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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

livres

Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

 

La floraison des études consacrées à Tolkien et son œuvre, dont votre serviteur s’efforce modestement de se faire l’écho, aboutit actuellement à une quantité d’ouvrages assez intéressante. Seulement le sérieux et le niveau d’érudition de ceux-ci varie énormément, phénomène fréquent dans la critique littéraire. Et cette quantité amène un autre corollaire, les clichés qui subsistent, et ceux qui sont créés par cette littérature grise. Professeur à l’Ecole Normale supérieure, Isabelle Pantin s’efforce, dans cet ouvrage, de remettre les pendules à l’heure, en revenant le plus possible aux racines de la création tolkienienne. Elle s’applique donc à analyser certains motifs (dans le sens d’éléments de décor, de création, comme dans une tapisserie) qui ont présidé à sa création. Au long de dix chapitres, Isabelle Pantin s’efforce de replacer l’auteur et son œuvre dans leur temps, dans leur entourage. Sont ainsi traités la jeunesse créative de Tolkien, notamment au travers de son appartenance à des clubs d’érudits, mais aussi la place de la mémoire, le regard critique au travers de la réception des oeuvres d’un autre auteur, très proche, Clive Staple Lewis, auteur du cycle de Narnia, composé à peu près à la même époque. La dimension mythologique du Silmarillion, la dimension tragique du Seigneur des Anneaux, ou encore la place de la topographie dans ce dernier sont également passés en revue. Il est vrai que sans ses cartes, le roman du Professeur n’aurait pas la même saveur. L’ensemble est un ouvrage d’une grande érudition, qui confine par moment à un certain hermétisme, et du coup le lecteur un peu en déficit face à certaines notions peut être perdu. Une lecture ardue, touffue, mais j’ai choisi de vous parler en particulier de l’une de ses parties, pour vous éviter des redites ou des relectures compliquées.

 

Dans son chapitre consacré à la gestion du temps, ou plutôt au voyage dans le temps, Isabelle Pantin évoque deux romans inachevés du Professeur : The Lost Road et The Notion Club Papers. Le premier a été traduit et publié récemment en France ; il s’agit du récit de la perception d’un père et d’un fils, à travers des rêves, d’un même évènement : une vague géante qui s’apprête à engloutir une île. On peut lire cette histoire de deux façons ; d’une part une relecture/témoignage de la vocation philologique (étude des langues) et littéraire de Tolkien, mais aussi une sorte d’exercice/défi qu’il s’était lancé avec son ami CS Lewis sur le voyage dans le temps (alors que Lewis, lui, s’essayait au voyage dans l’espace). A noter que cet évènement, la submersion d’une île, sera en quelque sorte le point de départ de la création d’Arda du point de vue littéraire, le raz-de-marée recouvrant Nùmenor étant le premier évènement, ou peu s’en faut, qui sera écrit dans cet univers. The Notion Paper Club est, lui, toujours indisponible en français ; gageons qu’un jour Christian Bourgois et Vincent Ferré lanceront le processus, car cette œuvre, racontant les discussions d’un groupe d’érudit, semble directement inspiré des réunions et travaux des Inklings, ce club oxfordien auquel Lewis et Tolkien appartenaient alors qu’ils étaient étudiants puis jeunes enseignants, mais aussi des réflexions de Tolkien sur son processus créatif.

 

Dans Le Seigneur des Anneaux ce thème du voyage dans le temps est peu exploité, présent uniquement dans une scène notable, celle de Cerin Amroth, lorsque la Communauté se repose en Lorien et que Frodo assiste, de façon partielle, au mariage d’Aragorn et Arwen. Mais il ne comprend pas ce qu’il se passe, ressortant de l’expérience avec un sentiment de malaise, et celui d’avoir assisté à une scène depuis une fenêtre sans pouvoir influer sur celle-ci. Ce motif du voyage dans le temps –par ces procédés « classiques »- est donc malheureusement raté, ou du moins tué dans l’œuf, comme le souligne l’auteure. Tolkien utilise donc une autre technique, une technique plus intuitive, plus naturelle chez lui, celle de la musique. Bien sûr, il n’a pas composé une symphonie pour accompagner son récit, mais cette musicalité s’exprime dans les sons, en particulier les noms de personnages et de lieux. L’un des plus beaux exemples est le passage de la Moria, une merveille d’ambiance qui peut rappeler les meilleurs moments de morceaux comme Pierre et le Loup ou La Flûte enchantée (ces exemples provenant de ma propre culture). La musicalité des noms, les chants entonnés par les personnages (dont Sam, sorte d’archétype des valeurs anciennes) convoque des évènements passés. Une autre musicalité, moins évidente, est l’utilisation des leitmotive wagnériens : par la répétition de certains éléments (sur les attitudes des personnages, des scènes de veille de nuit, etc.), mais aussi leurs variations (concernant Aragorn et Gandalf, par exemple, dont la vraie nature est « cachée » au début du récit). Tolkien place son récit sur un plan mythique, l’éloignant à dessein du simple récit d’aventure.

 

On trouve en fin d’ouvrage des bonus et des appendices très intéressants, comme un résumé du Silmarillion, que personnellement je n’ai pas réussi à lire malgré deux tentatives, ou encore l’histoire de deux œuvres ayant fortement inspiré Tolkien, La Völsunga Saga et l’histoire de Kullervo (présente dans le Kalevala). Les nombreux éléments présents dans l’étude renvoient à de multiples notes (une trentaine de pages !). La bibliographie – impressionnante- présente à la fin témoigne d’une érudition de tout premier plan, mais aussi de la littérature (essentiellement en anglais) grise autour de l’œuvre de Tolkien. L’immense majorité n’a pas encore été traduite en français, ce qui nous promet encore de riches heures de lecture…

 

Tolkien et ses légendes est donc un essai magistral dans son ensemble, peut-être le plus complet à l’heure actuelle (il est en effet soti en septembre 2009) mais qui n’échappe pas non plus au trait qu’il fustige en premier lieu, à savoir une dispersion sur le plan des thèmes. Et puis, il faut aussi laisser une part de mystère à la création artistique, ne pensez-vous pas ?

 

Spooky

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

"Ca y est, ça le reprend", vont s'exclamer certains...

Eh oui, je suis un tolkienophile indécrottable, et je l'assume. Non content d'avoir lu presque toute sa production traduite en français, je me suis mis depuis plusieurs années à lire les ouvrages analytiques sur son oeuvre... Et de temps en temps je m'en lis deux ou trois en rafale, voire plus.

Cette fois-ci je me suis intéressé à un ouvrage collectif, publié par le CNRS (centre national de la recherche scientifique, excusez du peu), qui a essayé de déterminer les relations de son oeuvre majeure (le duo Bilbo le Hobbit-Le Seigneur des Anneaux) avec les éléments médiévaux. Tous les contributeurs sont des chercheurs spécialisés dans les études médiévales, et chacun, selon sa spécialité, propose donc une étude. Léo Carruthers, lui-même chercheur dans l'estimable institution, qui dirige l'ouvrage, a réparti ces contributions en se basant sur une carte conceptuelle. En partant du "Vieux continent", c'est à dire l'inspiration littérale (du Moyen-Age vers Tolkien), nous naviguons sur les Îles, l'inspiration interculturelle vers des "terres inconnues", représentant les inspirations artistiques et magiques. Organisation, ou plutôt symbolisme audacieux, mais en accord finalement avec les écrits de Tolkien, surtout Le Seigneur des Anneaux, où nous suivons les Hobbits quittant leur Comté douillette pour partir à l'aventure, rencontrer d'autres cultures et finalement [SPOILER] partir vers l'inconnu en fin de parcours... [FIN SPOILER]
A noter que ce cheminement rédactionnel est matérialisé par une carte reprenant les différents éléments.

Tolkien et le Moyen-Âge... Une relation évidente, diront les représentants du grand public, Le Seigneur des Anneaux c'est plein de châteaux forts, de soldats en armures, de seigneurs... Mais si l'on se penche plus précisément sur les éléments constitutifs du Moyen-Âge, c'est moins évident. Penchons-nous d'abord sur la littérature. Le Seigneur des Anneaux doit ainsi beaucoup au Kalevala, un long poème épique écrit en finnois et rassemblant des chants anciens à la fin du XIXème siècle. Le Kalevala semble avoir pas mal inspiré Tolkien pour le personnage de Tom Bombadil, l'énigmatique forestier que rencontre la Communauté de l'Anneau. Les légendes arthuriennes sont aussi une inspiration évidente, quand on voit des personnages comme Aragorn, qui rassemble les figures d'Arthur et de Galaad, par exemple. Médiéviste distingué, l'auteur fut aussi et surtout un philologue de haut niveau. C'est ainsi qu'il a développé des systèmes entiers de langues, et qu'en particulier les langues hobbite et rohirrim (c'est à dire parlée par les habitants de la région du Rohan) ont des liens très forts. La langue de la Comté était, dans l'esprit du professeur, comparable à l'anglais moderne, alors que la langue du Rohan serait à rapprocher du vieil-anglais...

Les contributeurs se sont ensuite penchés sur le personnage de Beorn, l'homme-ours qui apparaît dans Bilbo le Hobbit. Un personnage emblématique qui a des occurrences dans bien des légendes médiévales européennes... Une autre étude revient sur l'une des figures centrales du Seigneur des Anneaux, celle de l'Anneau, à laquelle Gollum est indéfectiblement lié.

Les îles, l'inspiration interculturelle... Ca débute par une étude sur les différents Seigneurs du Seigneur des Anneaux. Car, s'il est acquis depuis longtemps que celui auquel fait référence le titre, c'est Sauron, le récit est truffé de princes, de rois, au premier rang desquels Aragorn, descendant des rois du Gondor, et guerrier errant qui va reconquérir sa couronne. Il y a aussi Theoden, sa fille Eowyn, Boromir, fils de l'intendant du Gondor dont la noblesse d'âme n'est plus à prouver ; son frère Faramir aussi. Et puis ceux qui n'ont pas de titre "officiel" mais qui sont aussi des seigneurs de par leur comportement. Frodo bien sûr, Elrond, qui est plus ou moins l'intendant de Fondcombe... Sa fille fort souvent perçue comme une princesse elfe, et amoureuse du futur roi de Gondor... Ca fourmille de têtes couronnées là-dedans... Ce côté très féodal se retrouve dans la vassalité d'autres personnages, tels Sam, d'une loyauté exemplaire envers Frodo, ou Pippin et Merry, qui vont se mettre au service de deux royaumes dans la Guerre de l'Anneau... Plusieurs contributeurs se sont intéressés à ce que j'appelle le Decorum du Seigneur des Anneaux et à Bilbo le Hobbit : les armes, les armures, le symbolisme, et parfois le pouvoir particuliers qu'ils revêtent aux yeux des protagonistes ou dont ils sont réellement dotés. La musique et la poésie, éléments indissociables de l'univers d’Arda, sont également passés au crible. Car c'est bien la musique et les chants qui président à la création de ce monde, sous l'égide d'Iluvatar.


La troisième partie des études propose de revenir sur l'inspiration artistique et magique du Seigneur des Anneaux et de Bilbo le Hobbit. Ici Tolkien est allé chercher son inspiration bien loin, vers le gigantisme de l'art antique égyptien et la légende de l'Atlantide pour construire ses forteresses imprenables, ses édifices cyclopéens, l'histoire de Numenor même. On s'éloigne un peu de la culture médiévale dans ces pages. L'un des derniers chapitres aborde la question de la médecine ; je ne l'avais jamais remarqué, mais les passages consacrés aux soins et à la guérison sont aussi peu nombreux que courts dans les pages du Seigneur des Anneaux. Aragorn (investi d'un pouvoir divin, que l'on attribuait aux rois de France, il est vrai), guérit une grave affliction par imposition de la main. Frodo se réveille guéri dans la maison d'Elrond, sans qu'on sache ce que celui-ci a fait pour le guérir. Et ce sont là les passages les plus importants. Il s'agit là d'une faiblesse dans le "paysage" tolkienien, qui affaiblit l'impression de réalisme de l'ensemble. Cette étude fut l'une des plus intéressantes pour moi, car j'y ai vraiment vu un aspect nouveau, encore inédit. Et pour finir, l'étude consacrée à la magie et à la sub-création revient sur la notion de mage, incarné à la fois par Gandalf et Saruman, qui ne sont pas des Hommes, mais des Istari, c'est à dire des êtres d'essence divine et extrêmement anciens.


En conclusion, après cette lecture, je dois dire que je suis relativement mitigé. Bien sûr, comme dans tous les ouvrages collectifs, il y a de bonnes et de moins bonnes choses. Globalement je n'ai pas appris grand-chose sur l'inspiration médiévale de Tolkien. Certaines études vont un peu plus loin dans le decorum, ce qui est loin d'être inintéressant, mais en ce qui concerne le Kalevala ou Beowulf, ce sont des références depuis longtemps citées chez les exégètes du Professeur. Par contre je n'avais jamais vu le personnage de Beorn sous cet angle, et le chapitre sur la médecine m'a apporté du neuf. A lire par les acharnés. Malgré certains côtés un peu datés, je recommande aux néophytes la lecture de Tolkien, sur les rivages de la terre du Milieu, ouvrage critique fondateur en France de Vincent Ferré. (trouvable en grand format chez Christian Bourgois ou en Pocket) Pour vous remettre tout ça en mémoire, retrouvez son interview exclusive ici.



Spooky.

 

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Il y a 18 mois déjà, je vous avais entretenus de ma très bonne lecture du Procès de la sorcière, première partie d'un dyptique aussi inattendu que réussi. La seconde partie est sortie depuis la même époque, et je n'avais pas perdu de vue l'envie de connaître le dénouement. Pour ceux qui auraient la flemme de retourner voir ma chronique de l'époque, voici en quelques mots l'intrigue. En 1699, un juge est envoyé dans la petite ville de Fount Royal, dans la Caroline du sud (côte est des Etats-Unis) pour juger le cas d'une prétendue sorcière, Rachel Howarth, suspectée de tant de maux sur le plan local. Tout semble en effet accuser la jeune femme, mais le clerc du juge, Matthew Corbett, impétueux et curieux, découvre que Rachel n'est peut-être pas la seule à avoir des torts dans la petite communauté... Et peut-être même qu'elle n'est en rien responsable des maux qui l'affectent. Parallèlement le juge tombe gravement malade, une affliction qui affecte son discernement. Au début du tome 2, c'est l'éxécution sur le bûcher qui est ainsi décidé. Disposant de quelques jours avant que la sentence soit exécutée, Matthew décide de continuer son enquête, au grand dam des édiles de la ville. Et bientôt de nouvelles horreurs ont lieu : le chef de la milice est vidé de son sang chez lui, les habitants ont des comportements étranges...

J'ai déjà pu vous vanter les qualités d'écriture de Robert Mc Cammon, qui font de cette enquête une histoire assez passionnante, mais n'ai pas encore parlé de certaines autres qualités. En effet le roman se déroule en 1699, à une époque où les Etats-Unis étaient en plein construction, c'était un pays très sauvage, même dans les Etats de l'est, les premiers constitués. Ce qui est très intéressant également, c'est la façon dont une communauté se forme, un peu à l'écart d'une "grande ville" comme Charles Town (devenue Charleston), sous la houlette d'un riche homme d'affaires, décidé à en faire une sorte de domaine privé. 1699 est aussi une époque où les sciences connaissent un nouvel essor, et c'est l'occasion pour McCammon de parler un peu de  la médecine de l'époque, coincée entre des pratiques médiévales (telles que la saignée), et de nouvelles techniques balbutiantes. Et d'autres sciences sont utilisées, même si leur réalité historique semble ne démarrer -réellement- qu'un siècle plus tard. Mais je ne puis révéler cette science car elle tient une place importante dans le récit.

Renouant avec un style d'écriture "popularisé" par Agatha Christie, McCammon propose un dénouement où de nombreux protagonistes sont réunis, après plusieurs péripéties très bien racontées. Et ce dénouement est à la mesure du roman : précis, implacable, intelligent. Pas de m'as-tu vu dans l'écriture, pas de grandes tirades ou de démonstrations écrasantes. Le personnage de Matthew Corbett est très crédible, et se comporte de façon admirable.

Robert Mc Cammon vient donc de faire un retour en force dans la littérature de terreur, en explorant un sous-genre encore méconnu, le polar médiéval (même si l'on n'est plus vraiment au moyen-Âge en 1699, et s'il y a finalement peu d'éléments fantastiques dans le récit). L'empathie de ses personnages, la force de l'évocation d'une époque, d'un lieu (cette région de la Caroline était alors presque à la frontière entre les colonies anglaises et les possessions espagnoles en Floride, avec une bande de terrain encore occupée par les natifs peaux-rouges entre les deux), sans oublier une qualité d'écriture remarquable, ont concouru à livrer un vrai bon bouquin. Matthew Corbett a déjà vécu deux autres aventures, Queen of Bedlam et Mister Slaughter. Espérons que Bragelonne a déjà acquis les droits...


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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres


Morgane Kingsley est exorciste et, par les temps qui courent, elle ne manque pas de boulot. Normal, son aura peut venir à bout de n’importe quel démon.
Du moins, c’est ce qu’elle croyait : un démon a réussi à la posséder, elle !
Et il est à se damner. Ce n’est pas pour rien qu’on parle de la beauté du diable… Morgane pourrait bien succomber à la tentation et en oublier son cher et tendre. Sans compter que son invité mystère doit résoudre une guerre de succession démoniaque qui met en péril la survie de l’humanité.
Une mission qu’on ne refuse pas…

Il faut croire que la bit-lit n'est pas pour moi... Après ma lecture assez désastreuse de Magie d'entreprise, j'ai voulu retenter l'expérience avec ce premier tome de la série Morgane Kingsley. Encore une fois ce fut difficile, ce mariage entre préoccupations quotidiennes et éléments fantastiques révélant une nouvelle fois ses limites. Jenna Black, l'auteure, nous propose en effet de suivre les aventures d'une jeune femme -que l'on devine exceptionnellement belle tellement tous les hommes, mêmes gays, la dévorent des yeux- qui est exorciste et qui en même temps vit entourée de démons. Passons sur ce premier paradoxe, puisque la romancière l'expédie en trois coups de cuillère à pot pour nous parler de la sexualité de la jeune femme. Car oui, en plus d'être une exorciste de haut niveau, Morgane passe beaucoup de temps à faire crac-crac avec son petit ami. C'est quasiment tout ce qu'elle fait avec lui d'ailleurs. Et quand elle ne lui fait pas subir les derniers outrages -dans des scènes presque explicites- elle a les hormones en ébullition lorsqu'elle croise un autre beau mâle, fût-il humain ou démon. C'est comme ça qu'elle se retrouve en quelque sorte accro à Lugh, démon qui habite depuis peu dans son esprit. En gros il ressemble à Greg le Millionnaire, et passe autant de temps que lui torse nu dans la Ferme Célébrités en Afrique. Seul problème, ce squat psychique est illégal, et Morgane, bien qu'exorciste, ne sait pas comment s'en défaire. Elle va se retrouver en cheville avec un couple de gays, dont l'un est une sorte de super-flic, qui eux aussi passent beaucoup de temps à faire des galipettes. Pendant une bonne moitié du roman, il y a de la fesse assez souvent, et parfois des dialogues pour marquer des pauses dans les scènes d'"action".

Que l'on veuille faire "moderne" en introduisant du sexe, y compris homosexuel (bon, y'a pas de lesbiennes, mais peut-être dans le tome 2...), soit. Mais qu'on en oublie en cours de route la partie fantastique, cela me semble un peu léger. Parce que les démons en question ne font pas grand chose d'extraordinaire. Leur grand truc c'est de prendre possession du corps de leurs hôtes pour le mener à leur guise, et en général ça foire lamentablement. Ce n'est pas leur faute, c'est juste que l'auteure s'en sert comme alibi pour essayer de donner une double personnalité à ses personnages. Peine perdue, en termes de personnalité, on se retrouve devant un plat d'endives.

Outre les démons feignants, il y a aussi un super-flic, dont l'action la plus spectaculaire est de faire l'amour à son amant devant un public de boîte SM. Un petit ami, qui est une sorte d'objet sexuel que Morgane fait tourner en bourrique, et qui en prime se retrouve livré à une grande torture dans ladite boîte SM. Bon au final il n'aura pas grand-mal, mais passons. Il y a aussi le frère de Morgane, lui aussi possédé par un démon, bien sûr, mais qui passe son temps à venir houspiller sa frangine. Pathétique. Et Morgane elle-même, qui je l'ai dit oscille entre les sautes d'humeur de ses hormones et son indécision chronique, et que l'on ne voit pas vraiment en action en tant qu'exorciste... Ce n'est pas tant le sujet ou le choix des personnages qui me pose problème dans ce bouquin, mais le considérable manque d'imagination de Jenna Black, qui ne va pas au bout des fonctions de ceux-ci, et ne propose pas grand-chose en termes de scènes d'action.

S'il y a des amateurs, sachez cependant qu'il y a un tome 2, intitulé Moindre mal, lui aussi publié chez Milady au prix de 7 euros (format poche).

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres


Melmoth fait partie de ces vieux classiques du fantastique, que les fans de vintage, comme votre serviteur, n'approchent qu'avec précaution, et puis un jour, l'occasion fait qu'on décide de s'y plonger. Il est considéré comme l'un des ouvrages fondateurs du mouvement gothique, et même comme l'une des pierres fondatrices du fantastique moderne. Mais attention, pour bien lire un tel ouvrage, il faut avoir du temps, de la motivation devant soi. Car en poche, l'objet fait 600 pages bien tassées, et la structure même du texte demande pas mal d'attention.

Le protagoniste de ce roman gothique est John Melmoth, un érudit qui a vendu son âme au diable en échange d'un sursis de cent cinquante ans sur la mort. Dans le présent de la narration, 1816, il cherche désespérément un homme qui reprenne le pacte en son nom. 

Mais qu'est-ce que le roman gothique ? Mon ami Wikipedia nous dit que :

Le roman gothique se caractérise par la présence d'un certain nombre de lieux communs au genre. Il s'agit d'éléments de décor, ou de personnages mais aussi de situations stéréotypés et de procédés narratifs (récit dans le récit).

  • Le décor

L'engouement pour l'histoire et le passé, caractéristique du romantisme, entraîne le retour à des décors populaires du théâtre élisabéthain tels que le château hanté (Macbeth, Hamlet), la crypte (Romeo et Juliette), la prison médiévale (Richard III ou Edward II de Christopher Marlowe), le cimetière (Hamlet). Les décors naturels sont ceux des contes de bonne femme, paysages nocturnes (Macbeth), sabbats de sorcières (Macbeth), orages déchaînés sur la lande (Le Roi Lear), tempêtes en mer (La Tempête, Un conte d'hiver).

Une autre caractéristique du roman gothique est la recherche de l'exotisme : l'Italie pour Le Château d'Otrante, l'Orient pour Vathek, l'Espagne pour le Manuscrit et Le Moine.

  • Les personnages : le religieux (l'Inquisition), la femme persécutée, femme fatale, le démon, la belle, la bête, l'ange, l'ange déchu, le maudit, le vampire, le bandit
  • Les situations : le pacte infernal, l'incarcération et la torture, le suicide, le vampirisme, les secrets du passé venant hanter le présent
  • Les lieux : le château, les ténèbres, le cimetière, une ruine, une église, la nature



Si on lit ces précisions sur le roman gothique et qu'on lit Melmoth (pour peu que l'on ait envie de se farcir 612 pages dans l'édition poche), on peut légitimement se demander en quoi cette oeuvre éléphantesque est gothique... En fait le fait saillant de la narration est le fait que le passé soit révélé par une série de mises en abyme dans la narration de départ, selon le principe du récit dans le récit, l'auteur ayant recours à des lieux communs tels que le paquet de lettres retrouvé dans un grenier. Les éléments gothiques sont une utilisation assez dispendieuse du récit macabre, les morts et les figures morbides jonchant littéralement le récit par endroits. La figure du démon est présente avec ce pauvre Melmoth, qui apsse son temps à essayer d'échanger sa malédiction avec d'autres personnes, mais n'y parvient bien évidemment pas. Certaines choses commises dans le passé le poursuivent toute sa vie... Toutes les thématiques chères au genre sont exploitées et poussées à leur paroxysme : « des cachots de l'inquisition aux jungles impénétrables de l'Inde, de la damnation à l'amour. Sentiments à leurs extrêmes, déchirements cornéliens. » Certains lieux se prêtent à la définition du roman gothique : une longue scène se passe par exemple dans un souterrain humide, confinant à un cachot, sous une abbaye. Et bien sûr le pacte infernal est omniprésent, puisque c'est lui qui procure à Melmoth sa malédiction. Mais à ce sujet, il y a à mon sens un gros manque dans lm'oeuvre de Maturin ; on ne comprend pas vraiment pourquoi Melmoth contracte ce pacte, et on ne comprend pas non plus quelle est sa nature ; ce n'est jamasi explicitement décrit. Il faut lire entre les lignes, voire entre les espaces entre les lignes, pour réellement comprendre. Un jeune lecteur, qui n'aurait pas la possibilité de lire le hors-texte ou les commentaires, ressortirait interloqué de sa lecture, ayant eu l'impression d'avoir lu un long roman d'aventure, teinté d'étrangeté, mais sans plus.

 

Roman à tiroirs, il s'agit d'un recueil de récits, de témoignages. Six histoires y cohabitent et s'imbriquent : le Songe de l'homme errant, qui place le décor ; l'histoire de Stanton, où le narrateur, cloîtré dans un asile d'aliénés, introduit le thème de la damnation ; le récit de l'espagnol, probablement le plus terrible et dramatique ; l'histoire des indiens, pose l'amour contradictoire de Melmoth et le conflits qui en découlent avec son rôle de tentateur ; l'histoire de Guzman, qui narre l'histoire de sa famille déchirée ; l'histoire des amants, conclusion tragique et désespérée de l'aimée de Melmoth qui ne survivra pas à cet amour.


Le roman de Maturin, considéré généralement comme l'apogée du roman gothique, n'est pas qu'un simple récit fantastique. C'est une critique sociale de l'Angleterre du XIXe siècle, une mise en accusation de l'église catholique (à travers notamment une critique de l'Inquisition, et plus largement de la religion catholique dans sa globalité et au travers de petites figures comme des curés de famille plus intéressés par l'argent ou la dive bouteille que par la dévotion de leurs ouailles), comparée au protestantisme dont l'auteur loue les vertus de réserve et de simplicité.

 

Le roman a laissé une descendance littéraire assez remarquable, puisqu'on trouve dans Le Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde, des éléments inspirés par le roman de son grand oncle, notamment celui du tableau caché dans le grenier. A sa sortie de prison, Oscar Wilde adopta d'ailleurs le pseudonyme de Sébastien Melmoth, s'identifiant au héros maudit créé par son grand-oncle par alliance. Honoré de Balzac et Charles Baudelaire ne cachèrent pas leur estime pour l'œuvre de Maturin ; Honoré de Balzac écrivit une suite au fameux Melmoth, intitulée Melmoth réconcilié.

Le héros de Maturin fut également une des nombreuses sources du roman d'Anne Rice, Memnoch the Devil.

 

Melmoth est considéré comme l'oeuvre fondatrice du mouvement gothique ; ce n'est pas vrai puisqu'auparavant Horace Walpole va réunir les ingrédients du roman gothique historique dans Le Château d'Otrante paru en 1764 : action située dans le passé mythique des croisades, décor médiéval, présence du surnaturel, personnages contemporains victimes des mystères du passé. Il n'empêche que par son énergie, sa qualité d'écriture (contrée toutefois par une histoire en escaliers et très longue), il marqua et marque toujours un jalon important dans l'histoire du roman fantastique. Un lecteur moderne aurait par contre du mal à le lire sans baîller de plus en plus fréquemment...

 

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


Le Brésil : pays de merveilles et de miracles, de corruption et de violence.
À notre époque, à Rio de Janeiro, la télé réalité règle ses comptes avec le gardien de but responsable de la défaite de l’équipe nationale lors de la Coupe du monde en 1950. Marcelina, la productrice de l’émission, est sur le point de devenir la cible d’une conspiration séculaire et implacable.
En 1732, au plus profond de la forêt amazonienne, un missionnaire jésuite, à la lame aussi affûtée que l’esprit, est sur la piste d’un prêtre hérétique et sanguinaire qui fait régner la terreur.
En 2032, à São Paulo, un jeune homme rêve de sortir de sa favela sordide. La mégalopole est étroitement surveillée par des mouchards électroniques, mais l’arrivée sur le marché noir des technologies quantiques pourrait changer la donne. Pour le meilleur ou le pire…


3 époques, trois visions éclatées d'un pays qui -en principe- fait rêver pas mal de gens. Un pays où la mixité est une richesse, où des stars naissent dans la rue, un pays où la forêt rongée par la modernité est devenue le symbole de l'agonie de notre monde, un pays dont l'économie fut florissante, le plaçant parmi les Etats émergeants. On eût pu croire que le roman de Ian Mc Donald -qui n'a aucun rapport avec le film presque éponyme de Terry Gilliam, bien évidemment- aurait creusé ces éléments, qui sont peut-être des portes ouvertes, mais il a choisi de se baser sur des éléments parfois un peu obscurs de la culture brésilienne. Comme la capoeira, un art martial autant qu'une danse. Comme une grenouille qu'on ne trouve que sur les bords des aflfuents de l'Amazone, la faune si particulière de cette région. Et a décidé de truffer ses récits -surtout le contemporain- de termes portugais pour faire plus branché. Ah, et il y a aussi du football, enfin une drôle d'utilisation de ce sport, mais j'y reviendrai peut-être.
Car avec moi ça n'a pas marché. Comme je l'ai dit, mettre des termes typiquement brésiliens dans chaque phrase ne fait que l'alourdir, même si un lexique est présent en fin de volume. Parce qu'assez vite, j'ai décroché des histoires, non pas parce que le lien entre elles était capillotracté, mais parce qu'individuellement le rythme en est trop haché, inconstant, indolent. Je me suis senti plus à l'aise, dans un premier temps, dans le récit prenant pied au XVIIIème siècle, avec l'impression de me retrouver dans une histoire à la Nicolas Eymerich, avec un soupçon d'Au coeur des ténèbres (adapté au cinéma dans le célèbre Apocalypse Now). Mais hélas, le récit s'englue dans un n'importe quoi nonsensique qui m'a plutôt dérouté. Et j'ai décroché encore plus tôt des deux autres, les personnages n'ayant ni saveur ni épaisseur, et le récit là encore s'orientant ou plutôt se perdant dans des considérations pseudo-philosophiques ou psychanalytiques. Mais l'auteur ne va pas au bout de ces possibilités, et le lecteur décroche.

Les possibilités offertes par la notion de multivers, ou d'univers coexistants sont très peu exploitées par celui-ci, ou seulement dans des scènes de combat sans grande maîtrise elles non plus. Bref, un récit à tiroirs vides.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres

Dès l'arrivée de Stefan Salvatore à Fell's Church, Elena, la reine du lycée, se jure de le séduire. D'abord distant, le garçon aux allures d'ange rebelle finit par céder à sa passion dévorante et lui révéler son terrible secret. Quelques siècles plus tôt, la femme qu'il aimait l'a transformé en vampire, avant de le trahir avec son frère ennemi, Damon. Des évènements tragiques se succèdent bientôt dans la région. Tout accuse Stefan mais Elena est convaincue de son innocence. Et si Damon, vampire cruel et assoiffé de sang, était derrière tout cela ? L'histoire est-elle amenée à se répéter ? Le récit captivant de deux frères vampires déchirés par l'amour d'une même femme. Un triangle amoureux d'une dangereuse sensualité. (je mets ci-dessus le résumé du tome 1, car je n'ai lu que le tome 2).

Elena, lycéenne populaire, s'est métamorphosée en une créature de la nuit sanguinaire et incontrôlable. Tiraillée entre les frères vampires, plus que jamais ennemis, elle doit aussi affronter un terrifiant adversaire, dont la menace se fait chaque jour plus vive. Tapi dans l'ombre, celui-ci n'attend qu'une chose : déchaîner contre Elena sa furie bestiale... et la vider de son sang ! Alors on s'en doute, les frères ennemis jurés vont devoir faire front commun pour aider Elena et le reste de la petite ville de Fell's Church, car tous sont menacés...

 

Dès les premières pages j'ai eu la conviction que le public visé par cette série était le lectorat féminin adolescent, à la fois amateur d'émotions fortes et de romantisme soi-disant gothique. Les protagonistes, mis à part les créatures surnaturelles, sont des lycéens. Américains, donc un peu crétins, est-il besoin de le rappeler... Il y a un truc assez rigolo chez les adolescents américains : le lycée est un lieu central, un lieu de rendez-vous, mais ils ne sont jamais en cours, ou alors ils peuvent en sortir quand ils le veulent, surtout pour discuter...


Nous voilà donc avec des jeunes filles en fleur qui se pâment d'admiration devant des vampires plusieurs fois centenaires, beaux comme des dieux avec leurs regards pénétrants et... et puis c'est à peu près tout comme argument pour dire à quel point ils sont beauuuuuuuuuuuuuuux... Et puis bon, il faut dire ce qui est : ils sont bien trop beaux pour être définitivement méchants. Il y a un truc pratique parmi le groupe de lycéens qui nous est présenté : l'une d'entre eux est medium, un peu sorcière, etc. Ca aide pour appeler les esprits des morts. Et puis il y a aussi le ténébreux, dont la réflexion principale est "ce monde est injuste, parce qu'il y a des gens qui meurent dans la rue, les bébés phoques aussi se font avoir et puis ce salaud de vampire m'a piqué mon ex". Véridique. Les lycéens, au départ, se méfiaient de Stefan à cause de son air bizarre, "parce qu'il était étranger". Finalement c'est un vampire ; il faut donc en déduire qu'un étranger a forcément l'air aussi bizarre qu'un vampire... Tout ce petit monde va s'unir pour lutter contre un danger hénaurme. Lequel danger ne va s'en prendre finalement qu'à eux ; finalement il me plaît ce danger. Seul problème : la force de l'amour permet à une jeune femme (que l’on croyait –avec soulagement- disparue à jamais) de revenir d'entre les morts, dans une scène digne d'un tableau christique ou angélique, au ridicule achevé. Sans parler du final, d'une mièvrerie aussi longue qu'insupportable.

Pourtant ce livre n'est pas une daube insurmontable ; en effet ça se lit sans trop de souci, si l'on se positionne en tant qu'amateur d'eau de rose à la sauce fantastique. Mais je refuse de lire la suite (en plus les premières lignes sont présentes à la fin du tome 2, je me suis fait mal en essayant de les lire).

 

Spooky.

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Publié le par Spooky
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Attention, cette chronique concerne le tome 2 de la série Darren Shan, dont le tome 1 est chroniqué ici)

Nous retrouvons Darren Shan en compagnie de Larten Crepsley, devenu son mentor malgré la haine qu'il lui inspire. L'adolescent accepte d'intégrer à son tour le Cirque de l'étrange, pour avoir de la compagnie, une certaine sécurité et, il faut bien le dire, Crepsley en a déjà un peu marre de lui... Il va donc apprendre à grandir, à maîtriser ses pouvoirs, à écouter l'appel du sang, mais il va également assister à l'un des épisodes les plus noirs de son existence.

Curieux ce second tome... Il ne se passe quasiment rien pendant presque les trois quarts des 220 pages, et puis presque d'un coup, l'action va à cent à l'heure, pour finir dans un bain de sang... On a un peu l'impression de lire l'histoire d'un ado qui découvre un peu la vie d'adulte, enfin plutôt celle d'un travailleur puisqu'il est employé à accomplir les menues tâches au sein du campement de la troupe de Mr Tall... Il sera même amené à assister Crepsley au cours d'une représentation avec Madame Octa. Darren Shan pose un instant l'aventure à tout va pour s'intéresser à la psychologie de son alter ego de papier, dont la nouvelle condition ne laisse bien évidemment pas de marbre. Au premier rang, son besoin presque constant de sang, sous peine de lentement dépérir. Darren se refuse à prélever le fluide vital sur des humains, de crainte de devenir définitivement un monstre, de bascule du côté obscur de sa nouvelle condition de semi-vampire. Crepsley essaie de l'y inciter, mais rien n'y fait. peut-être une situation extrême l'y amènera-t-elle... En attendant le garçon fait connaissance avec ses nouveaux compagnons, dont les plus surprenants sont peut-être les Petits Hommes, ces lutins muets et aux visages couturés de cicatrices, qui semblent particulièrement attachés à Mr Tiny, cet homme effrayant qui vient périodiquement rendre visite à la troupe... Sans doute le reverra-t-on par la suite. Peu à peu Darren tisse des liens avec les freaks, il devient ami avec Evra, l'homme-serpent, et découvre que la femme à barbe a bien d'autres qualités... Mais ce qui est le plus intéressant es sa relation avec Crepsley. Il entretient à son égard des sentiments ambivalents ; visiblement attristé par les ennuis que lui attirent ses pouvoirs, il se montre parfois presque tendre, bien qu'essayant de garder ses distances et de ne pas trop s'attacher. C'est pourtant lui qui viendra aider Darren quand il se retrouvera dans une situation fortement compromise à la fin d tome... Mais Darren ne peut s'empêcher de le haïr pour la bestialité que son statut de semi-vampire lui confère, et dont Crepsley est directement responsable.

Je l'ai dit, la première partie est ronronnante, et tout s'accélère vers la fin, même si l'auteur met des balises en amont pour prévenir du drame à venir. La cruauté m'amène d'ailleurs à la réflexion que, contrairement aux recommandations de l'éditeur, cet opus n'est pas à mettre entre les mains d'un enfant de 9 ans, mais qu'il vaudrait mieux attendre encore deux à trois ans pour lui permettre de lire un récit qui bascule dans la noirceur aussi vite. La partie dramatique est tout de même finement amenée, correctement décrite, et conclue de façon efficace, quoique sans réelle surprise. Il fallait qu'on en arrive là pour relancer le récit.

Darren Shan profite de la période de calme pour développer le background vampirique, et cela se tient à peu près.

Pour finir, c'est une lecture plaisante, qui s'améliore par rapport au premier tome, même si les adolescents restent très enfantins dans leurs comportements. Par contre, petit mauvais point pour l'éditeur, qui donne un titre extrêmement plat à ce tome, ne voulant pas utiliser le titre original -the Vampire's Assistant- parce qu'il en a fait le second titre de la série. Mais même sans le traduire directement, il y aurait eu d'autres possibilités, par exemple en s'inspirant de l'épisode avec l'homme-loup, ou en jouant sur les questionnements intimes de Darren...

Spooky.

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Publié le par Spooky
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Il y a quelques temps je suis allé voir au cinéma la première adaptation de la série à succès darren Shan. Je vous en parle ici. Malgré la qualité très moyenne du métrage, je me suis intéressé au personnage et me suis plongé dans l'oeuvre originale.
Darren Shan doit être un cas très rare, voire unique, dans l'histoire de la littérature. C'est en effet le nom d'un auteur (ou plutôt son diminutif, son "véritable" nom étant Darren O'Shaughnessy), mais aussi celui de son héros, et le nom de la série qui conte ses aventures. Normal, me direz-vous, s'il s'agit d'une autobiographie... Sauf que ce n'est pas le cas, Shan racontant "ses" aventures complètement fictives.

Darren Shan a une passion : les araignées. Alors qu’il assiste, en compagnie de son meilleur ami Steve, à la représentation clandestine d’un cirque spécialisé dans le monstrueux et le grotesque, il tombe en admiration devant une gigantesque tarentule savante du nom de Madame Octa. Bien que celle-ci soit la propriété d’un effrayant personnage, Mr Crepsley, Darren n’hésite pas à la voler. Mais celle-ci pique Steve. Pour le sauver Darren n’a qu’une solution... qui va lui demander un sacrifice énorme !

Cette série de romans a connu un grand succès international, non seulement à cause de la vague vampirique qui reprend du poil de la bête, mais aussi du fait de son écriture très simple, accessible au plus grand nombre. C'est un roman pour adolescents, écrit dans le plus pur style propre à cet âge de la vie. On pourrait presque parler de pré-adolescence dans ce cas, car Darren ne semble pas encore entré dans la puberté. Darren Shan écrit sans fioritures, avec un style direct, sans allusions ou presque. Ce choix d'universalité (à moins que son écriture soit limitée, auquel cas le résultat est le même) lui permet une efficacité redoutable. Le résultat est une histoire pleine de rebondissements (plus que dans le film qui en est tiré, en tous les cas). Parlons un peu de l'histoire à présent... Comme je l'ai dit, on se met dans la peau de l'adolescent, qui est assez insouciant, même s'il est conscient de l'amour de sa famille, de l'affection de ses copains, etc., mais qui n'hésite pas trop avant de se lancer dans l'aventure, bien préparé par ses diverses lectures. Cependant plane sur le roman une impression de prédestination, d'une volonté supérieure qui mène inexorablement Darren à ce spectacle, puis à la rencontre avec le vampire. Il est dommage que son amitié avec Steve ne soit pas montrée de façon plus forte (elle l'est dans le film), car elle va jouer un grand rôle à la fin du roman et dans la suite. Attention quand même, c'est très très ado comme histoire, et il ne faut pas chercher trop de réalisme dans le déroulement ; comment garder, par exemple, son sérieux devant les numéros réalisés par la grosse tarentule Madame Octa ? Pour le reste, sans être un chef-d'oeuvre, ce premier roman de la série des Darren Shan s'avère un assez bon divertissement, extrêmement lisible pour les pré-adolescents et les adolescents ; les plus grands seront peut-être lassés par les réflexions puériles (mais pas infantilisantes, je tiens à le rappeler) du héros.

Spooky.


NB : Ce roman est sorti originellement en 2001 chez Pocket Jeunesse sous le titre La Parade des monstres. Le titre en VO est Cirque du freak.


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Publié le par Ansible
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Vous savez quoi ? Il n'est nul besoin d'être un spécialiste d'un genre pour écrire un bon bouquin dans un genre. La preuve avec ce roman de Cormac Mc Carthy, écrivain américain connu pour ses romans profondément ancrés dans la culture américaine, un auteur unanimement reconnu par exemple pour "Non ce pays n'est pas pour le vieil homme (No Country for old man), récemment porté à l'écran.

Dans La Route, il nous met dans les pas d'un homme et de son fils, qui errent, seuls, sur une route, et qui se dirigent vers le sud après l'Apocalypse. Ils survivent comme ils peuvent, pillant les maisons, se prémunissant des pillards, etc. Rien de bien neuf là-dedans me direz-vous, le courant littéraire du "surviving" existe depuis que la bombe nucléaire existe, ou même depuis les débuts de la science-fiction, avec des auteurs comme HG Wells ou John Wyndham. Là où Mc Carthy se détache des autres auteurs, c'est dans ses choix d'écriture. On ne sait pas quelle est la nature de l'Apocalypse en question. Tout juste sait-on qu'il s'est passé quelque chose, que le monde s'est embrasé, que plus rien ne fonctionne, qu'il y a peu de survivants. Ceux-ci errent dans les teritoires désolés, qui n'ont plus de noms ou presque, et se nourrissent avec ce qu'ils trouvent ou volent, y compris leurs congénères. Cela peut aller jusqu'à constituer des garde-mangers un peu spéciaux... L'homme et son fils que nous suivons n'ont pas de nom. A quoi cela leur servirait-il, dans un monde où c'est chacun pour soi, malgré la formation de groupes réduits de pillards ? On ne connaît pas leurs âges, normal, on perd vite la notion du temps sans engins pour le mesurer... Tout juste peut-on supposer fortement que l'enfant n'a pas plus de 12 ans, vues ses réactions et ses questionnements envers son père. Ils se rendent vers le sud parce qu'il y fait plus chaud, parce que le père y connaît un coin très beau où ils pourraient peut-être se réfugier... et c'est tout. Voilà tout ce qu'on apprendra dans le roman.
Le reste ne sont que des dialogues et des descriptions vues du côté du père ; c'est vrai ça, quand vous savez que vous êtes condamné à plus ou moins brève échéance, quel besoin avez-vous de vous dire "je m'appelle Steve Hawkins, j'ai 38 ans, je suis ingénieur en mécanique" ? Tout ce que vous pouvez faire, c'est chercher à manger pour vous et votre enfant, le seul bien qu'il vous reste, et le préserver coûte que coûte.

Aucun espoir dans La Route. Tout est noir, même le ciel, peut-être voilé par des cendres... Mc Carthy use d'une écriture serrée, vivant dans l'instant, comme ses héros, à coups de petits paragraphes secs, où les actions se succèdent très rapidement. Un exemple ? "il rentra dans la maison, inspecta la cuisine, souleva tous les couvercles et regarda dans les placards puis il aperçut la porte d'un réduit et l'ouvrit et chercha à tâtons l'interrupteur et l'alluma et regarda vers le bas des marches et les descendit." Les dilaogues sont également mêlés aux descriptions, sans indication particulière comme des "" ou des "dit le garçon". Tout ceci pour montrer que le quotidien, dans ce qu'il a de plus trivial ou presque, en tous les cas de plus banal, est le véritable sujet du roman. L'homme ne se permet des petites digressions lorsque son enfant dort. Dans ces moments-là, il repense à la vie merveilleuse lorsque son épouse était encore vivante (d'ailleurs la disparition de celle-ci n'est pas vraiment évoquée, exactement comme si l'homme se refusait d'y penser), mais aussi à ce qu'il se passerait s'il venait à disparaître, se demandant s'il ne ferait pas mieux de les tuer, lui et son fils... Un ton fortement pessimiste, voulu par la situation.

Ce roman est très dur. Certaines personnes ont pleuré en le lisant. Pas votre serviteur, mais il a eu du mal à lire certains passages, très explicites. Mais c'est un chef d'oeuvre tétanisant, inoubliable, couronné en 2007 par le prix Pulitzer, censé récompenser l'excellence dans les arts.

Hollywood ne s'est pas trompée, puisqu'une adaptation cinématographique a été très vite mise en route ; hasard du calendrier en ce qui me concerne, ce film, réalisé par John Hillcoat, avec Viggo Mortensen en tête d'affiche, sort ce 2 décembre. Pour les curieux, une bande-annonce est disponible. Je me dois cependant de vous prévenir que celle-ci en dit un peu plus que le bouquin, notamment au sujet de l'Apocalypse dont je parlais plus haut.


Spooky.

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