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...:::Ansible:::...

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Tous les territoires de l'imaginaire, en vitesse supra-luminique. Chroniques sur le cinéma, la littérature, les jeux, séries TV, bandes dessinées.

livres

Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


La collection "Trésors de la SF", aux éditions Bragelonne, permet de (re)découvrir des grands récits patrimoniaux de ce genre, souvent d'auteurs francophones mais pas que. Récemment Caza et son équipe ont donc exhumé trois des premiers romans de Jean-Pierre Andrevon, cet auteur protéiforme et touche-à-tout, qui ont comme points communs de se passer... très loin de la Terre, d'où le titre du recueil.
Pour avoir une idée de ces trois romans, voici les résumés proposés par l'éditeur :
Qui sont ces êtres mystérieux, venus du ciel, qui portent des armures scintillantes et poursuivent les meilleurs chasseurs du Clan des Hommes ? Roll, embarqué dans l’un des oiseaux de fer des envahisseurs, est condamné à combattre dans des arènes – car le Temps des Grandes Chasses est revenu. Mais il n’a pas oublié sa planète…

C’est en l’an 2413 qu’a lieu le premier contact. Mais les vaisseaux étrangers attaquent – et l’arme absolue dont ils sont dotés risque fort de mener l’humanité à l’extinction. À moins d’arriver à communiquer avec eux, et de stopper enfin la Guerre des Gruulls.

L’Hélios est le premier vaisseau à quitter le système solaire… pour échouer sur une planète inconnue, où les peuplades indigènes se révèlent parler anglais. Comment est-ce possible – et qui est ce Dieu de lumière ?

Trois romans, donc, qui s'étalent sur plus de 700 pages, et proposent une vision très particulière du space opera, tel qu'il se concevait en France à la fin des années 1960. On aurait tort de dire que ces écrits contiennent un message ; selon les dires de l'auteur lui-même, tout écrit est en lui-même un message. Des récits politisés ? Sans doute, même si à l'époque les auteurs de SF se réclamaient -ouvertement ou pas- de tous bords, et si le jugement d'Andrevon se veut très nuancé sur ce point.
Il y a toutefois des points communs ; les personnages des trois romans se retrouvent en butte à des civilisations (plus avancées, moins avancées ou tout simplement, autres) qu'ils ne comprennent pas et auxquelles, finalement, ils sont intimement mêlés. On reconnaît très vite, si l'on est un lecteur de certains pionniers de l'âge d'or français, des thèmes et des figures chères à des auteurs comme Barjavel ou Wul, sans pour autant verser dans le plagiat. Les écrits d'Andrevon font ici preuve d'une certaine naïveté, les éléments étant parfois maladroitement imbriqués, l'auteur appuyant par moments sur certains éléments alors que cela ne se justifie pas forcément. Pourtant, ces textes contiennent en germe ce qui fera la genèse de l'oeuvre d'Andrevon par la suite : l'amour de la nature, le refus des préjugés sur autrui, mais aussi quelques valeurs un peu chevaleresques. Andrevon renversera certains de ces postulats, comme un avenir "heureux" par la suite, pour décrire des mondes pourris, crevant sous la pollution, gris, ternes... Ces figures sont déjà présentes, de façon négative, dans ces romans, Orum, Octar, sont des lieux déprimants au possible. Le Temps des grandes chasses pourrait être une relecture de la Rome antique, fortement marquée dans les caractéristiques montrées, mais l'auteur s'en défend un peu. La Guerre des Gruulls et Le Dieu de Lumière relèvent du space opera, certes, mais aussi du planet opera, voire de la planet fantasy, l'auteur s'affranchissant des codes de l'un ou l'autre des csous-genres, emmenant ses héros dans l'espace infini ou longuement en exploration sur des planètes inconnues. Le dernier roman cité pourrait aussi être qualifié de time opera, tant le temps tient une place importante, même si le paradoxe temporel est traité de façon assez "libre".

Et c'est en cela que ces romans sont passionnants. Dans leur imagination débridée, leur affranchissement des cadres, des codes, pour nous livrer des histoires truffées de péripéties. Certes, ce n'est pas toujours d'une efficacité optimale, maisla fraîcheur de l'ensemble fait plaisir à voir, et surtout, à lire. A noter en fin de volume, une notice bio-bibliographique de Joëlle Wintrebert permettant d'éclairer un peu plus la lecture, ainsi qu'un entretien inédit et récent de Jean-Pierre Andrevon.

Une lecture peut-être longue, mais loin d'être inintéressante.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres

Toutes les coïncidences ne sont pas heureuses…
Ils se sont rencontrés par hasard, puis Francesca, une charmante archéologue, s’est très vite liée avec cet homme élégant et aisé qu’est Oliver Halkin. Mais bientôt des coïncidences troublantes se multiplient, et même des accidents terrifiants. D’anciens étudiants de son cursus universitaire meurent dans d’étranges circonstances, si bien que Francesca commence à croire à un complot ou, pire, à une malédiction. Est-elle en train de perdre la tête ou est-elle la prochaine sur la liste ? Elle ne sait plus que penser ni à qui faire confiance.
Quel rapport avec Oliver et son fils Edward ? Aucun… en apparence. Mais quelque chose la dérange chez ce garçon, et Francesca se met à soupçonner un secret qui pourrait lui être fatal…

J'ai été très agtréablement surpris par ce petit bouquin de terreur. D'abord par l'écriture. L'auteur fait preuve d'une vivacité et d'une maîtrise assez bienvenues dans le monde de la terreur. Contrairement à la plupart de mes lectures, je n'ai pas eu besoin de temps d'adaptation pour m'immerger dans l'univers de Prophétie, et dès que j'ai pu je me suis appliqué à continuer puis achever ma lecture, bien accroché que j'étais. Il faut dire tout de même que cela se passe dans un Londres et un Sussex contemporains, modernes, et entre autres dans une bibliothèque et un musée très connus, la British library et le British Museum, lieux qui, si je ne les ai jamais visités, m'intéressent au plus haut point.

Mais l'intérêt ne réside pas là-dedans, mais plutôt dans la faculté de peter James à décrire de façon très claire les lieux, les actions, et à interpréter ses personnages, qui pourtant sont ordinaires. Il instille, au fil du récit, des petites choses qui font monter le malaise chez le lecteur, des évènements, des paroles qui ne sont pas innocentes mais sont pourtant très bien amenées. Et c'est un talent rare, croyez-en un vieux lecteur de Stephen King, de Dean Koontz, Graham masterton et autres Robert Mc Cammon. Peter James est largement à la hauteur de ces grands noms du genre, et même au-dessus pour certains. Ma lecture m'a tétanisé sur les trois quarts du bouquin ; seule la fin m'a quelque peu déçu, j'aurais aimé un dénouement un peu différent. pourquoi mettre soudainement de la religion là-dedans, alors qu'elle était laissée soigneusement à l'écart depuis le début ?

C'est un peu dommage, mais n'a pas altéré de façon trop importante ma lecture. Par contre la traduction m'a un peu gêné par moments par son approximation. Au final, prophétie ne révolutionnera pas le genre, déjà bien défriché par les auteurs que j'ai cités plus hauts, mais j'en retiens la découverte d'un auteur de talent, et je vais tâcher de lire ses autres romans traduits en Français.

Spooky.

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Publié le par Spooky
Publié dans : #Livres

Il y a parfois de très bonnes raisons d'avoir peur du noir...
Dans le monde du jeune Arlen, dès que le soleil se couche, les démons sortent de terre et dévorent les êtres vivants. Le seul espoir de survie : s'abriter derrière des runes magiques qui repoussent ces monstres et prier pour qu'elles tiennent jusqu'aux premières lueurs de l'aube. Seule une poignée de Messagers bravent la nuit au péril de leur vie pour relier les hameaux dont les habitants ne s'éloignent jamais.
Mais lorsqu'une terrible tragédie le frappe, le jeune Arlen décide qu'il ne veut plus vivre dans la peur : il quitte sa ferme et part sur les routes en quête d'un moyen de se battre contre les démons et de les vaincre.

 

Ah, voilà une œuvre qui me réconcilie avec la fantasy !

Tout d’abord il est à signaler que contrairement à beaucoup d’aures œuvres,         les créatures particulières ne sont pas légion. En effet elles ne sont qu’une espèce, les démons, également appelés chtoniens, eu égard à leurs natures diverses, liées aux éléments (vent, feu, pierre, flammes, bois). Ceux-ci sont redoutables, et une terreur ancestrale empêche les humains de se rebeller contre eux. Mais un jour un jeune homme décide de changer cet état de fait, et sa quête va le mêler très loin, aux portes de la mort mais aussi à celles du monde des créatures de la nuit. Le monde décrit est très cohérent. Il y a des fonctions très précises, comme Cueilleuse d’herbes (l’équivalent de la rebouteuse), le Messager (en fait un facteur-livreur, ayant des facultés particulières lui permettant de voyager la nuit) ou le Jongleur, sorte de troubadour. Ce sont les fonctions des trois personnages principaux de ce premier volet du Cycle des Démons, trois personnages fort développés, même si Arlen dépasse nettement les deux autres.

 

Ce qui m’a plu avant tout c’est la brillance de l’écriture. Souvent, et même lorsque j’ai apprécié une histoire, je souffre de lire des descriptions embrouillées, des dialogues à l’emporte-pièce ou un faux rythme qui pourrait m’endormir. Rien de tout ça ici. Toutes les scènes sont très claires, y compris une scène de bataille dans un hameau à la fin de ce premier tome. Ce n’était pas évident de décrire ce genre de scène, mais Peter V. Brett s’en sort sans encombre. Les personnages sont crédibles ; même l’Homme-rune du titre, qui se présente comme une légende, expose ses failles face à l’amour et à la détermination d’une femme qui est passée par bien des malheurs. On ne s’ennuie pas une seconde à cette lecture, et les 400 pages sont vite englouties, pour peu qu’on en aie le temps.

 

Le premier tome laisse bien des questions en suspens, et ce n’est que justice pour construire une suite. Ici l’auteur propose un sacré cliffhanger, et même deux, qui nous promettent des tomes suivants très intéressants, les personnages ayant basculé dans un autre état d’esprit vis-à-vis des démons… Ceux-ci sont finalement assez peu développés dans ce premier tome, mais quelque chose me dit qu’on va en apprendre plus sur leurs origines, leur nature et plus si affinités par la suite ? Espérons qu’elle viendra vite !

 

Spooky


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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


Récemment est sorti Magie d'entreprise, par Kelley Armstrong, aux Editions Bragelonne.

Arrêtons-nous sur l'aspect extérieur du bouquin, si vous le voulez bien. Bordure rouge, comme la tranche, une jolie illustration en couverture qui nous montre une jolie jeune femme sur fond de nuit de pleine lune. Sensualité, sang.
Le titre à présent, qui est à lui seul une énigme. "Magie d'entreprise". Pas évident de deviner de quoi ça va parler. Bien sûr, il y a la magie, donc a priori il s'agit d'un récit fantastique... mais... "entreprise" ? Le titre est vraiment étrange.

Imaginez une histoire de mafia, où un tueur s'en prendrait à la famille proche des parrains de chaque "famille". C'est le postulat de départ de Magie d'entreprise, à une différence près, et de taille : les mafias en question -appelées Cabales- sont en fait des sociétés employant des créatures surnaturelles : semi-démons et autres mages, pour faire court. Elles sont gérées comme des entreprises et s'efforcent de ne pas intervenir dans les affaires des humains. Mais aujourd'hui, les Cabales ont peur. En effet les enfants des cadres, voire des PDG, sont tués les uns après les autres... Lucas Cortez, fils du PDG de la Cabale du même nom, est appelé à enquêter sur cette série de meurtres, et cela malgré son opposition à l'organisation de son père. Aidé par sa compagne, la sorcière Paige Winterbourne, narratrice de l'histoire, puis d'une nécromancienne et de deux loups-garous, il va remonter la piste d'un tueur aux motivations étranges...

L'univers proposé par Kelley Armstrong avait été introduit dans Morsure (également publié chez Bragelonne), et c'est donc le quatrième tome des aventures de Paige. Il se situe pleinement dans le genre de la bit-lit, ce sous-genre de l'urban fantasy où l'héroïne évolue dans un univers contemporain où les créatures fantastiques existent bel et bien.

J'ai du mal avec cet univers. Se démarquant d'écrivains comme Graham Masterton, par exemple, les personnages sont aussi attentifs à leurs soucis quotidiens qu'aux problèmes surnaturels auxquels ils sont confrontés... Ici par exemple Paige se demande si elle va approfondir sa relation avec son petit ami Lucas, qui lui-même se pose des questions sur celle qu'il entretient avec son père... Ca dilue l'intérêt de l'histoire dans des bavardages un peu vains, à moins que l'on se passionne pour la petite vie intime de Paige...
Et le côté fantastique dans tout ça ? Eh bien, nous avons une sorcière qui ne lance que deux ou trois sorts d'entrave, face à des créatures censées être beaucoup plus puissantes... Résultat, Paige est entourée de plusieurs sidekicks, eux aussi fantastiques (vampires, loups-garous, nécromanciennes...) qui la sauvent toujours des situations difficiles. Cette multiplication des personnages secondaires entraîne un côté vaudeville au récit, avec des portes qui claquent, des personnages qui disparaissent puis réapparaissent constamment... Fatigant.
Kelley Armstrong essaie pourtant de diversifier ses situations fantastiques, comme cette incursion dans une autre dimension. Malheureusement cette dimension est très peu développée, et il est difficile de vraiment se l'approprier.
Comme ce roman s'inscrit dans une somme romanesque (qui compte à cette heure sept romans aux Etats-Unis), il n'y a pas vraiment de fin, même si "l'affaire" est résolue. Difficile donc de s'approprier cet univers en le prenant en route, même si pas mal d'éléments (les Cabales, la place des vampires, etc.) sont un peu développés.
En outre, l'écriture souffre de tics qui me semblent assez gênants, et relèguent à mes yeux cet ouvrage dans une littérature de bas étage. Des exemples ? L'écrivain use et abuse des "on fit ceci, on fit cela", incluant bien sûr Paige et celui ou ceux qui l'accompagnent dans la narration, mais cela me semble un artifice trop pauvre pour mériter le titre de "littérature populaire"... De plus certains passages sont trop explicatifs, enlevant au lecteur la possibilité de faire marcher son imagination d façon normale, et les scènes d'action sont poussives. Même s'il s'agit de créatures surnaturelles, on a parfois l'impression qu'elles volent alors qu'elles ont par ailleurs des caractéristiques très terre à terre... De même pour les titres de chapitres, qui ne sont souvent qu'un bout de phrase du chapitre concerné ; et parfois pas les mieux choisis.

Quel est le public visé par cet ouvrage ? Des adolescents ? Hum, pas sûr. Rien que la saga Harry Potter est mieux écrite. Des jeunes femmes ? Si elles ont soif de fantastique, et pas de romantisme aux longues dents à la sauce Twilight, il n'est pas sûr qu'elles apprécieront... En tout état de cause, si vous souhaitez néanmoins vous plonger dans cet univers qui a ses propres cohérences, je vous conseille de commencer par Morsure...

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres

Le Lac aux vélies était initialement un spectacle musical original, véritable pop-opéra baroque pour orchestre, créé pour la Cité de la musique en 2007.
C'est la musique de ce spectacle, enregistrée spécialement pour cet album, qui accompagne le conte féérique écrit par Nosfell et illustré par Ludovic Debeurme.
Le Lac aux Vélies a été joué à Pleyel, le 29 juin 2009 par l'Orchestre National d Ile de France.

Nosfell raconte la naissance de Günel dans le gouffre lugubre d'un tronc d'arbre, ses jeunes années d 'enfant solitaire, et de quelle terrifiante manière, il chercha à percer les secrets de l'amour pour conquérir le coeur de la douce Milenaz, qu'il en vint, malgré lui, à tuer.
Günel, l'enfant de l'arbre et des larmes, n'aura été capable dans sa vie que d'un seul geste d amour...

Écrit en la langue inventée par Nosfell, le conte est traduit en français. C'est la première fois qu'une telle traduction est proposée. Pour clore le livre, à la façon d'encyclopédie, les grands mythes de Klokochazia, qui précèdent historiquement les événements du conte, sont relatés. Les planches anatomiques fantasques et les prononciations illustrées de la langue de Nosfell, complètent cette oeuvre débordante de trouvailles graphiques et de passerelles vers l'imaginaire.

Ce beau livre-objet est édité par Futuropolis, l'un des éditeurs de bande dessinée les plus attractifs sur le marché francophone actuel. Ils sortent des sentiers battus avec Le lac aux Vélies, que je me suis permis de lire et d'écouter. Le livre renferme donc principalement un conte, très bien écrit, mis en forme et illustré par ludovic debeurme, auteur "underground" de bande dessinée. personnellement je n'aime aps le style de Debeurme, Je le trouve inquiétant, obscène, trop sensuel pour être honnête. Cependant je lui reconnais un pouvoir d'envoûtement certin, et il est certainement le meilleur pour illustrer une création de Nosfell, cet auteur protéiforme, qui a créé son propre univers, avec son langage, sa cosmogonie, son écriture... Il fallait bien une édition exceptionnelle pour rendre hommage à ce démiurge ! Le coffret contient donc des morceaux qui racontent et accompagnent le conte. il faut se mettre le CD en fond sonore, et se laisser doucement emporter par les rythmes suaves du musicien-chanteur, se laisser emporter par les voix languissantes des choristes et chanteuses qui ponctuent ces mélodies de mélopées langoureuses dans la langue inventée par l'artiste... Une vraie réussite !

Spooky.


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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


2084. Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Laquelle ? La nôtre. Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s'opprime plus : il se fabrique. À la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu'on forme, tout simplement.

Au cœur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur pays, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution - et même au-delà, jusqu'à construire cette vie de partage, rouge, que personne ne pourra plus leur délaver.

La Zone du Dehors a reçu le "Prix européen Utopiales 2007 des Pays de la Loire".

Avant de connaître la gloire avec La Horde du Contrevent, Alain Damasio avait déjà écrit un roman plutôt novateur en 2000. Celui-ci était né d'une révolte, d'une envie de tout casser. Et comme Damasio écrit extrêmement bien, il le fit par le biais de sa plume (cela lui prendra cinq ans tout de même pour réaliser ce récit). Son roman est un cri, anarchiste jusqu'au bout, qui nous mène sur les traces d'un petit groupe de révoltés dont l'action les amènera au bout. Au bout de quoi ? A vous de le découvrir. Sur le plan du propos, le livre est un véritable pamphlet, qui nous met face à une criante actualité, que Damasio lui-même relève lors de la réédition en 2007 de son premier roman.

La nouvelle version est accompagnée d'un DVD contenant un court métrage, des animations en 3D et d'autres "bonus" censés prolonger l'expérience de lecture. Je vais vous parler du contenu du DVD, mais j'ai un gros regret cependant face à cette nouvelle édition : que Damasio n'en ait pas profité pour relire sa première oeuvre d'envergure pour en gommer certains passages chaotiques, et qu'aucun relecteur ne se soit penché dessus non plus, car il comporte un certain nombre de fautes d'accord ou de grammaire qui passent moyennement bien dans un produit aussi marketé.

La Zone du Dehors, dans son déroulement et son sujet, n'est pas un roman si exceptionnel. Il s'agit d'un roman d’anticipation qui s’intéresse aux sociétés de contrôle sous le modèle démocratique, et ce genre d'histoire a déjà été racontée sous diverses formes depuis que la science-fiction existe. Après tout, le genre est le meilleur moyen de parler de notre société actuelle par des moyens détournés. Cela se vérifie encore une fois avec ce roman, qui s'attaque aux démocraties qui ne sont en fait que des modèles détournés d'esclavagisme, selon l'écrit de l'auteur, qui s'est tout de même inspiré (et ce sont des influences revendiquées) des pensées de Deleuze et Foucault. Seulement ces pensées sont présentées de façon un peu brouillée, trop touffue pour être véritablement assimilable. Bon, je vous avoue aussi que la philosophie politique a le don de me taper sur le système, et que peut-être je ne suis pas le plus réceptif à ce genre de revendications. Cependant l'auteur explore à fond le sujet de la lutte armée, de sa récupération politique et des utopies qui en découlent.

C'est un roman confus, mais qui à l'époque (en 1999 donc, chez Cylibris) permettait de découvrir un véritable écrivain, adepte des mots-vvalises, des néologismes révolutionnaires (cette appétence atteindra un niveau bien supérieur dans La Horde du Contrevent). D'autres idées ou concepts valent aussi le détour. La Zone du Dehors, c'est la zone irradiée, soumise aux rayonnements cosmiques (nous sommes sur un planétoïde, ou un satellite, proche de Saturne), par opposition à Cerclon, la cité circulaire où vivent les personnages du roman. Cette zone est peuplée par les Radieux, qui sont heureux de leur sort, de leur liberté. Cette zone du Dehors qui est une sorte d'endroit utopique pour les Voltés. Revenons à Cerclon, dont la société est régie par le Clastre, ce classement où chacun est placé suivant son nom, composé de 1 à 5 lettres. Le Président s'appelle A, le Premier ministre P (ou C s'il change) ; un haut fonctionnaire peut s'appler Fq, et ainsi de suite jusqu'à Qzaac, le citoyen le moins bien placé dans cette société.  Des idées intéressantes donc, mises en scène avec une narration multiple, Damasio se mettant dans la peau de Capt, de Kamio, de Slift, etc.  Là encore cette idée sera reprise et amplifiée dans La Horde du Contrevent.

C'est véritablement un manifeste littéraire de toute première force, lequel manifeste mènera entre autre à la création de la maison d'édition La Volte, du nom du groupement anarchiste dont font partie Capt et les autres. Laquelle maison d'édition a donc réédité le roman de Damasio avec ces bonus dont nous allons parler. En premier lieu, Dieu n'a pas d'yeux (remarquez le jeu de mots), un court-métrage expérimental où des acteurs en prises de vues réelles se baladent dans des décors en 3D créés après coup. Le court raconte la rencontre de 3 des personnages principaux du bouquin.

Vient ensuite un diaporama des décors créés pour ce court-métrage, ainsi que quelques animations en 3D reprenant certaines scènes du roman. Comme pour La Horde du contrevent, les editions La Volte ont développé l'univers de Damasio au travers d'un site internet (voir lien ci-après), qui comporte lui aussi des bonus : des extraits du livre, les textes de philosophie politique qui ont inspiré l'auteur, un argumentaire sur les enjeux du roman par le poète Vincent Wahl, des morceaux musicaux inspirés par le roman, des images extraites du court-métrage et bien d'autres ressources, dont certaines ne sont pas encore en ligne... Je vous invite à aller y faire un tour afin de vous imprégner de l'esprit qui baigne dans ce livre-univers.

En résumé, La Zone du Dehors n'est pas un chef d'oeuvre dans son sujet ou son déroulement, mais plutôt dans sa conception, sa réalisation qui connaît de nombreuses ramifications et reste d'une actualité tétanisante.

A lire !

A visiter : le site construit autour du roman.

Spooky

PS : Merci à PAco pour ses conseils de lecture et son inspiration.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres
J’ai rencontré Pierre Brulhet, autour du présent bouquin, lors d’un festival des littératures fantastique sur Dijon (festival qui j’espère, aura droit à d’autres éditions : http://www.lecritdelafee.onlc.fr). Alors que je parcourais la 4e de couverture, je n’ai pu m’empêcher d’éprouver une certaine impression de déjà-vu. En effet, le résumé du livre fait étrangement penser au dernier roman de Neil Gaiman, L’étrange vie de Nobody Owens. Après avoir abordé le sujet avec l’auteur, celui-ci m’a confié que cette ressemblance lui avait déjà été signalée, mais que lui-même n’avait pas lu le Gaiman (L’Enfant du cimetière ayant quelques années de plus que le Gaiman).
 
Qu’à cela ne tienne, titillé par cette étrange ressemblance (plagiat ?), je me suis procuré (et fait dédicacé au passage) le roman de Pierre Brulhet. Quelques jours plus tard j’en entamais donc la lecture.
 
L’ouverture du roman comporte en effet de nombreux détails qui ne peuvent que rappeler le livre de Gaiman. Un enfant est confié aux soins du hasard par une mystérieuse femme, qui le dépose sur la tombe d'un cimetière. L’enfant va être recueilli par les esprits qui hantent les lieux, qui vont, après décision unanime, décider de le garder parmi eux. Jusque-là, c’est plus que de la ressemblance, l’idée du vote de l’assemblée des fantômes étant également une scène très forte dans le livre de Gaiman.
 
Mais la suite n’a plus rien à voir. Le roman de Brulhet prend la direction d’un conte attachant, qui mélange amour et aventure. À la différence de Gaiman, qui fait du passé du héros un des axes fort de la trame, Brulhet se concentre essentiellement sur la place du héros dans le cimetière. Très vite s’impose l’idée que dans cet univers, les vivants sont bien plus dangereux que les morts. En effet, c’est surtout un élément extérieur au cimetière qui va constituer le principal de l’intrigue, élément qui va conduire le héros à prendre position pour ceux qui l’ont élevé, et à tenter le tout pour le tout pour sauver le lieu où il vit.
 
L’auteur a un style simple mais efficace, et brille surtout par une imagination fertile, qui donne une grande richesse à son univers. Les personnages sont très attachants, tous ayant un petit côté décalé très bien pensé (notamment les fantômes qui conservent pour beaucoup certaines lubies venues de leur vie terrestre).
 
Au final il s’agit d’un livre qui se lit vraiment bien (je l’ai dévoré en quelques heures), l’auteur réussissant à captiver de bout en bout son lecteur, jusqu’à une très jolie fin qui clôt avec beaucoup de tendresse le récit. Chaudement recommandé.

Vladkergan

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres
En marge de sa série à grand succès Harry Potter, Joanne K. Rowling a produit quelques petits ouvrages dans le même univers. Les Contes de Beedle le Barde est un peu l'équivalent des Contes de ma mère l'Oye dans le monde des sorciers. Il contient 5 récits mettant en scène des sorciers et des sorcières, commentés par Albus Dumbledore, le Directeur de l'Ecole des Sorciers à Poudlard. Cet ouvrage apparaît dans l'ultime tome de la série harry Potter, et l'un des contes, le dernier met en relief quelques éléments présent dans la série, puisqu'il nous parle des fameuses Reliques de la Mort. Il s'agit d'une lecteure agréable, les contes sont bien écrits, contiennent parfois une morale acceptable, et les plus jeunes d'entre nous pourront la comprendre grâce aux annotations de Dumbledore. Lecture sympathique pour le grand public, pas obligatoire pour les fanatiques d'Harry Potter, mais que je recommande si vous avez un enfant de 8 à 10 ans.

Spooky.

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


 

Duma Key : un trait de crayon sur une page blanche. Une ligne d’horizon, peut-être.

Mais aussi une ouverture dans laquelle s’infiltrent les ténèbres…

Mutilé par un terrible accident, abandonné par sa femme, Edgar Freemantle, un businessman du Minnesota, décide de tout quitter pour la Floride.

Une nouvelle vie l’attend sur l’îlot de Duma Key, langue de terre presqu’inhabitée, dévastée régulièrement par des ouragans imprévisibles, et qui appartient à une mécène excentrique dont les sœurs jumelles ont disparu dans les années 20. Edgar va s’y découvrir un incroyable don pour la peinture. Les incroyables couchers de soleil lui inspirent des tableaux qui vont vite se révéler dangereusement prémonitoires. Freemantle comprend alors qu’il doit découvrir ce qui est arrivé aux jumelles et l’étrange secret de la propriétaire des lieux, avant que les ténèbres n’engloutissent Duma Key et ses habitants.

Un roman sur l’amitié, les liens qui unissent père et fille, sur la mémoire, la vérité et l’art. Une métaphore de la vie et des sources d’inspiration de l’écrivain, une exploration de la nature, du pouvoir et des influences de la fiction. Mais aussi un King subtilement terrifiant !

 

Ainsi son éditeur, Albin Michel, présente-t-il le dernier roman du Best-Sellasaurus Rex, Stephen King. Pour ma part, admirateur de longue date des oeuvres de l'auteur, j'ai été assez déçu, et ce, encore plus rapidement que d'habitude. Le roman fait 650 pages. Pendant presque les trois quarts de ceux-ci, il ne se passe pas grand-chose. Nous suivons la convalescence de cet entrepreneur qui se retrouve avec un étrange pouvoir d'évocation par le biais de la peinture. Mais là où il aurait pu y avoir une intéressante évocation du pouvoir de l'Art, de la création, ne se trouve en fait qu'une succession de situations assez grotesques, le point culminant se trouvant dans la nature de l'entité qui prend possession d'Edgar Freemantle, pour en fait le détruire. En cours de route King se rend compte de son erreur, et décide d'injecter une autre entité, bienveillante, qui lui permettrait de contrecarrer Perse, cette entité maléfique. Seulement il l'oublie tout aussi vite, réduisant Freemantle à une sorte de medium qui arrive à résoudre les problèmes, doté de science infuse, sans justification. Bien sûr, cela ne se fera pas sans morts sanglantes, mais celles-ci n'ont aucun relief.
Bref, un King mineur, comme la plupart de ses dernières productions...

 

Spooky.


 

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Publié le par Ansible
Publié dans : #Livres


Deux ans après sa sortie en France, je me décide enfin à lire le tome qui conclut la saga Harry Potter. Non, ne vous moquez pas, je ne suis pas le dernier, je connais au moins un ami fantasticophile qui en est au précédent.

Nous retrouvons notre binoclard à baguette dans une situation de fugitif, les partisans de Dumbledore ayant pris le pouvoir dans le monde des sorciers. Même Poudlard, leur école, est dirigée par des valets du Seigneur des Ténèbres. Pourtant Harry, accompagné des inévitables Ron et Hermione, se consacre à la dernière mission confiée par Dumbledore : détruire les Horcruxes, ces fragments d'âme de Voldemort dispersées un peu partout. Sa quête va le mener face à son ennemi mortel, et leur destin va se dessiner très vite.

Quitte à faire hurler les puristes, je trouve que ce roman conclusif est peut-être le pire de la série. Il est de loin le moins inventif, JK Rowling se "contentant" de répéter à l'envi ses acquis des 6 premiers tomes. Il y a peu de nouveaux éléments, mis à part les fameuses Reliques de la Mort, assez mal exploitées finalement. On pourrait résumer ce roman en deux étapes : la réclusion des trois amis, puis le combat final à Poudlard. La réclusion est longue, beaucoup trop longue. Rowling s'attarde encore une fois sur les errances psychologiques d'Harry, à moitié dépressif. Le seul avantage lorsque le bouquin sera adapté au cinéma, c'est que ça pourra être expédié en dix minutes de métrage sans perte de sens, et que le réalisateur pourra représenter le combat assez vite, dans les grandes largeurs. Et ce combat, malheureusement, est assez mal mené, on eût aimé une fin plus noire. La fin est vraiment trop convenue, trop politiquement correcte pour que l'on ne soit pas déçu eu égard à la noirceur croissante des récits dans la saga.
Ce roman est l'occasion pour JK Rowling de revisiter une dernière fois de nombreux lieux qui ont construit la légende de la série : Poudlard bien sûr, mais aussi le Ministère de la Magie, Pré-au-Lard...
Ah si, notons une spectaculaire scène de pillage de la banque Gringotts qui malheureusement sera mal exploitée par la suite.

Bref, une conclusion qui plaira peut-être aux plus sensibles d'entre nous (et aux plus jeunes aussi), mais qui ne contentera pas du tout les amateurs d'aventures.

Spooky

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