiel)
Ce qui m'amène au second reproche que je ferais à Reloaded, c'est qu'il nécessite une sacrée culture geek² (entre autres). La majorité des mécanismes de l'histoire reposent sur des concepts informatiques relativement poussés. Le premier volet était bien plus accessible pour le "grand public" dans le sens où n'importe quel fan de SF pouvait retrouver rapidement ses repères et le discours était beaucoup plus clair, style "Vous êtes une pile". Les propos de Reloaded sont beaucoup plus abscons et réclament plusieurs visionnages pour véritablement saisir les tenants et les aboutissants de la trame scénaristique. Pour les plus passionnés, la recherche d'informations par tous les médias possibles et notamment sur le Web s'avèrent un complément indispensable pour combler les principaux manques du film. Le tout forme un ensemble d'une cohérence inébranlable, orchestré de mains de maîtres par le duo des frères Wachowski. Maintenant, peut-on vraiment reprocher à un film de répondre à toutes les attentes de son cœur de cible ?

Je ne vais pas me lancer ici dans des théories plus ou moins fumeuses de ce que je pense avoir compris de Reloaded. Je ne saurais trop vous conseiller (même pour les plus déçus) d'attendre et surtout d'aller voir la suite qui promet à mon avis de belles surprises. Pour les plus impatients, avides de tout comprendre, un petit tour sur ce site devrait éclairer pas mal de lanternes. Pour finir, je vous livre une liste sous la forme d'un "J'aime - J'aime pas" de ce qui ma plu et déplu dans le film :
L'ambiance érotico-tribale de Sion : pas terrible !
Morpheus harangueur des foules : pas véritablement crédible....
L'opération à code/cœur ouvert : hum.... Je te sauve (1er), tu me sauves (2ème) et quoi... ils se sauvent (3ème)... ? mouais....... bon...
Le trailer final : un peu trop de l'esbrouffe !
L'arrivée à Sion : prenant et surprenant...
Les exo-squelettes : des combats à la "Ripley" dans Révolutions ( ?)
Les back-doors : excellent, vraiment excellent !
Le maître des clés : mais oui !!!
Le Mérovingien campé par Lambert Wilson : Génialissisme !
La scène du gâteau : jouissif ! (si j'ose dire)
La crise de jalousie de Trinity : ça c'est mon côté fleur bleue.
Le hack de Trinity à la console : les connaisseurs ont tous apprécié. (pour preuve). L'architecte et son blabla : oui et oui mais cela passe beaucoup trop vite. Sur ce, n'oubliez pas que même quand vous pensez que vous êtes réveillés, tout ceci n'est peut-être encore qu'un rêve...


Wali.
 

1 : Il ne faut pas m'en vouloir, c'est juste parce que j'ai l'habitude de lire Ansible en slip sur les toilettes.
² : "Les geeks sont des êtres humains fous d'informatique, qui ne vivent que pour l'informatique et qui conçoivent des applications informatiques. Les geeks forment une communauté qui vit à travers Internet." - Définition de Copinedegeek.com

NB : Si vous souhaitez en savoir ENCORE plus, rendez-vous à cette adresse.
http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/00/02/53/34/a1.jpg


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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films
 Bon, j'ai cédé aux sirènes de la mode et suis allé voir l'adaptation cinéma du best-seller de Dan Brown : The Da Vinci Code.

 


Quelques précisions à propos du livre lui-même. L'essentiel de la thèse du bouquin tient en un point [SPOILER] : Jésus était marié à Marie-Madeleine, et ils ont eu une descendance jusqu'à nos jours.  C'est une hypothèse qui en vaut une autre, et n'étant jamais été croyant ni particulièrement intéressé par les Ecritures, elle ne me gêne pas. Ce qui me gêne, en revanche, est l'impudence de Dan Brown en affirmant que les différentes organisations dont il parle dans son bouquin ont une existence réelle. Ce qui m'énerve encore plus, c'est que des millions de gens ont littéralement pris tout ça pour parole d'Evangile (l'expression prend ici toutez sa valeur, ne trouvez-vous pas ?). Car enfin, la thèse de Brown n'est ni nouvelle, ni bien exploitée. Des tas d'écrivains ont déjà raconté tout ça, et mieux parfois. Parce que ne nous leurrons pas, Da Vinci Code est un mauvais roman, écrit avec les pieds. C'est truffé d'incohérences, de raccourcis proprement incroyables... Même si on met de côté tout le discours mystique et historique, pas mal de choses font grincer des dents, ou plutôt exploser de rire.


Bref. Une campagne marketing maline, qui joue sur les craintes millénaristes et les théories du complot, et voilà le bouquin propulsé en tête des listes de best-sellers. Et tout naturellement, un film est mis en route. Ron Howard, réalsateur consensuel (Horizons lointains, Willow, Un Homme d'exception...), est appelé au chevet de l'Opus Dei, avec le secours de Tom Hanks et Audrey Tautou dans les rôles principaux. Bref, que du rassurant ma petite dame. Le tournage fait grand bruit, puisqu'il se passe en partie à Paris, au sein du très feutré Louvre, où le roman commence et s'achève.


Et voici donc le film sur les écrans. Je l'avoue, j'y suis allé à reculons, ne voulant pas offrir un succès supplémentaire à une entreprise selon moi reposant sur une vaste fumisterie. Pourtant, contre toute attente, le film se laisse voir. Si si. Si on ne s'accroche pas au fondement de la thèse, le savoir-faire de Ron Howard réussit à faire un film plutôt regardable, mais on est quand même loin du chef-d'oeuvre auquel s'attendaient les fans du roman. Ceux-là même qui crient à la trahison d'ailleurs. Pourquoi est-on loin du chef-d'oeuvre ? Eh bien parce que Ron Howard, pour l'occasion "yes-man" avec peu d'imagination, se contente d'adapter à l'écran le roman de Dan Brown, sans rien ajouter, sans presque rien retrancher. On a donc un thriller honnête, sans grosse prise de risque, pâtissant d'une interprétation un peu défaillante. Tom Hanks est en-deça de ses performances passées, on le sent peu concerné par ce qu'il dit.

Audrey Tautou... Comment j'ai pu tomber amoureux de cette actrice ? L'effet Amélie Poulain est définitivement effacé, elle est insipide. C'est du côté des rôles secondaires qu'il faut chercher les satisfactions ; en aristocrate anglais féru d'histoire religieuse, Ian Mc Kellen (X-Men, Le Seigneur des Anneaux) est parfait. Pas mal aussi le Jean Reno habituel à chaque film américain avec des bouts de français dedans (et il est plus consensuel que Tcheky Karyo ou Lambert Wilson).  Quant à Silas, le tueur de l'Opus Dei, interprété par Paul Bettany (Un Homme d'exception, La plus belle des victoires), il est tout juste "pas mal".

Bref, on est quand même loin de la daube annoncée par la presse critique, mais il ne faut pas crier au génie non plus. Il rester un thriller honnête, qui ne peut éviter les écueils semés par l'oeuvre originale, malgré le savoir-faire du scénariste Akiva Goldsman (I, Robot, Les Chroniques de Riddick). De plus, le film s'avère assez bavard, et finit par lasser un peu (2h32 au total).

 

Spooky.


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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

 

Pour le 300ème billet publié sur le présent blog, je voulais marquer le coup. D'abord en vous parlant d'un film exceptionnel, Inception. Et puis GiZeus, collaborateur régulier du blog, m'a proposé d'écrire une chronique à deux, puisque visiblement nos ressentis étaient proches. Cela donne l'article que vous allez lire. J'espère que cela vous plaira, et vous donnera envie d'aller voir ce film, ou de le visionner lorsqu'il sortira en video.

 

Spooky.

 



Depuis Memento, il y a 10 ans, Christopher Nolan est un réalisateur-scénariste qui monte en puissance. Tous ses films, à l'exception d'Insomnia, sont des œuvres uniques, marquantes, intelligentes. Quand il a été amené à reprendre la série des Batman, en 2006, beaucoup ont eu peur qu'il s'y casse les dents, comme d'autres avant lui. Mais il a réussi le même coup que Bryan Singer avec la franchise X-Men : insuffler une nouvelle dynamique et donner une véritable dimension humaine aux personnages. Batman begins, mais plus encore The Dark Knight sont des œuvres crépusculaires, d'une dimension épique inouïe. Le Prestige, réalisé à la même époque (soit 2006) est aussi un film très réussi, sur un sujet inhabituel, la prestidigitation, mais surtout sur les faux-semblants, un sujet récurrent dans les films de Nolan.

 

En 2010, avec les pleins pouvoirs financiers de la Warner après le triomphe de The Dark Knight, il revient avec Inception, une série B aux allures de blockbuster, qui devrait asseoir définitivement sa réputation.

 

Cobb est un voleur d'un genre particulier : sa spécialité est d'infiltrer l'esprit des gens pour en extirper les secrets, au cours de leurs rêves. Un métier dangereux, complexe, mais où il est devenu le meilleur après avoir perdu sa femme. Soupçonné de l'avoir tuée, il ne peut rentrer aux Etats-Unis pour retrouver ses enfants. Pourtant une grosse société, représentée par l'énigmatique Saito, lui propose de l'affranchir de toute inculpation s'il parvient, par le biais de sa technique poussée à l'extrême, à persuader l'héritier d'un empire industriel de disloquer ledit empire. Pour cela Cobb et ses acolytes vont utiliser la procédure de l'inception, consistant à instiller une idée dans l'esprit de ses victimes, toujours par l'intermédiaire du rêve, mais en plaçant cette idée au plus profond de son subconscient, de sorte qu'il soit presque persuadé d'avoir eu l'idée lui-même. S'engage alors une véritable course-poursuite contre le temps, Cobb et son équipe ne disposant que de quelques heures pour agir. Mais un élément très perturbant, connu de Cobb seul, va gripper les rouages d'une mécanique si bien huilée...

 

Avec les bases qui sont posées, Nolan parvient à développer son sujet de façon magistrale. En effet, alors que nombre de scénaristes auraient galvaudé des idées pareilles, en nous servant un divertissement plat et sans valeur ajoutée, Inception n'hésite pas à tourmenter le spectateur dans des considérations oscillant entre mysticisme et métaphysique. Les rêves notamment, seront le moyen d'interroger le spectateur sur la réalité du monde dans lequel il évolue. Mais cette idée d'une perception faussée de l'univers, de sa tangibilité physique, est loin d'être neuve. On pourra aisément faire l'amalgame entre le Malin Génie de Descartes et le rêveur de Nolan, ou encore comparer le terrain des rêves à la Matrice. Certainement plus que Descartes, on peut spéculer que l'écrivain renommé de science-fiction Philippe K. Dick a influencé le réalisateur sur ce thème. Néanmoins, là où les exemples sus-cités se contentaient d'une dualité vrai/faux, ou laissaient planer le doute, on trouve ici une imbrication de ces univers.

 

Mais trêve d'interrogation sur une prétendue paternité. Car si Inception n'introduit pas des thèmes entièrement novateurs, le film amène avec lui sa cohorte de trouvailles jouissives. On notera au passage qu'il n'utilise pas la ficelle éculée de la romance, histoire de marquer un peu plus son originalité. Cette dernière se manifeste par un ajout qui vient rompre avec les modèles d'inspiration suspectés, avec l'idée toute simple mais lourde de conséquences de l'imbrication des rêves, comme évoqué plus haut. Une fois le monde dédoublé, pourquoi ne pas encore le multiplier à son tour ? Rien ne l'empêche, et Nolan le démontre avec un brio monstre, tout en apportant une profondeur spectaculaire au concept. Alors que l'on pourrait croire à une sorte de télépathie moderne, il n'en est rien, et il faudra ruser avec la personnalité du sujet pour parvenir à ses fins. Et le problème des réalités multiples n'épargne personne, même les principaux acteurs. Pour remédier à cette angoisse permanente, un stratagème tout simple permet de vérifier que la physique n'est pas altérée, et que l'on évolue dans la réalité. Un détail donc, mais dont l'accumulation nous fait ressentir la finition impeccable. Parmi les trouvailles de premier plan, on retiendra également les jeux visuels, qui témoignent une fois de plus de l'inventivité de Nolan. Et plus généralement, il faut louer la remarquable utilisation des effets spéciaux, qui nous en mettent plein les mirettes sans jamais tomber dans une débauche inutile, comme lorsqu'il s'agit de démontrer la qualité d'un bon Architecte.

 

Nolan a commencé à travailler sur le scénario d'Inception il y a près de 10 ans. Un projet ambitieux, dont l'action se déroule à Tokyo, Londres, Paris, Tanger, au Canada et à Los Angeles. Un choix pas anodin puisque le réalisateur est un fan des films d'action à la James Bond. Cette influence se retrouve dans l'un des niveaux de rêve du film, une course-poursuite à skis dans l'inconscient de... mais chut. Lorsqu'il a enfin pu mettre en chantier ce projet, il s'est attaché les services d'un casting de choix. En premier lieu Leonardo DiCaprio, qu'on ne présente plus, et qui a désormais tourné avec la plupart des meilleurs metteurs en scène, de Spielberg à Ridley Scott en passant par Sam Mendes ou Scorsese, sans oublier Danny Boyle et Cameron. Ridley Scott qu'il va d'ailleurs retrouver l'an prochain pour une adaptation attendue du Meilleur des Mondes. A côté de l'acteur principal, monstrueux de retenue, on trouve Michael Caine et Cillian Murphy, piliers des deux Batman de Nolan, la jeune et très douée Ellen Page (Juno), Ken Watanabe, qui joue dans toutes les grosses productions américaines mettant en scène un Japonais ou encore Joseph Gordon-Levitt, qui s'est surtout distingué à la télévision. Une distribution au diapason, impeccable dans son ensemble, y compris Marion Cotillard, dans le rôle ambigu de la femme de Cobb.

 

L'intertexte d'Inception est presque aussi complexe que son synopsis. Nous avons un homme déstructuré, qui s'enfonce dans son métier aliénant mais qui cherche aussi à retrouver sa vie, ses valeurs. Un film de casse, avec beaucoup d’action, où un groupe de complices (dont certains nouveaux) essaient d'infiltrer une personne, tout en luttant contre les défenses que celui-ci a mis en place ; sur ce plan, ça ressemble un peu à Mission impossible (la série). Les protagonistes se retrouvent dans des dimensions parallèles, celles du rêve, ou plutôt DES rêveS, puisque Cobb et son équipe décident d'imbriquer deux autres niveaux de rêve au premier dans lequel ils plongent le jeune Fischer. A chaque niveau l'un des "voleurs" se retrouve en position de "gardien", chargé de veiller au bon déroulement du processus tout en devant repousser la sécurité onirique armée. Ainsi à un moment du film on se retrouve sur plusieurs niveaux de "réalité onirique", dans des situations critiques, et Nolan joue à saute-mouton à chacune d'entre elles. Exercice casse-gueule, mais la virtuosité narrative du réalisateur (qui a aussi écrit le script) lui permet de se sortir sans encombre de cette haute voltige. C'est la productrice du film, Emma Thomas, qui a su le mieux définir le long métrage : un film de braquage sur un fond fantasmagorique. En fait le climax du film tient en quelques secondes dans le premier niveau de rêve, le temps d’une chute, durée décuplée à chaque niveau inférieur. Une déclinaison vertigineuse.

 

L'histoire ne s'embarrasse pas de termes techniques, se concentrant sur l'action, qui devient vite omniprésente, après une période d'exposition des enjeux et de recrutement de l'équipe de Cobb. Très vite également les mouvements de caméra, extrêmement efficaces, portés par le score addictif de Hans Zimmer embarquent le spectateur dans une expérience inouïe depuis Matrix. La comparaison est inévitable, non seulement pour les raisons déjà invoquées, mais aussi parce que l'on a également dans le film de Nolan une scène de combat en apesanteur. Cette apesanteur, si elle se justifie dans le premier niveau de rêve, est pourtant absente des niveaux inférieurs. Il y a là, peut-être, la seule faille narrative du film de Nolan. Car pour peu que l'on adhère au sujet, c'est imparable. Le film produit des effets quasi hypnotiques, pouvant amener certains spectateurs à avoir du mal à se « reconnecter » à la réalité. A une époque où les mondes virtuels sont montrés du doigt au sujet de l’aliénation de la population, Inception se place en tête de pont, même si le sujet de l’aliénation elle-même est au cœur du film.



 La dernière séquence du film laisse la porte ouverte à diverses interprétations. Cela va laisser beaucoup de spectateurs perplexes, voire déçus. Mais on retrouve la patte de Nolan, qui aime laisser les gens sur une interrogation. Et si l’on va faire un petit tour sur Internet, on trouve déjà tout un tas de théories. Posez-vous par exemple la question de la parenté entre un morceau de musique très connu qui tient une place importante dans le film, et le thème principal, qui ouvre et referme le long métrage. D’autres questionnements, relatifs à la place du rêve dans le film, se font jour également, mais ce serait faire des spoilers à la chaîne que d’en parler. D’autant plus que le montage laisse peu de temps à la réflexion, on peut vite être perdu dans les différents niveaux de « réalité ». 

 

L'ensemble du film est donc réalisé d'une façon techniquement incroyable, et certains pourraient avoir l'impression de retrouver le Spielberg de Minority Report, pour donner un exemple relativement proche. Christopher Nolan est tout simplement l’un des réalisateurs les plus doués à l'heure actuelle, il est à la place que l'on promettait à M. Night Shyamalan il y a une dizaine d'années. Espérons qu'à l'instar du réalisateur américain d'origine indienne, l'Anglais ne se brûlera pas les ailes dans des projets boursouflés.

 

Pour un univers riche basé sur un concept imparable -la richesse de l'imagination humaine-, il fallait un réalisateur et un scénariste visionnaire. Christopher Nolan est de cette trempe.

Pour ces raisons, Inception mérite bien un second visionnage, ne serait-ce que pour être certain d'avoir saisi toutes les idées évoquées, et saisir les multiples possibilités offertes par le scénario. Par les temps qui courent, il est d'autant plus rare et précieux de trouver un blockbuster de cette trempe, qui n'hésite pas à faire cogiter le spectateur. La question suprême que se pose donc Nolan, à travers Inception, est celle du rêve ultime, et du Premier Architecte.



Chef d'oeuvre en puissance, film déjà culte... voici un panel d'expressions sans une once d'originalité, mais qui élèvent ce long-métrage au rang qui lui échoie : celui d'un spectacle grandiose réussi de bout en bout. Chapeau bas l'artiste.


 

GiZeus et Spooky.

 



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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films
 

 


J'ai vu l'autre soir ce film, adapté du roman de Robert Crais. Le film est produit par Bruce Willis, qui joue le rôle principal, et réalisé par le français Florent-Emilio Siri, auteur du remarqué Nid de Guêpes. L'histoire est celle du shérif d'un comté de Californie, ancien "négociateur" lors des prises d'otages, qui se retrouve face à trois adolescents qui ont pris en otage une famille riche dans une maison isolée sur les hauteurs californiennes. Mais l'intrigue est beaucoup plus complexe que ça, puisque Jeff Talley (Willis) se retrouve personnellement impliqué dans l'affaire.


Crais, épaulé au scénario par Doug Richardson, a dû modifier quelque peu son intrigue, afin de rendre le récit plus linéaire (et surtout le faire rentrer dans un format d'1h45), et effacer certains personnages secondaires. Du coup, de l'"exceptionnel roman" (dixit Madame), ne reste que l'essentiel, qui permet tout de même d'avoir une histoire haletante, sans concessions et diablement bien écrite. Car Siri, sans révolutionner l'actioner de base, livre un film à la fois nerveux, classique et sérieux. Un poil de "Je suis Bruce Willis et je sauve le monde, t'es pas d'accord ?", un brin de folie, et hop, c'est probablement l'un des meilleurs films d'action de l'année 2005. Willis livre une composition tout à fait impeccable, comme souvent, et les autres acteurs sont au diapason. Seul bémol : l'impasse effectivement faite pour resserrer l'intrigue, qui frustre quelque peu le spectateur. 1h45, c'est vraiment court pour rendre complètement justice à un bouquin aussi dense...


Ceci dit, c'est vraiment un très bon film. Je pense que Siri va en faire d'autres...

 

Spooky.


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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

Je ne pensais pas qu'un jour je parlerais d'un film traitant de la prestidigitation sur Ansible. Mais deux éléments, au moins, m'ont amené à me pencher sur le cas de ce film réalisé en 2006. D'abord le nom de son réalisateur, Christopher Nolan, dont je viens de voir le dernier film, Inception, qui est une bombe. Je vous en parle d'ailleurs très vite. Ensuite le fait que ce film, dont l'affiche se partage entre Christian Bale et Hugh Jackman, deux acteurs que j'apprécie, soit adapté d'un roman de Christopher Priest, considéré comme un auteur majeur de science-fiction. Son roman, Le Monde inverti, est un chef d'oeuvre, mais le reste de son oeuvre est remarquable.

 

Le Prestige nous conte la rivalité entre deux prestidigitateurs anglais dans le Londres du début du XXème siècle, Borden et Angier. La vie de chacun pourrait se résumer à la quête du "truc" permettant à l'autre de réaliser un tour formidable, jamais vu, etc. Une quête qui pourrait mener Angier à la noyade, et Borden à la peine de mort pour l'avoir "tué"... Mais les apparences sont trompeuses et bien évidemment le récit recèle de nombreuses surprises.

 

Finalement le choix de Christopher Nolan n'est pas une surprise pour réaliser une histoire pareille. Expert en manipulation du public, adepte des renversements de situation finaux et parangon du montage nerveux, Nolan appose sa patte dans ce faux thriller, qui pourrait émarger dans plusieurs genres... et aucun. Le Prestige est truffé de faux-semblants, de dissimulations, exactement comme son sujet. Le roman de Priest a été adapté par les frères Nolan, à la marge, en gardant l'essentiel de l'intrigue mais en rajoutant des trouvailles visuelles. Par contre Christopher Nolan a interdit Priest de plateau pour ne pas spoiler la fin de son film, "bien meilleure que celle du roman"... Un peu domage... Cela donne un film nerveux, complexe, et comme d'habitude, dont le fin mot permet de tout expliquer, ou presque.

 

Pour incarner ses deux magiciens qui se chamaillent sans arrêt, ou plutôt qui cherchent à se surpasser l'un l'autre, la production a trouvé en Jackman et Bale deux acteurs formidables, qui m'ont carrément bluffé lors de leurs scènes... Mais je n'en dirai pas plus, sinon je vous révèle tout. Ils sont accompagnés de Scarlett Johansson, en assistante d'Angier, de Michael Caine, l'ingénieur (en gros, le gars qui invente les machines qui lui permettent de faire ses tours) de celui-ci, ou encore de David Bowie, dans le rôle de l'intrigant Nikola Tesla. Un personnage qui a réellement existé et qui a développé des principes scientifiques connus plus tard sous le nom de radio, radar, télécomande, courant alternatif... Rien d'important, vous le voyez... Certaines de ces inventions ont d'ailleurs été attribuées à tort à Thomas Edison, chez qui Tesla travailla quelques temps.

 

Bref, Le Prestige est un film surprenant, méconnu, mais intéressant non seulement dans son sujet mais aussi dans sa forme.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films

 

 

La voici donc, la première adaptation de l'oeuvre maîtresse de Clive Staple Lewis, ami écrivain de JRR Tolkien. Tous deux faisaient d'ailleurs partie, après 1918, du même cercle d'écrivains. L'oeuvre de Lewis a eu presque autant de retentissement que celle de son ami dans le monde anglo-saxon. Mais curieusement, pas dans nos contrées francophones. La raison profonde est sans doute la relation de l'oeuvre à la religion et l'image et la place que celle-ci tient dans la société française.

Car là où Le Seigneur des Anneaux, Bilbo le Hobbit, le Silmarillion et autres travaux connexes puisaient leurs origines dans les mythes et légendes du nord de l'Europe, Les Chroniques de Narnia (devenues Le Monde de Narnia au cinéma) sont clairement une allégorie de la Bible. Les figures bibliques et christiques sont légion au long des 7 romans qui composent la somme romanesque. Je n'en dirai pas plus, si vous souihaitez lire les romans. A noter d'ailleurs que Gallimard en a fait une édition intégrale, avec un faciès de lion sur la couverture.

Curieusement, c'est le second roman paru qui est adapté en premier.  Ce qui est curieux, car le premier, Le neveu du Magicien, raconte la génèse du monde de Narnia, et notamment le rôle exact et primitif du lion géant Aslan. Notez tout de même que ce "tome 2" a été écrit avant le tome 1 par CS Lewis. Parlons de celui qui est donc adapté en premier : Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique.


Quatre frères et soeurs, Peter, Susan, Edmund et Lucy, doivent fuir Londres aux prises avec les bombardements allemands pendant la seconde guerre mondiale. Ils sont envoyés dans le château à la campagne d'un professeur austère. Au cours d'une partie de cache-cache, la benjamine, Lucy, entre dans une grande armoire, qui s'avère être le passage vers un monde enchanteur, appelé Narnia. Mais ce monde est sous la coupe de Jadis, une méchante sorcière qui a installé le pays dans un hiver éternel. Jadis, qui voit d'un mauvais oeil l'arrivée de ces enfants à Narnia. En effet, une prophétie raconte que sur le trône s'assiéront deux fils d'Adam, et deux filles d'Eve. Sur le trône qu'elle occupe. Elle va alors tenter de les diviser. Justice, fraternité, courage, abnégation et sacrifice, tels sont les arguments de Lewis.

C'est Andrew Adamson, ci-devant co-réalisateur de Shrek et Shrek 2, qui se retrouve, ô trahison, à la barre de cette production Disney. Disney largement brocardé dans les deux films d'animation contant les aventures de l'ogre vert. La production s'installe en Nouvelle-Zélande, sur les traces du Seigneur des Anneaux (pas une coïncidence), avec comme responsable des effets spéciaux, la même société qui a oeuvré sur la trilogie de Peter Jackson. Une première donc. Et Adamson s'en tire avec les honneurs, réalisant un film de bonne facture, un peu longuet et verbeux cependant. Les effets spéciaux tiennent largement la route, même si Aslan, le lion géant, est parfois bâclé. La réalisation d'Adamson est clairement inspirée de celle de Peter Jackson, ce qui lui donne une ampleur plutôt bienvenue. Car ne nous voilons pas la face, le bouquin est un peu chiant.


Le film repose sur les frêles épaules de quatre enfants, qui s'en tirent assez bien, même si la benjamine, qui joue Lucy, passe l'ensemble du film le sourire aux lèvres, quoi qu'il arrive. Et n'oublions pas la sorcière Jadis, incarnée par la diaphane et néanmoins anglaise Tilda Swinton (la Plage, Vanilla Sky, Broken Flowers...).

Du bon boulot donc, puisqu'Adamson est d'ores et déjà annoncé à la réalisation du second chapitre, le Prince Caspian (soit le tome 4, allez comprendre - à moins que ce soit dû au fait que l'on retrouve ces 4 mêmes enfants...), dont le tournage est planifié pour 2007. Espérons que le résultat soit aussi divertissant.

 

 

Spooky.

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Films


Sur les écrans depuis le 1er octobre, ce film m'a donné envie de vous parler un peu de ce groupe de "super-héros" de l'Angleterre victorienne, dont Alan Moore nous conte les aventures dans un comics du même nom. L'idée de départ est assez simple. Qui n'a jamais imaginé gamin voir se rencontrer Albator, le Capitaine Flam et le prince Actarus ? Dans mes délires d'enfant, Thomas Magnum côtoyait Angus McGyver (si si c'est ça son prénom !), l'Agence tous risques et Steve Austin ! Et ça donnait des trucs assez bizarres mais très excitants ! Mais bon je m'égare, je ne suis pas là pour vous raconter comment Futé a piqué Jody la copine de Colt Seavers sous le nez d'Howard… Des héros d'horizons différents qui se rencontrent, voilà le postulat de départ du créateur des Watchmen et de From Hell. Sauf que ses héros à lui n'ont rien à voir avec le petit écran, mais sortent tout droit de la littérature populaire de la fin XIXème / début XXème siècle. Les classiques de l'aventure et du fantastique quoi. Alan Moore s'attèle donc à un "crossover" géant où se croisent les héros de Jules Verne, HG Wells ou encore Robert L. Stevenson… Il imagine pour ce faire une équipe, la League of Extraordinary Gentlemen, mandatée par l'Empire Britannique pour assurer sa sécurité à travers le monde.
Première recrue et leader du groupe, Wilhelmina Murray, autrement dit la Mina Harker du Dracula de Bram Stoker. Celle-ci a quitté son mari Jonathan Harker après leur mésaventure avec le comte transylvanien et met ses talents au service du mystérieux "M", homme de l'ombre qui va confier ses missions à la Ligue. D'ailleurs certaines rumeurs courent sur lui… il s'agirait en fait de Mycroft Holmes, le frère de ce cher Sherlock… (mais ça je vous laisse lire le comics pour avoir le fin mot de l'histoire…). Seconde recrue, et non des moindres, le Capitaine Nemo en personne. Plutôt surprenant de la part d'un ennemi déclaré de l'Empire Britannique que de se mettre au service de la couronne… On découvre un personnage sombre qui ne cesse d'inquiéter tant il ne cache pas son animosité à l'égard de la civilisation anglaise qu'il juge en pleine déchéance morale. Mais face à des menaces plus globales, il met à disposition toute sa technologie futuriste dont le Nautilus est l'un des fleurons. Le Prince Indien déchu de Jules Verne est indéniablement un homme dangereux… Ensemble, Harker et Nemo enrôlent le vieil Allan Quatermain, qui après tant d'aventures trépidantes est devenu un alcoolique doublé d'un opiomane au dernier degré. Le héros de Henry Ridder Haggard, qui lui a consacré tout un cycle d'aventures extraordinaires en Afrique coloniale (dont Les Mines du Roi Salomon sont le chapitre le plus connu) est présenté ici sous un bien mauvais jour, à la recherche d'un héroïsme et d'une grandeur qu'il semble avoir perdus il y a longtemps… Puis vient la capture du personnage à double personnalité de Robert L. Stevenson, le fameux Dr Jekyll / Mr Hyde … Si Henri Jekyll apparaît comme faible, apeuré et très perturbé, son alter-ego bestial est une véritable bombe à retardement. Mr Hyde ressemble plus à un gorille géant friand de chair fraîche qu'à un homme. Il n'y a guère que Mina Harker qui sache l'amadouer et l'amener à faire ce qu'elle désire… la bête n'est pas insensible aux charmes de la belle. Et pour compléter cette ménagerie, c'est le pervers Hawley Griffin, autrement dit l'Homme Invisible de H.G. Wells, qui rejoint (un peu contraint et forcé) le groupe. Griffin est un homme sans scrupule, il use de ses talents à des seules fins personnelles, le sexe et l'argent étant ses deux centres d'intérêts principaux…
Voilà pour les personnages qui forment la Ligue. Sachez toutefois que (comme souvent avec Moore), la BD regorge de références à une multitude de personnages de la littérature populaire. Ainsi, un de leurs premiers ennemis ne sera autre que le Dr Fu-Manchu lui-même (personnage créé par Sax Rohmer). Le Mouron Rouge (de la Baronne Orczy), Miss Coote (héroïne de romans coquins de l'époque) et même un certain Campion Bond (seconde référence à l'univers de Ian Fleming après "M") font des apparitions plus ou moins remarquées au cours des aventures de nos héros. Si l'intrigue générale reste souvent classique (démasquer et contrecarrer le bad guy de service), Alan Moore, en scénariste génial qu'il est, insère des sous-intrigues passionnantes, qui lui permettent au passage d'approfondir les relations entre les personnages et de développer les caractères et nuances de chacun. Triangle amoureux Quatermain/Harker/Hyde, trahisons internes, conflits d'intérêts, les rebondissements sont nombreux. La patte du maître est là et bien là. Quant aux dessins, beaucoup les décriront comme… laids. Ça devient presque une habitude avec les BD de Alan Moore. Kevin O'Neill n'est certainement pas le plus académique des dessinateurs, et si son trait ne possède pas la virtuosité d'un Miller, d'un Anacleto ou d'un Sienkiewicz (pour rester dans le monde des comics), il fait preuve d'une finesse et d'un pouvoir évocateur impressionnant. Grâce entre autres aux couleurs de Benedict Dimagmaliw (non, il n'y a pas de faute de frappe !), son trait simple chargé de détails (paradoxal hein ?) nous gratifie de quelques splash-pages de toute beauté. Et finalement on se prend à se demander quel type de dessin aurait pu mieux convenir que celui-ci à une ambiance aussi originale. O'Neill rend justice aux personnages et sert l'anachronisme de certaines scènes de très belle manière. Bref, cette Ligue des Gentlemen Extraordinaires version papier est plus que recommandable si les expériences hors du commun ne vous font pas peur …

Mais qu'en est-il du film ?
Je dois avouer que parmi toutes les adaptations ciné de BD et Comics qui déferlent sur nos écrans, j'attendais celle-ci avec impatience. Et après visionnage, il faut bien dire qu'on reste loin du compte… mais ce n'est pas un film raté pour autant.
Soyons clairs, les BD à l'écran c'est la mode, LXG n'échappe pas au phénomène avec tout ce que cela comporte d'avantages et d'inconvénients. Rien que le titre "LXG" trahit la volonté de surfer sur les récents succès des super-héros au cinéma, la symbolique du X faisant ouvertement référence aux X-Men dont la conversion au grand écran a été auréolée de succès public.
Comme dans toute adaptation, le film n'est pas d'une fidélité sans faille au comics d'origine, loin s'en faut. Tout d'abord, Allan Quatermain devient le leader du groupe, Mina Harker étant largement sous-exploitée dans le film. Quand on sait que c'est Sean Connery qui interprète l'aventurier anglais, et qu'il est aussi producteur du film, on comprend mieux le changement. On voit même mal comment il aurait pu en être autrement…

Outre le fait que l'intrigue n'a rien à voir avec celle du comics, la plus grosse différence se situe dans la composition même de la Ligue. Deux personnages sont ajoutés au groupe. Tout d'abord Dorian Gray, doté du pouvoir d'immortalité et d'éternelle jeunesse (et issu du roman fantastique d'Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray). Plutôt bien vu comme ajout, tout à fait dans l'esprit de la BD. Le second est plus étonnant : c'est Tom Sawyer, jeune agent secret américain qui va devenir le protégé (en comics on appelle ça un "side-kick", comme Robin pour Batman par exemple) de Quatermain. Le personnage de Mark Twain n'apporte rien au film, même sa relation avec le vieux Quatermain (relation du type père-fils hein, me faites pas dire ce que vous pensez !) n'amène rien, faute de temps pour la développer correctement. En réalité, les producteurs (américains) du film ont suggéré qu'il était nécessaire d'insérer un personnage auquel le jeune public (américain) puisse se référer et d'identifier. Faut dire que s'identifier à n'importe quel autre taré de la bande s'avère légitimement difficile !! :o) Tom Sawyer ne doit donc sa place dans le film qu'à la volonté des producteurs d'attirer le jeune public (américain) dans les salles. Ce qui à mon avis ne tient pas la route un seul instant. Sauf peut-être si c'était Eminem qui avait décroché le rôle, les jeunes américains doivent se contre-foutre de Tom Sawyer…
Au chapitre des points négatifs du film, le scénario souffre de gros "trous", d'ellipses et autres raccourcis narratifs plutôt dommageables… Il est important de préciser à ce sujet que le réalisateur Stephen Norrington (Blade) a été remercié en phase de post-production, suite à des "incompatibilités d'ordre artistiques" avec l'acteur principal, et rappelons-le producteur du film, Sean Connery. Le montage un peu chaotique par moment et l'enchaînement narratif des scènes sont là pour prouver que le film a été bouclé sans réalisateur digne de ce nom. D'ailleurs après cette mésaventure, Stephen Norrington qui devait enchaîner avec l'adaptation d'une autre BD, Akira, a annoncé qu'il désirait reporter ce projet pour prendre du recul vis-à-vis du cinéma hollywoodien…
Alors oui, je vous le concède, tout cela n'est pas fait pour rassurer quant à la qualité du film. Et il est regrettable que le réalisateur n'ait pas eu le temps d'approfondir ses personnages qui sont nombreux. Tout au plus entraperçoit-on des embryons d'idées qui permettent d'humaniser (si c'est possible !) ces héros si particuliers. La culture et la froideur de Nemo, le combat intérieur de Jekyll et Hyde, leur attirance pour Mina, l'humour cynique de Griffin, le peu d'intérêt que porte Quatermain à ses propres exploits, tout ceci est là, se devine, se ressent confusément, mais n'a pas le temps d'être abordé de manière satisfaisante. On se doute du potentiel des personnages et des situations, mais l'action prime.
Car LXG c'est avant tout un film d'action. Et avec ce point on aborde les bons côtés du film. On ne s'ennuie pas, à aucun moment. Le matériau de base est si riche que l'inverse eut été étonnant. Niveau action on est servi. Niveau effets spéciaux et visuels également. Le Nautilus est majestueux, Londres, Paris et Venise sont recréées avec soin. Hyde est assez proche de sa version papier, je l'aurais aimé aussi sauvage, mais il est physiquement très réussi à mon sens. Mina Harker reste sous-exploitée, y-compris dans les effets spéciaux qui nous proposent toutefois une bien belle vampire. L'Homme Invisible est je crois le plus réussi de tous, la retranscription de ses pouvoirs à l'écran est vraiment bluffante de réussite.
Ajoutons à cela une interprétation excellente des acteurs, dont la distribution est proche de la perfection. Chacun " habite " son personnage avec talent. Il n'y a pas d'erreur, le casting est une des grandes forces du film.
Et ce qui sauve le film, lui donne toute sa valeur et sa personnalité, c'est l'univers qu'il réussit à rendre en images. Les décors sont magnifiques, le moindre détail répond à un design très précis. Les images, les éclairages, les couleurs, tout est visuellement parfait. Une véritable ambiance de fin de siècle se dégage à l'écran, avec ce mélange entre classicisme de la fin du XIXème siècle, rudesse de l'ère industrielle où le charbon et la vapeur régnaient en maîtres, et folie d'une technologie audacieuse qui marie avec succès passé et futurisme. C'est une chose que le réalisateur a su parfaitement retranscrire de la BD. Ce côté classieux, kitsch et baroque à la fois. C'est très surprenant et complètement abouti.

Alors je ne vais certainement pas vous dire que LXG est un film parfait et irréprochable. Le film n'est pas toujours très fidèle au comics. De même que le comics n'est pas non plus d'une fidélité absolue envers les mythes de la littérature qu'il met en scène. Et Finalement ce n'est pas le plus important je pense. Si je suis resté dubitatif face à certains choix, si le film est un peu en-deçà de ce que j'attendais, il m'a laissé une bonne impression, j'ai été séduit par certaines scènes, certains plans. Et surtout il m'a donné une furieuse envie de relire la BD, dont je le signale en passant et pour finir, le 4ème tome en VF sort en fin d'année aux Éditions USA.
Si à défaut de faire gagner des spectateurs au film j'ai pu aiguiser la curiosité de certains pour la BD, j'en serais déjà très content…

 


Marv’

 

 

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Publié le par Spooky
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Aujourd'hui, je vais vous parler de K-19, sous-titré "Le piège des profondeurs" chez nous. Retitrage un peu idiot, vu que le film se passe assez peu dans les grandes profondeurs de l'océan. Le titre original, comme vous pouvez le voir, était d'ailleurs K-19, the Widowmaker, c'est à dire "le faiseur de veuves". Pourquoi ne pas avoir traduit littéralement ce titre ? Eh bien peut-être parce que ce titre est celui d'un roman de Mike Resnick, publié par Denoël dans la défunte -et très bonne- collection Présence du futur en 1996. "Le Piège des profondeurs" ça sonne mieux, non ? On pense tout de suite à du mystère, du monstre, voire du dégoulinant...


En fait le mystère se situe plutôt du côté d'Harrison Ford, en gros sur l'affiche (c'est lui le monstre ? Bon ben, ils se sont pas cassé la tête depuis Les dents de la Mer). Après plusieurs flops pour l'ex-Indiana Jones, sera-t-il en mesure de redresser la barre (je fais les jeux de mots que je veux !), et sortir la tête de l'eau avec ce thriller politico-historique ? Réponse plus bas.


"En juin 1961, en pleine Guerre froide, dans les eaux de l'Atlantique nord, Alexei Vostrikov, le capitaine du premier sous-marin nucléaire de l'arsenal soviétique, le K-19, découvre que le système de refroidissement du réacteur principal est défaillant. A son bord, des ogives et un moteur à propulsion atomique menacent d'exploser si la température au coeur du réacteur ne baisse pas rapidement.
Coupés du monde extérieur et du reste de la flotte russe à cause d'une panne d'antenne, le capitaine Vostrikov et son second Mikhail Polenin doivent surmonter leurs différends pour faire face à la crise et éviter un accident nucléaire. Par ailleurs, si une telle explosion se produisait, les Etats-Unis pourraient croire à une première attaque soviétique et déclencher une guerre totale."


Vous l'aurez peut-être compris, Vostrikov est incarné par Ford, et Polenin par Liam Neeson, un excellent acteur qui n'arrive pas à trouver de rôle aussi marquant depuis La Liste de Schindler. Deux acteurs en quête de rachat, au milieu d'une nuée de jeunes acteurs à peu près inconnus dans un film qui s'annonce comme spectaculaire. Mais le spectacle n'est pas là où on aurait pu le croire. Car K-19 est avant tout un thriller psychologique plutôt qu'un récit de guerre. C'est d'ailleurs une constante dans les bons films se déroulant dans des sous-marins : rappelez-vous de A la Poursuite d'octobre rouge, de das Boot... Une raison aussi pour cette orientation à rebours de la tendance "blockbuster" : au commandement de ce film se trouvait Kathryn Bigelow, ci-devant épouse de James Cameron, et réalisatrice aussi rare que difficile à suivre : Aux frontières de l'Aube, qui renouvelle le style vampirique, le branché Point Break (eh oui !), le polar Blue Steel, ou encore le très controversé Strange days, vision étrange du futur.


K-19 est donc un film étonnant, qui se passe à 95% à bord d'un sous-marin soviétique, où, en version originale, tous les acteurs s'expriment en Russe, sauf... les deux têtes d'affiche. Mais ce n'est là qu'un point anecdotique. Car le film est, contre toute attente, plutôt bon. Sur l'ensemble des points, jusqu'à l'interprétation de l'ensemble des comédiens. Il est intéressant de noter que les deux stars ne sont pas constamment à l'écran, rendant la performance des autres (jeunes) acteurs plus tangible et appréciable. Liam Neeson est d'ailleurs en retrait. Ford prouve qu'il est resté un très bon acteur, surtout au cours d'une longue scène vers la fin, où la muraille du commandant Vostrikov se lézarde pour laisser échapper quelques sentiments. Concernant les autres comédiens, le "climax" du film se situe vers le milieu ou le premier tiers du métrage, lorsqu'une longue séquence nous montre plusieurs membres de l'équipage obligés de pénétrer dans la chambre nucléaire afin de colmater la fuite radioactive, au péril de leur vie. La scène est glaçante, surtout quand on sait que tout ça est réellement arrivé. Et tout ça sans aucun effet superflu, rien que la prise de vues passant des matelots en train de réparer, puis sautant sur le visage d'un autre se rendant compte du danger de la manoeuvre. Absolument glaçant.

Dommage que K-19 ne soit pas devenu un classique du genre, il l'aurait mérité.

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
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Pour ceux qui ne connaissent pas la série [•REC], je vous renvoie vers ma critique du premier [•REC], qui date d'il y a 18 mois. Cela raconte l'histoire d'une équipe de télé qui suit des pompiers sur une intervention dans un immeuble de Barcelone. Le problème c'est que tous els occupants de l'immeuble semblent... changés. Surfant sur la vague des horror-movies filmés en caméra subjectives (mode dont Cloverfield a bien profité), [•REC] proposait un récit simplissime, efficace, flippant aussi par moments.


Reprenant l'histoire quasiment là où elle s'est terminée, puisque l'immeuble est toujours bouclé par les autorités, nous sommes cette fois dans les pas, ou plutôt les yeux d'un groupe de super-soldats accompagnés par un "expert" du Ministère de la Santé. Nonobstant le point de départ qui rappelle Aliens, on continue dans l'horror movie de base, avec deux lignes de scénario pour une efficacité maximale. Dans cette suite, cependant, l'origine du "virus" qui ravage l'immeuble est dévoilée, et l'implication religieuse de celle-ci n'est pas forcément une bonne idée...


Cependant certains masques tombent, des protagonistes du premier film réapparaissent pour donner du ressort au récit... L'une des bonnes idées du film est d'avoir équipé chacun des soldats d'une caméra sur le casque. Cela permet d'avoir du split-screen, puis de basculer d'une vision à l'autre, pour un récit à plusieurs voix qui donne plus de profondeur. Alors qu'on pensait que celui-ci allait s'enliser dans une lutte entre les soldats et les zombies, certes bien menée, des intrus font leur apparition dans l'immeuble, eux aussi "armés" d'une caméra : un trio d'adolescents un peu curieux, à la suite d'un pompier et d'un résident de l'immeuble. Bien sûr ça ne va pas arranger les choses, au contraire...


Si les images restent très fortes, si parfois le son se brouille et le cadraage se renverse quand la caméra tombe à terre, si les acteurs -en particulier l'"expert" et l'un des adolescents jouent vraiment bien la terreur, la rigueur ou la possession, il n'en reste pas moins que cette suite est un cran au-dessous du premier opus. D'abord parce que le pot-aux-roses est dévoilé, et qu'il n'est pas forcément judicieux, et ensuite parce qu'on n'a plus la surprise, la fraîcheur du premier... Mais les deux co-réalisateurs, jaume Balaguero et Paco Plaza, se sont gardé la possibilité de faire une suite, puisqu'à la fin du film (qui intervient après seulement une heure et quart, comme pour le premier), peu de choses ont fondamentalement changé. Pas sûr que j'aie envie de voir un [•REC]3...



Spooky.


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Publié le par Spooky
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Pas facile en ce moment d'écrire une chronique sur quelque chose de récent, entre journées très intenses, lectures insatisfaisantes (et qui parfois ne vont pas à leur terme) et sorties réduites à néant ou presque. Du coup comme vous l'avez vu, je réédite des papiers ayant plus de trois ans, ou c'est l'excellent GiZeus qui prend le relais.

 

J'ai presque dû me faire violence pour accepter l'invitation d'un blogueur influent à aller voir ce film. Non par manque d'envie, mais seulement parce que, comme je le disais, mon temps de loisirs est très limité. De même l'écriture de ce billet ne s'est pas faite en une fois, et n'a pu être commencée qu'une semaine après le visionnage du film. Mais comme celui-ci ne sort que le 30 juin, le timing est finalement bon si vous souhaitez le voir à sa sortie. Mais trêve de racontars sur ma vie, passons à ma chronique.

 

Splice (dont la traduction littérale en français est "épissure", un terme de matelot qui désigne la jonction de deux bouts de corde) est donc le nouveau film de Vincenzo Natali, encensé pour son premier long-métrage, Cube. On l'avait un peu perdu de vue, mais pourtant il n'a pas arrêté de tourner depuis le complexe mais insatisfaisant Cypher, avec Jeremy Northam et Lucy Liu. Il y eut aussi l'intrigant Nothing, où un couple se retrouve projeté dans un autre monde. Natali est aussi un adaptateur de classiques de la SF : après IGH, d'après le roman éponyme de JG Ballard (produit en 2008 mais non sorti en France), il s'attaquera bientôt à Neuromancien, le roman de William Gibson, plus ou moins considéré comme le fondateur du mouvement cyberpunk. Mais pour l'heure c'est donc Splice qui nous intéresse.


Splice qui nous présente Clive et Elsa, des superstars de la science puisqu'il ont réussi à combiner les ADN de différents animaux pour obtenir des hybrides capables de guérir de nombreuses maladies. Mais bien sûr le laboratoire pharmaceutique qui leur sert de mécène refuse de continuer à les soutenir juste au moment où leurs brevets deviennent économiquement viables. Ils décident de franchir -en catimini- le pas du tabou : combiner de l'ADN animal avec celui d'un humain. Une étrange créature va bientôt apparaître, ressemblant à un lapin écorché sur des pattes de sauterelle. D'abord craintive, puis agressive, la créature se laissera finalement plus ou moins apprivoiser, et va grandir à toute allure. Au bout de quelques semaines elle a une taille et une allure presque humaines. Surnommée Dren, celle-ci va finir par expérimenter certains comportements humains, et notamment l'amour, faisant basculer le film dans un ménage à trois un peu étrange, avant de partir sur les terrains de l'horreur.


Splice aborde différents thèmes. En premier lieu la manipulation génétique, et comme je l'indique, celle qui concerne l'ADN humain. Un sujet relativement bien traité, même si j'aurais aimé qu'il y eût plus de désaccords, de doutes au sein du couple de scientifiques au moment de basculer dans cette aventure interdite. Ensuite celui de la maternité. Elsa ne souhaite pas sentir un enfant grandir dans son ventre, mais lorsque Dren apparaît et fait preuve d'intelligence, son instinct maternel s'éveille et elle finit par l'élever exactement comme un enfant normal, tandis que son compagnon est plus en retrait. Une peinture un peu caricaturale de la famille au passage, mais bon. Le dernier thème traité en filigrane est celui de l'inceste, puisqu'épiant les ébats de ses parents adoptifs, Dren va chercher à séduire Clive. Situation oedipienne typique. Une richesse thématique certaine, mais que Natali, hélas, effleure seulement, puisqu'on passe en 1h47 du biothriller à la bluette pour finir sur un film de monstre. Il en résulte une posture un peu maladroite, car on ne sait pas si le second ou troisième degré présent est réellement voulu ou si le réalisateur se prend au sérieux. Par exemple le laboratoire où oeuvrent nos tripatouilleurs de chromosomes s'appelle N.E.R.D, ce qui prête à sourire puisque c'est précisément ce qu'ils sont, des personnes solitaires et intelligentes, à la fois socialement handicapées (mais pas toujours isolées car un nerd peut conserver une vie sociale) et passionnée par des sujets liés à la science et aux techniques (merci Wikipedia pour la définition de ce terme d'origine anglaise entré dans la culture populaire).

Mais cet esprit nerd n'est plus vraiment utilisé par la suite, le ton étant le plus souvent assez sérieux. La salle riait pourtant à gorge déployée pendant des scènes pas forcément drôles... Un élément appréciable est la façon dont le supposé "monstre" dévoile son humanité, en opposition aux deux "vrais" humains qui eux peuvent trouver des ressources de cruauté insoupçonnées... Un motif de choix, que l'on peut trouver ailleurs, mais rarement bien utilisé comme dans Splice.


Sur le plan artistique, pas grand-chose à dire, Natali pose bien ses cadrages, sa lumière, et panache bien les moments de calme et de "précipitation", mêmes si ces derniers sont quand même concentrés dans le dernier quart du métrage. Le casting est de qualité, car plutôt que d'avoir des gravures de mode pour incarner ces scientifiques asociaux, nous avons deux excellents acteurs, comme Adrien Brody, vu récemment dans King Kong ou the Jacket, et Sarah Polley, vue dans L'Armée des morts de Zack Snyder. Deux acteurs au physique banal, presque passe-partout. Par contre le rôle de Dren adulte est tenu par la française Delphine Chanéac, qui n'a joué presque que dans des séries TV. Elle est surprenante, sensuelle, lunaire, énigmatique, inquiétante et surtout androgyne à souhait... C'est peut-être elle la vraie surprise du film. Par contre Brody a une coiffure absolument immonde dans ce film, et ça, ce n'est pas vraiment une révélation... Celui-ci est d'ailleurs presque un huis-clos, puisqu'il ne compte que 8 rôles parlants, l'essentiel de l'intrigue se passant entre les trois personnages principaux.


Au final je n'ai pas détesté ma séance de cinéma, j'ai vu un film relativement agréable à suivre, correctement filmé et interptété, mais  qui malheureusement a le cul entre deux chaises et a bien du mal à se relever. J'espère que l'on retrouvera le Natali inventif de Cube dans ses prochaines productions. Attention cependant, certaines scènes sont à la limite du malsain. A prendre avec des pincettes donc.


Spooky.


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